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Déambulations Mystiques – Sylvie Germain

Le n°35 de la revue Sources – Pour une vie reliée a eu l’excellente idée de consacrer une pleine page à Déambulations mystiques, une association récemment fondée par le père Denis Trinez et Sylvie Germain.

Cette association a organisé son premier colloque œcuménique « Mystique et liberté » en mars 2016 à Angoulême. S’il ne vous a pas été possible d’y assister, sachez qu’une bonne partie des actes de ce colloque sont généreusement offerts sur le site, ainsi que bien d’autres ressources.

Sylvie Germain

Quelques éléments de réponse de Sylvie Germain aux questions de Nathalie Calmé :

« … le mot mystique prête souvent à confusion. Beaucoup associent la mystique à des pensées et des comportements illuminés, et s’en méfient. Nous regrettions que la mystique soit un objet de méconnaissance¹. …

Chaque mystique est marquée par une culture, un héritage religieux qui lui est propre, mais, par-delà leurs différences d’expression, ces mystiques se rejoignent. Quelque chose les dépasse : le mystère divin, un infini qui demeure innommable, et qui les appelle à un oubli de soi, une ouverture indéfinie, une aventure passionnelle et cependant réfléchie². C’est cela que nous souhaitions mettre en lumière. »

  • Pourquoi « déambulation » ?

« La mystique en elle-même est une sorte de déambulation. On pense, par exemple, au déambulatoire dans les églises. On tourne autour du chœur, on passe près du tabernacle – qui demeure fermé. La mystique est un cheminement permanent de la pensée, de l’esprit, du désir. Il y a avait aussi l’idée de circuler dans les différentes religions³. … »

  • Qu’est-ce que la mystique pour vous ?

« … Le propre de la mystique est de ne vouloir s’enfermer dans rien, aucun discours, aucun dogme, de refuser tout ce qui limite le mystère qu’est Dieu, et tout ce qui entrave son élan amoureux vers ce mystère, sans pour autant rejeter la tradition religieuse dans laquelle elle s’inscrit, et dont elle se nourrit (4). »

  • En quoi les textes des mystiques vous touchent-ils ?

« … Ils sont animés d’un désir tel que rien ne peut le satisfaire. Et dans leur quête, ils descendent au plus profond, au plus obscur d’eux-mêmes, s’aventurent aux confins de leur nuit intérieure, là où ils pressentent une “outre-nuit”, qui se confond avec une pure lumière. C’est leur élan vers un grand large spirituel qui m’intéresse, et me touche (5). »

&

Sylvie Germain n’est pas une inconnue sur volte-espace : depuis « Immensités », en passant par « Que cela est petit … Comme cela est grand … », jusqu’à « Une transformation si totale du sens de la grandeur », j’essaye de tisser peu à peu quelques liens entre son œuvre et la Vision du Soi selon Douglas Harding.

Quelques brouillons, invisibles pour l’instant, concernent ses livres denses parus chez Desclée De Brouwer dans la collection Littérature Ouverte. Il va me falloir trouver le temps …

 

Cordialement

 

¹ – « Méconnaissance » :  délicat euphémisme ! Mis à part quelques cercles assez restreints, la mystique a désormais quasiment disparu de notre monde moderne. A tort, car, à mon humble avis, elle seule est capable d’apporter un peu de lumière dans les ténèbres actuelles. « Les lumières » atteignent leurs limites lorsque un prêtre de 86 ans est égorgé dans son église, le 26 juillet 2016, par un jeune assassin … pas plus musulman que français, inhumain. Nous avons besoin de plus de lumière au singulier, φῶς, la lumière de la conscience qui est censée éclairer tout homme (Évangile de Jean 1, 9)

« Toujours plus de la même chose » – de la technologie, des lois & règlements, du commerce, du développement, de la violence envers soi-même, les autres et la nature, … – ne nous conduira qu’à un seul résultat prévisible : « réussir à échouer » !

Recourir – délibérément & intelligemment – à la mystique, c’est sans doute la seule option, paradoxale mais efficace, qu’il nous reste. La Vision du Soi peut nous apporter une aide précieuse, mais n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !

² – L’expression de chaque mystique, liée à une religion & histoire & culture spécifiques, n’est que périphérique, représentée là-bas dans la zone « je suis humain » du dessin ci-dessous.

L’endroit où elles s’unissent, le chœur, peut être « situé » au centre du dessin, « dans » ce point sans dimension souligné ici d’un « JE SUIS » mais qui pourrait aussi bien être figuré par un point simple, voire un point d’interrogation.

