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Rencontre avec Marie Balmary – Prix littéraire de la Liberté Intérieure 2024

Rencontre avec Marie Balmary

Prix littéraire de la Liberté Intérieure 2024

Volte-espace offre beaucoup à lire concernant Marie Balmary … et assez peu à voir et à écouter. Cette présentation m’offre l’occasion d’un rééquilibrage avec un peu plus « d’odieux-visuel » !1


Quelques extraits choisis, entrelardés de mes commentaires :

« La jonction des deux mots m’a un peu étonné. C’est quoi la liberté quand elle n’est pas intérieure aussi ?

Il faut s’y faire, Marie Balmary excelle dans l’art de poser de bonnes questions … sans nécessairement y répondre ! « A cette question Marie ne répond pas. Marie répond rarement finalement. Elle lance des pistes. Elle déroule des chemins sur lesquels nous avançons ensemble. » (Dans « Ouvrir Le Livre – Une lecture étonnée de la Bible ») C’est sans doute l’influence d’une habitude & technique de lecture « juive », pas si mal résumée par ce bon mot : « Pourquoi un juif répond toujours à une question par une autre question ? Pourquoi pas ? »

Ce qui me passionne moi personnellement, c’est qu’il y a des gens libres en prison et des gens prisonniers à l’extérieur2. Ça évoque le shabbat, ça évoque l’au-delà du monde, l’au-delà de la création, quelque chose de très très déployé et en même temps quelque chose de très simple.

Comment ne pas évoquer ici « Le Procès de l’homme qui disait qu’il était Dieu » ? John-a-Nokes – l’alter ego de Douglas Harding – incarne dans ce texte un prisonnier accusé de blasphème … qui s’efforce de transmettre sa liberté intérieure à tous les intervenants à son procès par divers moyens à sa disposition. Douglas et moi préférerions dire que cela évoque un « en-deçà » – un fondement – plutôt qu’un « au-delà » … mais nous sommes d’accord sur son immensité & son absolue simplicité.

A quelles conditions la parole est bien celle de la personne qui parle ?

La parole de la « troisième personne » confinée dans la seule zone « je suis humain » du dessin ci-dessous peut-elle y être véritablement la sienne ? C’est là le lieu de tous les conditionnements, de toutes les identifications, de la loi de causalité …

Ne serait-il pas au préalable indispensable de rejoindre ce « Je Suis » central et d’y demeurer pour coïncider avec son Identité et, dès lors, être capable de véritablement parler en « première personne », sujet de sa parole ? Un vrai dialogue entre deux personnes – « en esprit et en vérité » [ἐν πνεύματι καὶ ἀληθείᾳ], Jean, 4. 23 – ne passe-t-il pas nécessairement par (la médiation de) ce « Je Suis » central ? Pour Douglas et la Vision du Soi c’est l’évidence même, mais quelle est votre propre expérience ?

Le Mont Saint-Michel, le lieu le plus emblématique pour moi. […] Quand il a vu qu’on était des enfants du pays le guide nous a donné les clés …

Si d’aventure vous vous sentez « enfants du pays » du « Je Suis » – du « Royaume » – Marie Balmary et Douglas Harding sont deux « guides » sûrs qui en offrent les « clés ». Aurez-vous assez d’innocence et d‘audace pour les utiliser ?

J’ai huit ans et je vous réponds Jeanne d’Arc … J’ai adoré son histoire parce qu’elles franchissait tellement de barrières. Sociales, d’identité sexuelle, politiques, spirituelles. comme chaque fois que quelqu’un fait quelque chose d’impossible.

Nous sommes là aux antipodes de l’instrumentalisation de l’image de Jeanne d’Arc par le Front National à l’occasion de la Fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme puis du 1° Mai. Ces gens-là passent plutôt leur temps à ériger & renforcer des barrières … et relèvent plus d’une tradition de collaboration que de « résistance ». (NB : « Joan of Arc » de Leonard Cohen ce sera pour un autre billet).

Un livre ? Je ne peux pas en avoir qu’un. Le premier c’est Rimbaud et en même temps c’est l’évangile de Jean. Le troisième c’est Baudelaire.

Baudelaire ? Pour Arthur Rimbaud, « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. » (« Lettre du Voyant à Paul Demeny »). Alors certainement pas « premier », vu que les « rishi » védiques l’ont devancé de quelques millénaires, mais considérable assurément. Si le lien intime entre poésie et Vision vous intéresse, « SIMPLEMENT VOIR, aux confins de la poésie contemporaine et de l’expérience mystique » de Christian Le Dimna est un livre incontournable.

Ne vous faites pas prendre par tout ce qui a envie de vous mettre sous emprise.« 

Et, surtout, par votre propre « envie » de « servitude volontaire », de facilité, de « fun », par « la tentation de se contenter de trop peu ». Résistez ! Soyez réalistes : « Je est un autre » … un tout Autre !


Et voici également la chronique de Marie-Aude Henneresse sur RCF, dédiée à « Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas » :

« Il ressort à chaque chapitre étonnement et redécouverte … »

C’est assez normal, puisque Marie Balmary est avant tout « psyahanalyste » ! Et parce que sa recherche sur « L’Un et l’Autre Testament » concerne des textes infiniment rabâchés et parfois assez peu lu directement, de près, lentement, avec respect mais sans révérence …

L’extrait lu par Marie-Aude Henneresse (page 56 de l’édition actuelle) est fondamental :

« … les textes révélants sont ainsi. Ambigus nécessairement, ambigus pour qu’ils puissent être lieux de passage, de transfert, de métamorphose.

