Le site du CIRET propose une étude passionnante de Jean-Yves Leloup intitulée Qui est Je Suis ? Elle concerne bien sûr tous les amoureux de l’Évangile de Jean, mais déborde bien au-delà, puisqu’elle creuse en réalité non pas une question importante parmi d’autres, mais LA seule question qui vaille.
Cette étude a été finalisée par un livre : « Qui est je suis ? », aux Éditions du Relié, complété d’un CD de près d’une heure d’entretiens avec Marc de Smedt.
Se pose alors immédiatement une autre question, non moins fondamentale : ces connaissances et compétences toujours plus étendues et approfondies à propos de « Je Suis » vont-elles favoriser et faciliter l’expérience personnelle de « Je Suis » ? Ou bien au contraire vont-elles la rendre de plus en plus problématique ? Voire en bloquer l’accès par excès de savoir ?
Ancien élève, admirateur et lecteur de Jean-Yves Leloup depuis fort longtemps, je dois néanmoins reconnaître que ce qu’il propose n’est pas d’un accès si aisé pour le lecteur lambda, pas si facilement et assez rapidement utilisable et intégrable à son quotidien.
Le mandala construit à partir des différentes occurrences du « Je Suis » dans sa traduction commentée de l’Évangile de Jean va certes dans le sens d’une simplification, et peut effectivement servir de support de méditation, de pèlerinage vers le Centre, vers Je Suis :
Mais la Vision du Soi selon Douglas Harding représente à mon avis une percée pédagogique infiniment plus efficace pour commencer par réaliser intimement ce dont nous parlent Jean, Jean-Yves et bien d’autres, dans toutes les traditions spirituelles et même hors tradition.
Le « voyage » auquel la Vision du Soi convie chacun d’entre nous, depuis ce que je parais être pour les autres, là-bas à environ un mètre, jusqu’à ce que Je Suis pour moi-même, Ici, au Centre, constitue un voyage réel du monde vers le « Royaume » (choisissez le mot qui vous agrée, peu importe le mot) :
- de la « faim » vers le « Pain »
- de l’oubli (plutôt que du « mensonge ») à la « vérité » [ἀλήθεια]
- de l’esclavage (à l’espace, au temps et à la causalité) à la liberté du « Fils »
- des « ténèbres » (de la limitation aux seuls corps et âme) à la « Lumière » (de Corps & Âme & Esprit)
- du « mur » à la « Porte »
- de « l’impasse » au « Chemin »
- de la « mort » à la « Vie »
- …
Et donc du « je ne suis qu’humain » au « Je Suis ».
Faut-il inclure YHWH dans le cercle central ? Si je comprends tout à fait que Jean-Yves Leloup le fasse, pour ma part je m’en abstiens soigneusement. YHWH n’est qu’une « superstructure », parmi d’autres, bâtie sur la fondation du Je Suis. La Vision du Soi préfère s’en tenir au terrain solide du Voir et laisser chacun libre du choix de la superstructure qu’il préfère.
Cette Vision du Soi se voit parfois, souvent … reprocher son excès de simplicité. Pour dépasser cette objection infondée, je cite sans me lasser ce paradoxe de Paul Valéry :
« Ce qui est simple est faux, ce qui ne l’est pas est inutilisable. »
Que je prolonge parfois d’une deuxième, voire troisième sentence du même auteur :
« Trouver n’est rien, ce qui est difficile c’est de s’ajouter ce que l’on trouve. »
« Des ancêtres il faut conserver la braise et non la cendre. »
Il me semble que ces trois formules confortent bien le mode d’accès à notre vraie nature, au « Je Suis », préconisé par la Vision du Soi. Donc, si je peux me permettre un conseil :
- accédez d’abord au Je Suis par un atelier de Vision du Soi – une initiation, vous disposerez alors d’une « braise » utilisable et de multiples moyens pour vous l’ajouter,
- et intégrez ensuite cette découverte par la lecture … de Jean, de Jean-Yves et de bien d’autres.
Cordialement
NB : Volte & Espace renvoie vers un très intéressant texte de Jean-Yves Leloup : « L’œil de la nuque ».
Cf. aussi l’article Jean-Yves Leloup de Wikipedia et le site qui récapitule les séminaires données au monastère St-Michel du Var.