« Voici un secret indicible : le paradis est tout autour de nous et nous ne le comprenons pas. » (0)
« Réflexions d’un spectateur coupable », Albin Michel, 1970
“Here is an unspeakable secret: paradise is all around us and we do not understand.”
« Conjectures of a Guilty Bystander », 1966
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« La solitude non pas pour elle-même, comme un retrait, un refuge, mais pour la compréhension, la sagesse, l’expansion d’un engagement ferme. »¹
“Not solitude for its own sake, as a withdrawal, a refuge : but for the sake of understanding, wisdom, widening a certain commitment.”
« Turning Toward the World » (Journals volume 4 : 1960-1963)
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« Besoin de maturité – pour le lent travail de finition de Dieu en moi. Il nécessite mon désir, mon attention consacrée, ma soumission, mon retrait du bruit et de la confusion. »²
“The need for ripeness – for the slow finishing work of God in me. It needs my desire, my consecrated attention, my submission, my withdrawal from noise and confusion.”
« Turning Toward the World » (Journals volume 4 : 1960-1963)
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« Le seul malheur est de ne pas aimer Dieu. »³
“The only unhappiness is not to love God. »
« Dialogues with Silence »
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« Le mal dans le monde est entièrement notre : il ne procède que de l’oubli – brutal, insensé, dispendieux, destructeur et suicidaire – de notre propre nature. » (4)
« Semences de contemplation », Éd. du Seuil, 1952
« The evil in the world is all of our own making, and it proceeds entirely from our ruthless, senseless, wasteful, destructive, and suicidal neglect of our own being.”
« Seeds of Contemplation », 1949
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« L’imagination doit pouvoir disposer d’un certain temps pour explorer alentour. » (5)
“The imagination should be allowed a certain amount of time to browse around.”
Contemplation in a World of Action
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« La vie contemplative est avant tout une vie d’unité. Un contemplatif est celui qui a transcendé les divisions pour atteindre une unité au-delà de la division. » (6)
“The contemplative life is primarily a life of unity. A contemplative is one who has transcended divisions to reach a unity beyond division. »
The Inner Experience
Cordialement
Voilà beaucoup de citations en un seul billet ; c’est à cause, ou plutôt grâce à l’auteur de « Thomas Merton – Words to live by II », un certain Monsieur Philip Chircop que je remercie. En recherchant quelques éléments pour finaliser « Être un saint » je suis tombé par hasard & nécessité sur les pages de son blogue consacrées à « Brother Louis ». Dans la grande poubelle qu’est le wouèbe, il est possible de trouver aussi des pépites.
0 – Pour commenter cette phrase, et quasiment toutes les autres, impossible de se passer de la carte maîtresse de la Vision du Soi selon Douglas Harding :
En demeurant en ce « Je Suis » central que nous sommes, tous, en coïncidant silencieusement avec notre « autoportrait », nous sommes effectivement au « paradis », en un non-lieu qui contient tous & tout, l’univers entier, sans la moindre clôture et dans l’unité parfaite … (Merton aurait sans doute ajouté « du Saint-Esprit » … C’est une option respectable, à vous de juger.)
Le « paradis » n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais « autour » d’un quelconque « moi-je », quelques soient les qualités intrinsèques de celui-ci. Se contenter de la seule zone périphérique « je suis humain » du dessin ci-dessus constitue a contrario le meilleur ticket possible pour un « enfer », l’enfermement.
Cette carte peut certes aider à « comprendre » un peu mieux de quoi il retourne, mais le verbe essentiel est Voir. Pourquoi donc tant hésiter à emprunter « l’entrée principale » de la Vision du Soi … « the shortest way home » ?
¹ – Le mot « solitude » est-il le plus adéquat ? Au centre de la carte ci-dessus, il n’est qu’un seul & unique « Je Suis » … et nous le sommes, tous, en totalité, à condition de le vouloir vraiment. Nous ne sommes pas dépositaires d’un tout petit pourcentage du « Je Suis », c’est une affaire de tout ou rien … Donc oui, chacun de nous y est seul avec le Seul, « kaivalya » dans le vocabulaire des yoga-sutras … un « isolement » qui est surtout une libération.
(Article « kaivalya » en anglais plus complet.)
Et oui, le retour au Centre est tout sauf « un retrait, un refuge » ; très précisément le contraire, une ouverture illimitée. Mais ce mystère peut-il être « compris » ? La « sagesse » consiste sans doute à se contenter de vivre le mystère … Essayez, vérifiez !
² – Resurgit ici l’immémorial débat entre éveil subit et éveil progressif. Cette « finition » est toujours instantanée : à T moins une nanoseconde, « je ne suis qu’humain » en périphérie, et à l’instant T « Je Suis » au Centre et « Je Suis » l’univers entier, le Rien & Tout. Ensuite, il va effectivement falloir un certain temps et une « discipline » certaine pour « mûrir » cette transformation, digérer et incarner cette métamorphose.
Karlfried Graf Dürckheim insistait beaucoup sur cette notion de « maturité », « Reifheit » auf deutsch.
« Soumission » … Douglas Harding préférait parler d’un indispensable, et parfois difficile, transfert de confiance du petit « je suis humain » vers le Grand « Je Suis ».
³ – Thomas Merton, moine trappiste, ne peut pas s’exprimer autrement, ne peut tout simplement pas ne pas utiliser ce « son originel et primitif ». C’était son travail d’écrire à propos de « Dieu » et il y était fermement encouragé par son Père Abbé.
Il est possible & utile de proposer une équivalence : « le seul malheur est de ne pas aimer … » cet espace d’accueil illimité & inconditionnel que nous sommes, tous, notre « essence qui est capacité », notre « autoportrait » unifiant « image & ressemblance », etc … Vérifiez !
4 – « Le mal dans le monde » vous démange aux entournures ? Vous savez ce qu’il vous reste à faire : « coïncider silencieusement » avec votre véritable nature, votre « autoportrait ». Grâce à la Vision du Soi selon Douglas Harding, cela n’a jamais été aussi simple, concret, joyeux … C’est « le seul espoir ». Essayez, vérifiez !
5 – Thomas Merton n’a malheureusement pas pu disposer d’assez de temps. Il aurait sans doute approfondi son dialogue avec les sagesses orientales, le zen, … et peut-être rencontré la Vision du Soi, qui sait ?
Cf. « Zen, Tao et Nirvana », « Mystique et Zen – Journal d’Asie », et les nombreux livres publiés après sa mort … mais non traduits en français. Véritable caverne d’Ali Baba bibliographique ici. Ainsi que cette « List of works about Thomas Merton ».
6 – Demeurer en ce « Je Suis » central que nous sommes, tous, permet cette « vie d’unité », cette « vie contemplative », en-deçà plutôt qu’« au-delà » de toute dualité. Un geste assez simple récapitule parfaitement ce chemin de vie, de Grande Vie :
Essayez, vérifiez !