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Marie Balmary, interpréter la Bible avec la psychanalyse

Marie Balmary, interpréter la Bible avec la psychanalyse
RCF, le 1 avril 2024 – Visages 1

« Tu enfanteras dans la douleur ; Soyez parfaits comme votre Père est parfait … Certaines traductions de la Bible ont donné l’image d’un Dieu sadique et pervers. Depuis plus de 40 ans, la psychanalyste Marie Balmary scrute les Écritures. Elle qui a appris l’hébreu biblique et le grec ancien, nous propose une nouvelle interprétation de certains versets, enrichie de son expérience de thérapeute.

Depuis plusieurs décennies, la psychanalyste Marie Balmary explore la Bible. Elle a appris l’hébreu et le grec ancien pour scruter les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, des textes fondamentaux pour les juifs et pour les chrétiens. Ses livres, et surtout « Le Sacrifice interdit », publié en 1986, ont réorienté la foi de milliers de lecteurs, abandonnant des croyances archaïques sur Dieu. Dans son nouveau livre, « Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas – À la recherche du Royaume » (éd. Albin Michel, 2024), elle scrute certains passages des évangiles que nous croyons connaître par cœur et qu’elle invite à traduire et revisiter autrement. » 2


Judaïsme et psychanalyse

« Pour devenir lecteur de Bible, ce n’est pas une mauvaise préparation que la psychanalyse, dans la mesure où il y a une écoute au mot par mot. Si on écoute un rêve, on fait attention à tout et ce qui paraît le moins important ne l’est pas … » La musique lui a appris à écouter la parole, l’écoute l’a conduite à la psychanalyse, la psychanalyse l’a conduite au judaïsme. Marie Balmary, qui a grandi dans une famille catholique, ne s’est pas convertie au judaïsme mais elle y a trouvé « un pays où la parole avait cette valeur-là » qu’elle n’avait « trouvé nulle part ailleurs ».

Ce n’est pas Freud qui l’a amenée à découvrir le judaïsme. « La théorie freudienne ne correspondait pas à l’émerveillement que j’ai vécu moi d’être écoutée, d’être crue, d’être entendue. » 3 C’est plutôt Lacan qui l’a réorientée vers le religieux – lui dont le frère, qui était moine bénédictin, l’a encouragée dans la redécouverte des textes. 4 La tradition juive donne une grande importance à l’interprétation des textes, ainsi qu’à la pluralité des interprétations. D’ailleurs les Écritures, « ce sont des textes à interpréter, précise Marie Balmary, cette interprétation permet à chacun de se situer, de se confronter à d’autre, c’est une mise en relation de gens. » 5

Au sein d’un petit groupe d’amis aussi passionnés qu’elle, Marie Balmary a entrepris de relire très attentivement la Bible. De là est né notamment l’ouvrage « Le Sacrifice interdit – Freud et la Bible » (éd. Grasset, 1986) où elle questionne un passage célèbre où Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils unique. On en a fait l’exemple du parfait croyant soumis à Dieu, et qui, bien que choqué par cette demande, va jusqu’au bout. Une interprétation qui donnait l’image d’un Dieu sadique ou pervers, pour reprendre l’expression de Maurice Bellet. Et qui empêchait de voir que c’est le récit d’une « guérison ». 6

Le sacrifice d’Isaac interprété comme un rêve

D’abord il y a ce Dieu qui demande à Abraham de sacrifier son fils. Abraham vivait à une époque où il était courant de faire des sacrifices d’animaux, voire d’humains. « Il sort d’un monde d’idolâtrie« , explique Marie Balmary. Puis, le tétragramme lui apparaît et lui dit de ne faire aucun mal à l’enfant. Si on lit cet épisode comme un rêve, cette ultime demande de Dieu « correspond à ce qu’Abraham a comme père dans le fond de son cœur : la correspondance entre ce que Dieu demande et ce qu’Abraham va faire, ça nous dit que là on est arrivé au bon endroit. » 7