Ce n’est pas « par-delà », dans une synthèse poursuivie vers l’extérieur, mais au contraire « en-deçà », par un retour vers l’intérieur, la simplicité, que ces mystiques pourront s’entendre et, surtout, être entendues. Pour servir à remettre en ordre un monde qui en a tant besoin …

C’est l’évidence de l’ouverture infinie du Rien & Tout, du Vide & Plein, de l’espace d’accueil & l’Univers accueilli … qui fonde toutes ces mystiques.

³ – « Déambuler » en périphérie, sans but précis, oui, pourquoi pas un certain temps, c’est le lot de la plupart d’entre nous.

Mais il y a bien un moment où il va être nécessaire de « trouver et d’être troublé » (Thomas, logion 2), où il va falloir avoir l’audace de prendre appui sur le vide, oser entrer dans  le tabernacle pour « boire à la source bouillonnante d’où moi-même [Jésus] je jaillis » (Thomas, logion 13) ! Sinon … ? Sinon, en hésitant à & refusant de conclure l’Alliance, nous ne serons jamais vraiment vivant.

La Vision du Soi peut nous apporter une aide précieuse pour opérer ce retournement de très précisément 180 degrés, mais n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !

4 – La Vision du Soi ne conduit nullement à rejeter sa tradition religieuse, d’origine ou d’adoption. Douglas Harding constitue un bel exemple, dans la mesure où, tout au long de sa vie, il n’a cessé de nourrir la Vision avec les ressources des deux Testaments et de leurs nombreux commentaires. (Cf. notamment le Postscriptum autobiographique du Procès.)

Mais dans une optique un peu différente, qui est notamment détaillée dans les cinq articles : « Les experts ont-ils bien pigé le truc ? »

5 – Si cet « élan vers un grand large spirituel » vous « intéresse et vous touche » pareillement, n’hésitez pas à participer à un atelier de Vision du Soi :

« Le but de l’atelier est que chaque participant fasse pivoter son attention de 180 degrés, et la porte sur ce qu’il est pour lui-même, selon sa propre expérience de l’instant présent. […] Chacun verra sa véritable nature, même si ce n’est que brièvement et provisoirement.

Ce qu’il fera ensuite de cette vision intérieure, s’il la pratiquera jusqu’à ce qu’elle devienne stable et naturelle, et donc parfaitement efficace, c’est là une autre question. »

Et donc si jamais l’air de ce « grand large spirituel » ne vous convenait pas, ce dont je doute fort, vous pourriez toujours revenir à l’étroit dans la zone « je suis humain » du dessin ci-dessus. Pas d’inquiétude à avoir : l’expérience de Vision ne comporte pas d’effet cliquet, elle doit être pratiquée … sans cesse.

NB : Le site « Déambulations mystiques » propose de nombreuses références bibliographiques. Je me permets de mettre en avant l’ « Encyclopédie des mystiques » de  Marie-Madeleine Davy. L’édition originale grand format chez Robert Laffont en 1972 est un superbe livre, une « petite » merveille.

« Les Femmes Mystiques – Histoire et Dictionnaire » d’Audrey Fella, vaut également le détour.

Le cofondateur de l’association, le père Denis Trinez, est le grand absent de mon article et j’espère qu’il ne m’en voudra pas trop. Mais, j’ai tendance à faire preuve d’autant de « prudence » vis à vis de l’institution ecclésiale que celle-ci en témoigne envers la mystique. Cf. la paragraphe ci-dessous, extrait de l’article « Mystique » sur wikipedia :

« L’Église est également très prudente au sujet des expériences mystiques extraordinaires. Le Pape Benoît XVI écrit par exemple : “Comme c’est toujours le cas dans la vie des véritables mystiques, Hildegarde voulut se soumettre aussi à l’autorité de personnes sages pour discerner l’origine de ses visions, craignant qu’elles soient le fruit d’illusions et qu’elles ne viennent pas de Dieu” et encore “le sceau d’une expérience authentique de l’Esprit Saint, source de tout charisme” est que “la personne dépositaire de dons surnaturels ne s’en vante jamais, ne les affiche pas, et surtout, fait preuve d’une obéissance totale à l’autorité ecclésiale”. »

Il me semble, et cela me désole, qu’on est ici très loin du « grand large spirituel » et de son infinie liberté.

 

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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