« Vous êtes tous attirés par cet Infini qui est au fond de vous ou, mieux, cet Infini que vous êtes, cette grandeur, cette immensité, cette non-dépendance, cette liberté de l’atman.
Et en même temps vous le refusez et vous restez attachés à cette limitation de l’individualité.
Par conséquent vous vivez dans la peur. »
Certaines longueurs sont parfois reprochées aux livres d’Arnaud, qui s’efforcent de conserver le ton des enseignements oraux dont ils sont en général issus … Ces développements peuvent cependant s’avérer les bienvenus pour amortir le choc de phrases comme celles ci-dessus !
Arnaud pose là très sobrement l’équation de chaque être humain, mais …
« Rien n’exige un plus grand héroïsme intellectuel que de consentir à voir sa propre équation écrite noir sur blanc. »
Ce qui peut aider à mieux comprendre & intégrer cette citation, c’est la magnifique carte – notre « autoportrait » – dessinée par Douglas Harding :
- Ce que nous souhaitons plus que tout c’est retrouver notre vraie nature, le Visage Originel du zen, notre « autoportrait » : la totalité du dessin ci-dessus. Aucune liberté, paix, joie ne sont possibles sans coïncider consciemment avec cette « immensité intérieure », sans (re)devenir espace d’accueil illimité & inconditionnel de … tout l’univers. Comme l’exprime si joliment une Upanishad, « Le sage a pour corps l’univers entier ». Notre dignité d’être humain consiste à être le « Youniverse » représenté ci-dessus.
- En même temps (décidément, voilà une bien funeste expression … !) nous refusons cet éveil, nous renâclons au voyage de retour de la zone périphérique « je suis humain » jusqu’au « Je Suis » central. Nous restons identifiés, enchaînés à cette « limitation de l’individualité », figurée par le petit bonhomme de la zone « je suis humain ».
- Dans cette zone là, celle de la dualité, nous sommes condamnés à vivre dans la peur. Comme l’exprime l’Upanishad : « Dès qu’il y a deux il y a peur. » Aucune autre issue à ce triste destin que la non-dualité réellement vécue.
Ce chemin évident, que la Vision du Soi peut vous aider à parcourir concrètement, simplement, joyeusement, est donc non seulement possible, mais éminemment nécessaire, tant individuellement que collectivement. C’est en réalité « le seul espoir ».
Le « difficile » c’est d’avoir l’audace de participer à un atelier de Vision du Soi selon Douglas Harding.
« Chacun verra sa véritable nature, même si ce n’est que brièvement et provisoirement.
« L’impossible » consiste à cultiver suffisamment cette Vision par une attention soutenue jusqu’à ce qu’elle redevienne une première nature, notre véritable Nature.
« Ce qu’il fera ensuite de cette vision intérieure, s’il la pratiquera jusqu’à ce qu’elle devienne stable et naturelle, et donc parfaitement efficace, c’est là une autre question. »
Douglas E. Harding
&
Je ne pouvais pas décemment truffer cette citation d’Arnaud de renvois vers des notes de bas de page. (Elle se trouve page 88 de l’édition de La Table Ronde 1983 et page 111 de l’édition de poche chez Pocket, dans la première partie du chapitre 4, « Advaïta »). Mais je reprends ci-dessous les mots et expressions soulignés pour leurs associer quelques commentaires et/ou liens.
- « … tous … » : c’est vrai dans l’absolu, mais il faut bien avouer que cela se voit plus chez certains que chez d’autres. Certains chemins vers l’Infini sont parfois bien tortueux.
- « … cet Infini que vous êtes … » : notre Vraie Nature est déjà là, donnée de toute éternité, et nous cherchons ailleurs, souvent très loin, autrement, nous échafaudons des concepts, construisons des usines à gaz … Pourquoi faire simple, reconnaître cette assertion centrale de la Philosophie Éternelle, « Tu es Cela », quand on peut faire compliqué ? Nous sommes tous un peu des Shadoks !
Mais tâchons néanmoins d’intégrer cette vérité : même en multipliant continuellement les ratages dans la zone périphérique, ça ne marchera … jamais ! Pas de « mort sans peur » sans retour au Centre.
- « … grandeur … » : je profite de l’occasion pour remettre en avant ce billet : « La grandeur de l’Inde … – Svami Prajnanpad ». Et redire que seul Voir nous permettra cette indispensable « transformation totale du sens de la grandeur ».
- « … immensité … » : le lien avec « L’immensité intérieure » est déjà fait dans le texte du billet. Lisez ce grand livre, mais surtout, réalisez votre propre immensité intérieure, voyez la clairement (subitement) et demeurez-y (ça nécessite en général un peu plus de temps) … C’est assez simple, essayez, vérifiez.
- « … liberté … » : seule la vérité de notre « immensité intérieure », de « cet Infini que nous sommes » nous rendra libre. C’est l’affirmation centrale de toutes les sagesses & spiritualités, même celles catégorisées comme dualistes. Si nous « refusons » ce retour au Centre, si nous nous résignons à n’être que cette « limitation » néoténique, corps & mental seulement, nous demeurerons à jamais conditionnés, asservis. « A status of slave » selon Svâmi Prajnânpad.
- « … peur … » : une bien mauvaise conseillère qui, globalement, mène chacun de nous & le monde à l’abîme. « Notre plus grande peur est d’être capable au-delà de toute mesure. »
Alors … qu’est-ce que vous décidez ?
Cordialement