Publiée en 1986, la relecture du sacrifice d’Isaac par Marie Balmary a eu un fort impact sur la vie de foi de milliers de chrétiens. Car on a beaucoup dit que Dieu, avec Jésus, était allé au bout du sacrifice qu’Abraham n’avait fait à moitié. « Ça me fait hurler quand j’entends ça, confie la psychanalyste, je me dis on démolit l’humanité ! … Maintenant, on est en train de voir toutes sortes de conséquence des questions de soumission et d’emprise, j’espère que ça va permettre de dire : Attendez, Jésus n’est pas une victime offerte en expiation ! » 8

Certes, il est difficile de comprendre l’acceptation de Jésus lors de sa Passion. Pourquoi a-t-il accepté de souffrir sur la croix ? Mais quand il dit « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34), selon la psychanalyste, « ce n’est pas à son Père » qu’il le demande, mais « au créateur ». « Le créateur, il nous abandonnera tous parce que ce corps-là, il va disparaître. Il a fini sa création. » Le Père, lui « n’abandonne pas » …9


« Tu enfanteras dans la douleur » : rien à voir avec la souffrance de l’accouchement !

Être attentif aux Écritures, c’est questionner les traductions. L’enjeu est de taille, une mauvaise traduction peut facilement devenir une forme d’instrumentalisation des textes. Par exemple : on a souvent traduit le verset 3 du chapitre 16 de la Genèse par : « Tu enfanteras dans la douleur ». « Vous vous rendez compte une phrase pareille, quel poids ça a eu ! s’indigne la psychanalyste, on est restés bloqué là-dessus sur une punition de la femme. »

Pour Marie Balmary, il faudrait traduire par : « Dans le chagrin tu enfanteras des fils. » « Ça n’a rien à voir avec la souffrance de l’accouchement, explique-t-elle, mais avec la difficulté pour les êtres humains de laisser advenir en l’autre et particulièrement l’enfant, sa propre vie, sa propre parole. » Cela fait écho à l’épisode que raconte Luc, quand Jésus a douze ans et que Joseph et Marie le conduisent au Temple de Jérusalem. Ils ne retrouvent plus sa trace et le perdent pendant trois jours. Les parents de Jésus « acceptent de ne pas comprendre, nous dit la psychanalyste, un sujet, un fils c’est quelqu’un qui a dépassé l’emprise de ses parents, qui accède à lui-même. » 10

« Soyez parfaits comme votre père est parfait » : Attention danger !

C’est une autre traduction dangereuse : celle du verset 48 du chapitre 5 de l’évangile de Matthieu. « Attention danger avec cette traduction », nous dit Marie Balmary. En hébreu, le verbe n’est pas conjugué à l’impératif mais à l’inaccompli, c’est-à-dire au futur. On a fait un ordre de « ce qui était une promesse, une prophétie » : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Or, le mot « parfait » peut avoir un effet pervers. « Nous sommes des êtres profondément inachevés, nous ne serons jamais parfaits ! » Et pourtant, il y a souvent cette injonction dans les religions d’être parfait, d’être des purs, totalement fidèles à Dieu en tout. Ce type de traduction a pu engendré une culpabilité mortifère. « C’est très difficile de mettre dehors le faux Dieu de la culpabilité. » 11

Dans la Bible, ce qui libère, c’est d’être en relation : avec le Père, avec les autres. « Ça court à travers toute la Bible, la relation, décrit Marie Balmary, la qualité des relations … » Ainsi, ce qui dans ce monde-là commence à nous faire entrevoir le Royaume, c’est la relation. « Dieu est relation. Si Dieu est relation, ça a à voir avec la parole … » 12


« Cet article est basé sur un épisode de l’émission : Visages

Parce que chaque visage est unique, le podcast Visages accueille des hommes et des femmes d’une grande diversité : philosophes, aventuriers, personnes engagées dans le développement et dans l’action humanitaire, artistes, religieux, entrepreneurs … Tous partagent au moins un point commun : l’ouverture et le respect de l’autre dans sa différence. Thierry Lyonnet leur donne la parole pour une rencontre en profondeur. » 13

Marie Balmary, une psychanalyste passionnée par la Bible (59 min)


