Quand on aime, on ne compte pas … Ayant récemment entendu à la radio1 cette étonnante « passacaille de la vie », je me suis aussitôt rappelé que Rosemary Standley & Dom La Nena l’avaient elles aussi incluse à leur (magnifique) répertoire.
La voici, assortie comme d’habitude de quelques commentaires.
Cette composition est traditionnellement attribuée à Stefano Landi, mais le fait est contesté par certains dans l’article « Stefano Landi » de wikipedia Italia … ? Mon intuition me susurre qu’ils ont sans doute raison.
Homo Fugit velut umbra, passacaglia della vita
(« La vie de l’homme passe comme l’ombre ». Livre de Job 14, 2.)
O come t’inganni
se pensi che gl’anni
non hann’da finire,
bisogna morire
Tu te trompes
en pensant que les années
ne vont jamais finir,
il faut bien mourir
E’ un sogno la vita
che par si gradita,
è breve il gioire,
bisogna morire
La vie est un songe2.
Elle semble si douce,
mais la joie est courte,
il faut bien mourir
Non val medicina,
non giova la China,
non si può guarire,
bisogna morire
A rien ne sert la médecine,
inutile est la quinine,
l’on ne peut pas guérir3,
il faut bien mourir
Non vaglion sberate,
minarie, bravate
che caglia l’ardire,
bisogna morire
Rien ne valent les jérémiades,
les menaces, bravades,
que le courage sait bien bâtir,
il faut bien mourir
Dottrina che giova,
parola non trova
che plachi l’ardire,
bisogna morire
Aucune bonne science,
ne trouve les paroles
pour calmer le désir4,
il faut bien mourir
Non si trova modo
di scoglier `sto nodo,
non vai il fuggire,
bisogna morire
Il n’y a pas d’astuce
pour défaire ce nœud,
à rien ne sert de fuir,
il faut bien mourir5
Commun’è il statuto,
non vale l’astuto
’sto colpo schermire,
bisogna morire
C’est ainsi pour tout le monde.
Le malin ne sait pas
éviter ce coup bas,
il faut bien mourir
La Morte crudele
a tutti è infedele,
ogni uno svergogna,
morire bisogna
La Mort cruelle
n’est fidèle à personne,
et fait honte à tous,
mourir, il le faut
E’ pur ò pazzia
o gran frenesia,
par dirsi menzogna,
morire bisogna
Pourtant, o délire,
o grande folie,
on croirait mentir,
mourir, il le faut
Si more cantando,
si more sonando
la Cetra, o Sampogna,
morire bisogna
L’on meurt en chantant,
l’on meurt en jouant
la Cithare, ou la Musette,
mourir, il le faut
Si more danzando,
bevendo, mangiando ;
con quella carogna
morire bisogna
On meurt en dansant,
en buvant, en mangeant.
Avec cette charogne
mourir, il le faut
I Giovani, i Putti
e gl’Huomini tutti
s’hann’a incenerire,
bisogna morire
Jeunes, enfants,
et tous les hommes
en cendres doivent finir
il faut bien mourir
I sani, gl’infermi,
i bravi, gl’inermi,
tutt’hann’a finire
bisogna morire
Les sains, les malades,
les courageux, les doux,
ils doivent tous finir
il faut bien mourir6
E quando che meno
ti pensi, nel seno
ti vien a finire,
bisogna morire
Et lorsque tu
n’y penses pas, dans ton sein,
tout se termine,
il faut bien mourir
Se tu non vi pensi
hai persi li sensi,
sei morto e puoi dire:
bisogna morire
Si tu n’y songes pas,
tu as perdu ta raison,
tu es mort et tu peux dire :
il faut bien mourir
Oui, effectivement, « bisogna morire » bien avant que le complexe corps & mental ne meure. Sinon la Vraie Vie n’aura même pas commencée …
L’incontournable Marie Balmary termine « Abel ou la traversée de l’Eden » avec cette admirable prière, pas si paradoxale que cela, du psychanalyste Donald Winnicott :
« O God, may I be alive when I die. »
« O Dieu, puissé-je être vivant quand je mourrai. »
Un atelier de Vision du Soi peut vous aider à exaucer cette prière, à re-découvrir « une vie qui n’a rien à voir avec la mort. » Vérifiez !
Cf. également :
- La mort, où est-elle ?
- Tellement peur de la mort …
- En excluant la mort de sa vie
- Vivre de mort …
- Le Chat s’exprime pour la Toussaint …
- …
- Par Patricia Petibon … mais je trouve que son interprétation, un peu trop sophistiquée, affaiblit la portée de ce texte si simple, si fort, si juste … Les goûts et les couleurs ne se discutent pas ! ↩︎
- Seule une vie étroitement limitée à la zone périphérique « je suis humain » du dessin ci-dessus est un « songe », nuance de taille ! Et plus exactement un cauchemar ! ↩︎
- Le corps & mental d’un individu confiné dans la zone périphérique « je suis humain » ne peut effectivement pas guérir de la mort. Excepté peut-être dans le cerveau malade de quelques transhumanistes délirants (pléonasme !). Mais le « Je Suis » central n’est absolument pas concerné par la mort. Autre « nuance » de taille, soigneusement dissimulée par notre soi-disant civilisation moderne. ↩︎
- « La Science de la Première Personne » me semble assez bien négocier ce « désir » en permettant à tout un chacun de Voir qu’il est construit comme l’indique la carte – maîtresse – ci-dessus. Que c’est là notre « autoportrait » à tous, notre Visage Originel. Grace aux expériences de Vision du Soi selon Douglas Harding il est assez simple d’en prendre conscience, de le vivre. Vérifiez ! ↩︎
- Et bien si, il existe une « astuce pour défaire ce nœud » : passer de la conception anthropologique dualiste « corps & âme », étriquée et fausse au point d’en être mortifère, à une conception tripartite « Corps & Âme – Esprit ». Avant la Vision du Soi selon Douglas Harding, ce n’était pas si aisé ; dorénavant il est possible de dire qu’avec un peu d’audace et beaucoup de pratique, c’est … jouable ! Vérifiez ! ↩︎
- Faut-il vraiment être « sain » – ou un saint ! – pour ne pas mourir ? Et s’il suffisait d’observer soigneusement ce qui nous est donné sur l’évidence de l’instant, comme Douglas le relate dans « Vision » ? ↩︎
Cordialement