« Qu’entend-on par Mahâ¹ ? Mahâ signifie “grand” et grand désigne l’immensité de l’esprit, vaste comme l’espace vide. Mais ne restez pas assis l’esprit vide : vous assimileriez le vide à une chute dans le néant. Le vide des espaces peut contenir le soleil, la lune et les étoiles, la grande terre, ses montagnes et ses fleuves, toutes les espèces d’arbres et de plantes, les hommes bons et les mauvais, les bonnes et les mauvaises choses, les paradis et les enfers : tout cela se trouve dans le vide.
L’essence de l’homme est vide en ce sens également. »
Soûtra de l’Estrade², 24
« Notre essence est à même d’embrasser tous les phénomènes : telle est sa grandeur. La totalité des choses n’est autre que notre essence. Y voir les êtres humains et non humains, le mal et le bien, les bonnes et les mauvaises choses sans renoncer à rien – car tout cela reste insouillable et insaisissable -, à l’image de l’espace vide, c’est ce qu’on appelle “grandeur”. C’est la mahâ-pratique. Les égarés s’y livrent en paroles ; les sages l’exercent en esprit³. »
Soûtra de l’Estrade, 25
Cordialement
¹ – Ce chapitre 24 commence ainsi :
« … je vais vous enseigner, mes amis, la méthode de la Mahâprajnâpâramitâ. Peut-être ne l’avez-vous pas comprise tout à fait. Je vais vous l’expliquez. Écoutez-moi bien. »
² – « Le Soûtra de l’Estrade du Sixième Patriarche Houei-neng » de Fa-hai, traduit et commenté par Patrick Carré, Éditions du Seuil, Points Sagesses n° 99
L’illustration retenue pour la couverture, « Le Sixième Patriarche déchirant un Soûtra » (Liang K’ai, début du 13° siècle), est on ne peut plus appropriée à ce texte !
³ – Un certain Douglas Harding a mis au point une méthode pour passer de la 1° à la 2° catégorie, grâce aux expériences simples et efficaces, mais sans échappatoire, de la Vision du Soi.
N’en croyez surtout pas un traître mot : venez essayer et vérifier la « mahâ-pratique » lors d’un atelier !