Cordialement

  1. Premiers frémissements médiatiques suite à la parution du dernier livre de Marie Balmary, mi-mars 2024. Après l’incomparable « psyahanalyste » jésuite, RCF programme cet entretien un 1° avril : qui peut encore douter de l’humour catholique ! ↩︎
  2. J’ai laissé tels quels ces deux paragraphes qui se répètent largement. L’article a du être rapidement composé à partir d’extraits de l’entretien audio d’une heure accessible à sa suite.
    Est-ce que « Ses livres, et surtout « Le Sacrifice interdit », publié en 1986, ont réorienté la foi de milliers de lecteurs » … ? Joker !
    Le « Dieu pervers » fait bien entendu référence au livre éponyme de Maurice Bellet qui a été réédité en poche chez DDB … peu après le décès de son auteur. ↩︎
  3. A ce propos, il convient bien entendu de lire – soigneusement – la recherche que Marie Balmary a consacrée aux liens entre l’œuvre de Freud et son histoire familiale : « L’homme aux statues – Freud et la faute cachée du père » … une « reconsidération de tout l’édifice psychanalytique » aussi indispensable que négligée depuis sa parution en 1979 ! Cet « abandon d’une découverte » coûte particulièrement cher aux êtres humains … A lire également : « Freud jusqu’à Dieu » et « Freud veut éveiller les hommes ». ↩︎
  4. Cf. le lien inséré dans la note n° 1. ↩︎
  5. Je rappelle aux « happy few » lecteurs mauriennais de ce blogue qu’il me plairait d’organiser cette heureuse « mise en relation de gens » au sein d’un « atelier Bible & Psy » local … mais que rien ne se fera sans leur désir de lire & d’interpréter. ↩︎
  6. Les images qui proviennent d’Ukraine et de Gaza, mais aussi de bien d’autres pays du monde, montrent que, malheureusement, le « sacrifice » des fils est loin d’être passé de mode. La fabrique du « croyant soumis » à « Dieu », à l’État, à l’Empire, au Marché, etc. tourne à plein régime. La volonté d’une « guérison » de la guerre n’est toujours pas effective, les humains errent encore dans le désert d’Égypte … même les israéliens d’aujourd’hui ce qui est quand même un comble. ↩︎
  7. Est-ce que depuis le début de leur histoire, les humains ne sortent pas d’une « idolâtrie » pour … entrer dans une autre, parfois encore plus destructrice ? Si j’ai personnellement « flashé », à peu près en même temps, sur la Vision du Soi selon Douglas Harding et sur la recherche de Marie Balmary, c’est qu’ils me donnent des moyens habiles d’en sortir, définitivement. Assurément pas une baguette magique, non, mais une joyeuse « entrée principale » et, sans aucun doute, « le seul espoir ». « Là … » – c’est-à-dire en ce « Je Suis » central qui explose instantanément aux dimensions de l’Univers, en silencieuse coïncidence avec notre « autoportrait »« … on est arrivé au bon endroit ». Mais … vérifiez !

