Lors d’une randonnée sur l’Alta Via nord du Val d’Aoste, hasard & nécessité m’ont offert cet été quelques citations, d’auteurs italiens ou en langue italienne. Je vous en propose quelques-unes … en lien direct avec le thème de volte-espace.
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« L’unica gioia al mondo è cominciare. E’ bello vivere perché vivere è cominciare, sempre ad ogni istante. »
« L’unique joie au monde est de commencer. Il est beau de vivre car vivre c’est commencer, toujours, à chaque instant. »
Il me semble indispensable de compléter cette citation par la phrase qui la suit :
… Quand ce sentiment fait défaut – prison, maladie, habitude, stupidité – on voudrait mourir. »
Si d’aventure « ce sentiment fait défaut » dans votre vie, quelle qu’en soit la raison, plutôt que d’envisager de « mourir » immédiatement – rien ne presse après tout, pourquoi ne pas tenter l’audacieux commencement de la Vision du Soi selon Douglas Harding, à la fois radicalement nouveau et plus qu’ancien, intemporel ?
La seule chose qui va disparaître à cette occasion, c’est l’illusion de n’être qu’un petit corps & mental périphérique dans la zone « je suis humain » du dessin ci-dessous. Et la source de joie qui va naître – subitement – c’est votre vraie nature d’espace d’accueil, illimité & inconditionnel, de « contenant ultime » de … la totalité, à partir et en tant que « non-chose » centrale, que « Je Suis ».
Une sacré bonne affaire, qu’il faudra bien entendu valoriser et assimiler progressivement ! Mais n’en croyez surtout pas un traître mot, vérifiez.
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Voici quelques autres citations de cet auteur, toutes extraites a priori de son journal intime, « Le Métier de vivre », en désordre chronologique et accompagnées de brefs commentaires. (NB : « Le Métier de vivre », Gallimard – Folio n° 5652, 2014.)
« La vie n’est pas recherche d’expériences mais de soi-même. Une fois découvert son propre stratus fondamental, on s’aperçoit qu’il coïncide avec son destin et on trouve la paix. »
Bien vu … Sauf que Big Mother nous propose exclusivement de faire sans cesse de nouvelles expériences – toutes aussi périphériques les unes que les autres, à grand renfort de publicité, parce que « nous le valons bien » …Business as usual, jusqu’aux confins d’une spiritualité maléfiquement confondue avec le développement personnel, son très exact opposé.
Ce que Cesare Pavese nomme « stratus fondamental » – (« stratum » étant sans doute plus juste, ou plus simplement « fondement ») – c’est cette « absence de tête » ici au centre, le « Visage Originel » du zen. Découvrir ce que nous sommes réellement, accomplir son destin et demeurer dans la paix n’est plus si difficile grâce à la Vision du Soi. Essayez, vérifiez …
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« Celui qui ne se sauve pas tout seul, personne ne peut le sauver. »
Vous seul pouvez prendre conscience de la valeur extraordinaire de la Vision du Soi – le dernier mais pas le moindre des cadeaux du Père Noël, vous seul pouvez la valoriser et l’intégrer progressivement à votre vie jusqu’à ce qu’elle devienne une première nature. Personne d’autre … La Vision du Soi n’est pas un raccourci facile : « There is no shortcut, you will have to pay the full price. » (Svâmi Prajnânpad)
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« Les choses gratuites sont celles qui coûtent le plus. Comment cela ? Elles coûtent l’effort de comprendre qu’elles sont gratuites. »
La Vision du Soi « coûte » assez cher … Même beaucoup plus que les yeux de la tête, puisqu’il vous faudra lâcher la totalité de votre si précieuse tête ainsi que le relate le texte fondateur : « Vision » !
Mais comment oser mettre un prix sur cet éveil à notre vraie nature d’espace d’accueil, illimité & inconditionnel, à ce que nous sommes vraiment ? Ce partage ne saurait être un commerce.
La participation consciente m’a semblé le meilleur moyen de dépasser cette difficulté.
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« Est maturité l’isolement qui se suffit à lui-même. »
La « posture » que la Vision du Soi propose d’adopter : d’abord Voir (concrètement, simplement, joyeusement) sa véritable nature, puis la valoriser et l’intégrer progressivement, correspond assurément à ce summum de la « maturité » établi par toutes les sagesses & spiritualités du monde. Mais être espace d’accueil, « contenant ultime », de tous & tout ne saurait être qualifier d’« isolement ». Être « seul avec le Seul » (ainsi que l’exprime Ibn Arabi) correspond plutôt à la plus parfaite & intime communion, à la parfaite non-dualité …
Cette « posture » là « exclut l’imposture », tout comme celle de zazen pour laquelle Jacques Brosse avait inventé cette superbe formule. Vision du Soi & Zen : bonnet blanc & blanc bonnet ! Elle exclut notamment l’imposture de l’individualisme forcené qui caractérise tant de pseudo-éveillés. L’éveil est notre « seul espoir » de salut … collectif ! Vérifiez …
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« Il y a un seul plaisir, celui d’être vivant, tout le reste est misère. »
Dans la zone « je suis humain » du dessin ci-dessus – la carte maîtresse de la Vision du Soi – notre petit corps & mental n’est en réalité, et quel que soit son âge, nulle part ailleurs qu’emprisonné dans le couloir de la mort, plutôt en sursis que réellement vivant. Le « plaisir d’être vivant » nécessite, impérativement, de faire le court mais réel voyage vers le Centre, le « Je Suis », et de demeurer là. Encore une fois n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez.
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« Au fond, le secret de la vie, c’est de faire comme si nous avions ce qui nous manque le plus douloureusement. »
« Faire comme si » n’est jamais une solution durable, comme le prouve la fin tragique de Cesare Pavese. Ce n’est plus nécessaire puisque la Vision du Soi existe. Si la joie, la paix, la vie … vous « manquent douloureusement », qu’attendez-vous pour vous en saisir ?
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« L’amour a la vertu de dénuder non pas deux amants l’un en face de l’autre, mais chacun des deux devant soi-même. »
Comme le répétait souvent Douglas, la Vision du Soi permet de « donner une chance » à l’amour, très précisément dans le sens exprimé ci-dessus par Cesare Pavese. Et a contrario, sans cette mise à nu personnelle il n’y a pas d’amour possible. Vivre sans tête c’est aimer … Vivre avec, c’est faire « comme si » …
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« Il y a quelque chose de plus triste que de vieillir : c’est de rester enfant. »
Bien pire : c’est de ne pas devenir consciemment « pareil à un petit enfant » (Matthieu 18, 3). Pas de devenir infantile ni de retomber en enfance, nuance essentielle ! C’est la seule solution pour parvenir à sortir de la zone « je suis humain » du dessin ci-dessus … avant la – vaine – disparition du corps & mental. Le jeu en vaut vraiment la chandelle.
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« Si baiser n’était pas la chose la plus importante de la vie, la Genèse ne commencerait pas par là. »
Et bien justement, la Genèse ne commence pas par là !
- commencer par la relire soigneusement, si possible dans la traduction d’André Chouraqui
- lire les travaux de Marie Balmary, qui a justement établi son « camp de base dans la Genèse »
- et éventuellement jeter un œil à ce modeste billet : Lacanerie 2 – L’Origine du Monde … la vraie
Cordialement