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Tout contemplatif est un embusqué – Georges Bernanos

« Dans la Civilisation des machines tout contemplatif est un embusqué¹.

La seule espèce de vie intérieure que le Technicien pourrait permettre serait tout juste celle nécessaire à une modeste introspection², contrôlée par le Médecin, afin de développer l’optimisme, grâce à l’élimination, jusqu’aux racines, de tous les désirs irréalisables en ce monde³. »

Georges Bernanos

La France contre les robots, VIII

Pléiade, Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1053

Cordialement

 

¹ – Même si nous sommes immergés dans cette « civilisation des machines » au point d’être presque transformés nous-mêmes en « machines » – c’est-à-dire en corps & mental dépourvu de dimension spirituelle, en processus sans sujet – et même si ce confortable abandon dans le reniement de ce qui nous fonde nous réjoui(rai)t presque, nous devons savoir qu’il n’a jamais existé, qu’il n’existe pas, et qu’il ne peut pas exister de « civilisation » sans conscience, culture et accomplissement de ce plus haut désir humain, de ce désir d’infini, d’Esprit. C’est une loi – non négociable – tout simplement.

Georges Bernanos a su diagnostiquer très tôt que cet apparent « progrès » n’était qu’un leurre et une impasse.

Tout contemplatif est effectivement « embusqué », mais peut-être pas seulement dans le sens – secondaire – de « planqué », de personne affectée loin des combats lors de la 1° guerre mondiale. Ce sens explicitement retenu par Bernanos ne me semble qu’apparent.

Tout contemplatif a d’abord établi demeure au sein d’un « buisson ardent » ; et il y est posté en embuscade pour dénoncer l’ « élan vers le pire » que constitue ce pseudo « progrès » (Emil Cioran), et surtout pour le désamorcer à l’aide de l’Esprit. Tout comme il est question de désamorcer une bombe, un engin destructeur et de l’homme, et de la société.

² – La mode du développement personnel n’existait pas encore du temps de Bernanos, et elle lui aurait sans doute donné l’occasion de multiplier ses célèbres admonestations envers les « imbéciles ». Mais il la pressent déjà en parlant de cette « modeste introspection » à caractère hygiénique. Redisons ici que le développement personnel ne concerne que la zone « je suis humain » du dessin ci-dessous, le complexe corps & mental, ce que Michel Fromaget appelle les dimensions corps & âme.

La spiritualité est le contraire exact du développement personnel. Si tout n’est pas à jeter dans ce dernier, il importe de ne pas le confondre avec la première. Seuls les « boutiquiers » y ont intérêt, mais à vos dépens, en vous faisant perdre du temps et de l’argent.

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³ – « Désirs irréalisables en ce monde » : cela n’a bien sur jamais été le cas, Bernanos le sait mieux que personne, tous les témoignages de la « Philosophie Éternelle » sont là pour nous le rappeler. Et surtout ce n’est définitivement plus le cas depuis que la Vision du Soi selon Douglas Harding nous offre généreusement ses expériences & outils pour retrouver notre vraie nature d’espace d’accueil illimité et inconditionnel, de contenant ultime.

La « civilisation des machines » se dissoudra bientôt dans cet Espace, à condition que nous soyons suffisamment nombreux à avoir entière confiance en Lui … !

NB : vous aurez sans doute remarqué la précision du référencement de cette citation de Bernanos. Ne me remerciez surtout pas ! Mon seul mérite a consisté à la retrouver au bon endroit, sur le site « Dernière Gerbe », qui propose bien des choses intéressantes. Merci à son créateur.

Une citation bien choisie c’est bien, mais la lecture du texte intégral c’est beaucoup mieux : Bernanos n’est pas édité qu’en Pléiade.

Cf. aussi le site de l’Association Internationale des Amis de Georges Bernanos

Si les propos de Bernanos vous semblent un peu imprécis et exagérés, allez donc dissiper vos doutes du coté des travaux de Jacques Ellul et notamment tout ce qui concerne la « société technicienne ».

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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