    ↩︎
  8. Un texte postérieur, « Le moine et la psychanalyste » (Albin Michel, 2005), met en scène dans son chapitre huit une savoureuse relecture à trois de cet épisode. Dan : « … si je livre mon premier sentiment, je dis : il n’y a pas pire religion que celle-là. Si vous me permettez cette formule qui me vient à l’esprit : Abraham, le pire du père !« Ruth : « Je dirais même, en reprenant tes mots : le père du pire. Dans nos cultures, Abraham n’est-il pas considéré comme le croyant exemplaire ? Or, cet épisode fournit le modèle originel de toutes les dérives fanatiques, les intégrismes. Il ne nous enseigne pas, il nous endoctrine. … ». Ce livre me semble la meilleure entrée possible dans la recherche de Marie Balmary. ↩︎
  9. Commentaire provisoirement en suspens. Je vais écouter soigneusement l’entretien audio au préalable, qui sera vraisemblablement le sujet d’un autre billet. ↩︎
  10. Cet article a-t-il été relu ? Il ne s’agit pas du « verset 3 du chapitre 16 de la Genèse », mais du verset 16 du chapitre 3. André Chouraqui propose : « … dans la peine tu enfanteras des fils. » L’accouchement, ce n’est qu’un bref moment de la vie d’un couple ; « laisser advenir en … l’enfant, sa propre vie, sa propre parole », prend généralement beaucoup plus de temps. Parfois l’arrivée de l’enfant exige même des parents qu’eux-mêmes accèdent à leur propre parole … Si « fils » signifie sujet de sa propre parole, alors, en notre époque de réseaux dits « sociaux » destructeurs de véritables relations, rien n’est plus important & urgent que de lire & relire soigneusement ces textes « anthropogènes ».
    Deux excellents outils pour « questionner les traductions » : Lire la Bible en français (sept traductions plus l’accès aux strongs hébreux et grecs) et le Comparateur de Traductions des Évangiles. ↩︎
  11. Là, il convient de commencer par relire ce chapitre cinq de Matthieu, celui où il est notamment question de « l’autre joue », « d’aimer nos ennemis, de prier pour nos persécuteurs afin de devenir fils de notre père des ciels … » Il s’agit d’un changement radical de niveau d’être, du passage « sur l’autre rive ». Alors certes, « nous ne serons jamais parfaits » dans la zone périphérique « je suis humain » du dessin de la note n° 7, et heureusement ! Mais nous pouvons être « teleios », « intègre » (Chouraqui), achevé, complet, entier … « saint » dans & en tant que « Je Suis » central. Nous sommes, tous, déjà en cette « image ». Vérifiez !
    Avec l’aide précieuse de Marie Balmary ça devient nettement moins « difficile de mettre dehors le faux Dieu de la culpabilité », « l’ogre ». Vérifiez ! ↩︎
  12. Dans le contexte de la Vision du Soi, « la qualité des relations » entre deux personnes situées dans la zone périphérique « je suis humain » passe nécessairement par le « Je Suis » central, leur identité commune, la seule non-chose qu’ils partagent intégralement … Par « ce lieu en nous que nous ne connaissons pas ». ↩︎
  13. Visages … Pour avoir écouté quelques épisodes, il me semble que ces rencontres ont lieu « face à espace » plutôt que face à face, sans doute grâce à Thierry Lyonnet. « Tous [les humains] partagent au moins un point commun » : cet espace d’accueil illimité & inconditionnel qu’ils sont, qu’ils portent et qui les porte. Et ce, même quand ils sont « le plus ignorants de ce dont ils sont le plus assurés … ». C’est cette « profondeur »-là qui permet naturellement « l’ouverture et le respect de l’autre dans sa différence ». ↩︎

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

3 réponses sur « Marie Balmary, interpréter la Bible avec la psychanalyse »

J’avais eu l’impression en lisant M. Balmary qu’il s’agissait plutôt d’interpréter la psychanalyse à la lumière de la Bible ou de mettre la psychanalyse au service de sa lecture biblique. Un christianisme « sans expiation » est un thème qui est abordé depuis plusieurs années dans les études exégétiques, je vous renvoie aux travaux de mon ami John Roche qui a fait sa thèse en théologie sur celui-ci. Si cette vision d’un Christ comme victime expiatoire venue pour effacer nos péchés est erronée ou dévoyée, je pose simplement la question de savoir pourquoi depuis l’époque des prophètes comme Isaïe ou Jérémie, donc très tôt dans l’Histoire biblique, le thème du « Serviteur souffrant » a été autant repris et développé jusqu’à l’époque chrétienne, où l’on a vu en Jésus comme en d’autres prophètes de son époque quelque peu oubliés (Jacques, Jean le Baptiste, Menahem l’essénien…), des figures incarnant ce Serviteur souffrant qui n’avait pas encore une stature divine et restait totalement humain. Cette figure est essentielle et centrale dans toute la Bible et les écrits néotestamentaires (je rappelle la signification du jour du Kippour dans le Judaïsme où le grand prêtre était le seul autorisé à entrer dans le Saint des saints pour demander pardon pour les fautes du peuple et prononcer le nom divin – le « Je suis » qui vous fascine tant et est exclusivement réservé à Dieu). Or, cette figure est étrangement totalement absente de la lecture biblique et évangélique de M. Balmary. Est-ce à dire que celle-ci l’aurait (in)volontairement négligée, c’est-à-dire en langage psychanalytique, totalement refoulée?… Voilà un sujet passionnant… Bien cordialement. Bruno

Bonjour Bruno,

J’ai approuvé votre commentaire, c’est-à-dire que je lui permets d’apparaître ici …
Mais, comme souvent, je me désole de votre compulsion à critiquer voire dénigrer. Les écrits de Marie Balmary ne sont pas votre tasse de thé ? Aucun problème, lisez ce qui vous convient mieux. Pourquoi donc lui faire un procès dès votre première phrase ?