Le lecteur ne pourra pas, s’il lit le texte dans le texte, lire passivement. Il lui faudra faire un « acte de lecture ». Le récit de l’épreuve traversée par un autre devient un lieu d’épreuve pour celui qui l’entend … »

Mais … il aurait mérité d’être cité intégralement, puisque cette nécessité de « sans cesse choisir entre plusieurs lectures, ou plutôt [de] passer d’une lecture à une autre » est suivi de :

« Je me le formule de diverses façons :

  • passer d’une lecture du Surmoi à une lecture du Sujet ;
  • passer d’une lecture sans nous et contre nous à une lecture pour nous et avec nous. »

Ce court mais indispensable complément s’avérait-il excessif dans le contexte RCF ?

« J’ai le sentiment que le niveau a l’air élevé …(Bérengère ?). Oui, c’est un ouvrage qui n’est peut-être pas très accessible à celui qui n’a pas l’habitude de lecture pour l’étude. … »

A quoi bon lire & écrire de pseudo-livres, « faux bouquins achetés au poids » ou au plan marketing soigneusement peaufiné ? C’est perdre son temps, son énergie, son argent et consommer de précieuses ressources (papier, eau, énergie, …). Lire devrait servir à « faire grandir et fructifier la vie qui est en nous » (NB : ce lien vers un billet du blog d’Arfuyen propose de (re)découvrir « l’expérience Book »). Comme l’a écrit Christian Bobin : « Toute lecture qui ne bouleverse pas la vie n’est rien, n’a pas eu lieu, n’est pas même du temps perdu, est moins que rien. »

C’est vrai, certains ouvrages de Marie Balmary ne sont parfois « pas très accessible » en première lecture, mais un livre permet justement autant de relectures que nécessaire. Et elle a fait de remarquables efforts avec « Le moine et la psychanalyste » d’abord, puis « Ouvrir Le Livre – Une lecture étonnée de la Bible ». Ces deux-là donnent souvent envie de découvrir tout le reste … « Tout est bon chez elle, y’a rien à jeter … » Vérifiez !

… Marie Balmary nous stimule … C’est un ouvrage qu’il vaut mieux lire en acceptant d’être dérangé dans ses habitudes de compréhension et même qui nous ouvre des chemins de lecture parfois révolutionnaires. … C’est bouleversant et d’un bouleversement bienvenu. … »

Marie Balmary en a terminé avec ce livre. C’est maintenant à nous lecteurs de nous mettre au travail – je dirais même de consentir à nous retrouver en travail ! Quel intérêt aurait un livre de passeur s’il n’incitait pas ses lecteurs à tenter eux aussi le passage ? En conclusion d’une rencontre en Suisse (cf. note 10), Christian Bobin avait déclaré :

« … le lecteur est plus important que l’auteur pour une raison très simple : l’auteur prend un morceau de vie et en fait un livre, mais le lecteur fait quelque chose de plus extraordinaire : il prend un livre et il en fait de la vie … les vrais magiciens c’est vous … »

Il est heureux que de très nombreux lecteurs s’en soit rendus compte … si j’en crois les statistiques de meilleures ventes de la Procure.


  1. Je reprends ci-dessous ce que j’ai écrit à l’occasion d’une autre présentation du livre sur Radio Notre Dame : Commençons par reconnaître que Marie Balmary n’est pas vraiment « calibrée » pour la « télé » ! A sa décharge, elle ne sort pas de l’ENA et ne dispose d’aucune équipe de conseillers en communication pour lui fournir des « éléments de langage », creux mais passe-partout. Elle prend tout simplement l’exact contre-pied de ce qui est quasiment devenu la norme « odieuse-visuelle » : prendre le temps, d’écouter large & profond, de réfléchir large & profond, de formuler sa réponse le plus précisément possible, de soigner la qualité de la parole et de la relation … Bref, nous sommes avec elle aux antipodes d’Hanouna-Praud en quelque sorte, et c’est un grand bonheur ! ↩︎
  2. En complément du « Procès … », cf. aussi « La lumière que je suis » de J. C. Amberchele. (Avant-propos de Douglas Harding. Postface de Richard Lang. Traduction de David Dubois) :
    « J.C Amberchele est le pseudonyme d’un homme emprisonné à vie aux États-Unis qui a trouvé la liberté de l’éveil en prison. Ce témoignage hors du commun nous montre comment un homme, poussé par une soif spirituelle intense, a su trouver dans des conditions terribles le salut dans les enseignements orientaux, en particulier bouddhistes. Mais c’est surtout la rencontre de l’enseignement de Douglas Harding qui a été pour lui le déclic lui permettant de réaliser le cœur de ces enseignements.
    Dans ce livre, il nous décrit le profond changement que cet enseignement a produit dans sa vie et nous montre comment il est possible pour nous tous d’accéder à notre moi profond. La lumière que je suis est un livre unique et touchant ; à la fois biographique, spirituel et pratique Amberchele a écrit là un véritable guide vers le tréfonds de l’Être, là où toujours nous sommes libres. Richard Lang qui fut un ami proche de Douglas Harding raconte dans une postface étonnante la visite qu’il fit à Amberchele au fond de sa prison aux États-Unis. »

    Ce livre devrait être à la disposition de toutes les personnes incarcérées … Ce serait sans aucun doute le meilleur investissement que la société pourrait faire pour faciliter leur réinsertion. ↩︎

Cordialement

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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