Rappel : « Pratique du zen vivant » relate les alternances d’exposés (« teishô »), suivis de questions & réponses, de treize sessions intensives de zazen dirigées par Jacques Brosse entre le 26 décembre 2000 et Pâques 2004.
Je présente lors de la séance hebdomadaire de Méditation dans l’esprit du zen & sur ce site quelques points saillants de ces exposés, bien entendu en lien direct avec la pratique de la Vision du Soi selon Douglas Harding. Libre à vous de déposer ensuite vos questions et/ou commentaires, de lire (et relire …) ce livre de Vie. Je me permets cependant de vous recommander de le lire pour vérifier si « les experts ont bien “pigé le truc” ».
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- Chögyam Trungpa – un bouddhiste tibétain « à la lucidité percutante et souvent dérangeante » – considère que « se réfugier dans le cocon qu’est notre moi … pour y perpétuer des processus habituels … est une lâcheté. Constamment occupés à reproduire nos schémas de conduite et de pensée, nous ne nous sentons jamais obligés de faire un bond dans l’air libre, vers d’autres horizons. » Jacques Brosse ajoute : « Cela dure jusqu’au moment où nous prenons conscience que le cocon est un piège et qu’il est possible d’en sortir, comme la chenille de la chrysalide, comme l’enfant du ventre de sa mère. Cette sortie … a pour résultat premier de cesser de considérer l’autre comme un ennemi, un adversaire, un rival. Elle a pour effet de reconnaître ce que Trungpa appelle “la bonté fondamentale” de chacun. » – Il est sans doute possible d’être moins radical et de parler de « faiblesse » ou de « facilité » plutôt que de « lâcheté ». Faiblesse humaine renforcée par un conditionnement social extrêmement puissant qui nous pousse à « nous contenter de trop peu ». Et qui, logiquement, entretient une très profonde frustration … que l’on essaie – vainement – de compenser par la consommation. Triomphe du système mesuré par le PIB & déroute, voire défaite, de l’être humain … C’est la « néoténie » étudiée par Michel Fromaget dans « Corps & Âme – Esprit ».
- « Le chaos du monde est dû en grande partie au fait que les gens ne savent pas s’apprécier. N’étant jamais parvenus à éprouver de la sympathie ou à manifester de la douceur envers eux-mêmes, ils ne peuvent faire l’expérience de l’harmonie ou de la paix intérieure ; par conséquent, ce qu’ils communiquent aux autres est également discordant et confus. … Quand on cesse de se punir et de se condamner, quand on se détend encore plus et que l’on apprécie son corps et son esprit, alors on touche de près à une notion essentielle, celle de la bonté primordiale qui existe en chacun. … cette tendresse envers soi-même … cette douceur à l’égard de soi-même constituent le point de départ pour s’aider soi-même et pour aider les autres. » – Comment pourrait-on ne pas apprécier notre « autoportrait » une fois qu’on l’a découvert, réalisé, intégré ? Une fois que l’on décide de s’y « détendre » avec toujours plus de « douceur » et de « tendresse », car c’est tout sauf un combat. Cela constitue de fait la seule véritable urgence en cette vie. De cette « grandeur » résulte tout naturellement « la joie spacieuse ».
- Le bouddhisme tibétain est un immense univers – fascinant & inquiétant – où il est facile de se perdre ou, a minima, de perdre beaucoup de temps. Comme « Des ancêtres il faut conserver la braise et non la cendre » (Paul Valéry), la Vision du Soi vous propose de faire le même « bond dans l’air libre », en beaucoup plus simple, concret, joyeux & rapide. Le « moi » est remis à sa juste place, en périphérie où il conserve toute sa valeur & ses faiblesses humaines. Un schéma de cette évolution possible figure dans ce billet. Enfin un n-ième rappel : la vie peut s’avérer assez courte, mangez le dessert en premier ! Vous aurez – peut-être – le temps de vous distraire ensuite avec vingt ans de soi-disant « yoga » ou toute autre manière de tenir soigneusement la question « Que suis-je ? » à distance respectueuse ! J’exagère à peine, malheureusement.
- Jacques Brosse évoque ensuite le cœur du Sûrangama Sûtra. Sans entrer dans le détail de ce texte, disons que la Vision du Soi propose elle-aussi « d’éplucher » les cinq skandhas – agrégats qui constituent notre « moi ». Et de manière tout aussi radicale, puisqu’au bout de cette désidentification méthodique il ne reste … rien ! Enfin si : l’espace d’accueil illimité & inconditionnel pour … tout que vous êtes, que nous sommes tous ! Vérifiez !