Je vais hasarder une hypothèse … Marie Balmary est thérapeute, donc son objectif est en quelque sorte la cessation de la souffrance. Et c’est une thérapeute particulière qui vise l’avènement d’un sujet libre, en quelque sorte quelqu’un qui n’est plus « serviteur » mais « maître » de sa parole en 1° personne, sa parole de sujet libre, achevé (teleios), peut-être même de la Parole tout court, du Logos. Voilà qui nous place dans une toute autre perspective que le respect d’une longue tradition … peut-être d’une longue trahison, qui sait ?
En tous cas nous serions au plus loin de cette mise en scène archaïque : « jour … où le grand prêtre était le seul autorisé à entrer dans le Saint des saints pour demander pardon pour les fautes du peuple et prononcer le nom divin ». Il me semble que Marie Balmary a suffisamment bien étayé cette « faute introuvable ». Mais effectivement, nombreux sont ceux qui persistent à vouloir « souffrir leur peine – leur faute – et non s’en consoler ». Libre à eux … à condition de ne pas trop polluer la vie de leurs prochains.

Autre hypothèse non moins audacieuse : et si, loin de le refouler, Marie Balmary incarnait ce « serviteur souffrant » d’Isaïe, comme lui venue « pour ouvrir les yeux des aveugles » et si laborieusement reconnue, par les chrétiens, les psychanalystes, vous et d’autres … ? Heureusement, il semblerait que ça commence à changer un peu et je m’en réjouis.

NB : le « Je suis » exclusivement réservé à Dieu ne me « fascine » pas … Je Vois – simplement, concrètement, joyeusement – qu’Ici au Centre, « Je Suis ». Et j’y consens, tout aussi simplement, concrètement, joyeusement. A votre avis devrais-je consulter ? Qui ?

Cordialement

Non, mon cher Jean-Marc, je ne suis pas uniquement du côté de la critique négative encore moins dans le dénigrement (de quoi et de qui exactement?…). Je propose simplement des hypothèses et des idées toujours argumentées et fondées et que je soumets non pas à la seule expérience, toujours subjective et pas toujours fiable, mais à la raison. Ces arguments que je vous propose et vous soumets nous permettent d’échanger même à partir de nos désaccords. Je ne vois pas M. Balmary comme un serviteur souffrant envoyé par Dieu (vraiment?), mais comme une personne plutôt libre, ce que je suis aussi et vous de même, du moins je l’espère. Ce que je tente de faire valoir, c’est qu’il existe à côté de votre tradition de vision du Soi, d’autres traditions qui sont ancrées dans l’idée que le mal est premier, que le crime et la faute fondent l’humanité et que se méprendre sur cette vérité, qui vaut largement la vôtre, et que la tragédie grecque, les mythologies antiques et la psychanalyse ont mis en valeur. J’ai peur que M. Balmary dans sa lecture de la Bible ne vise qu’à effacer ou à euphémiser ces vérités que Freud a eu le génie et le courage de mettre en valeur et de rappeler à la conscience de humaine, toujours encline à se voiler la face et à refuser la faute et la culpabilité qui existent pourtant et ne sont introuvables que pour ceux qui sont dans le déni… Mais je vois que ce sujet vous irrite et vous fâche et je n’insisterai pas… Pour finir, je recopie un texte de Freud extrait de son livre sur « Moïse et le monothéisme » et que je vous invite à méditer comme vous savez si bien le faire :
« Une tradition dont la transmission ne serait fondée que sur une communication ne pourrait engendrer le caractère de contrainte qui ressortit aux phénomènes religieux. On l’écouterait, on la jugerait, au besoin on la refuserait comme toute autre nouvelle venue de l’extérieur, elle n’atteindrait jamais au privilège d’être affranchie de la contrainte de la pensée logique. Il faut d’abord qu’elle ait vécu entièrement le destin du refoulement, l’état de séjournement dans l’inconscient, avant de pouvoir déployer à son retour des effets aussi puissants, forcer les masses à tomber sous son emprise fascinante, comme nous l’avons vu de manière étonnante et jusqu‘ici incompréhensible … » Bien cordialement – Bruno

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