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Fondamentaux Vision du Soi

Tous nous ne faisons qu’un – Plotin

« Tous nous ne faisons qu’un. Mais nous méconnaissons cette unité parce que nous regardons vers l’extérieur, au lieu de tourner nos regards vers le point où nous sommes attachés. Nous sommes comme des visages tournés vers l’extérieur mais qui à l’intérieur dépendraient d’un sommet unique. Si l’on pouvait se retourner spontanément, on verrait en soi-même, notre part divine et la totalité de l’univers. »

EnnéadesPlotin

Belle citation – dont l’exactitude n’a pas été pour l’instant vérifiée et qui n’est pas non plus référencée … – découverte en effectuant des recherches pour Pratique du zen vivant, « exposé » 13. Plotin a été plus largement évoqué dans Pratique du zen vivant, « exposé » 6. Les Ennéades sont un vaste & complexe continent, que Pierre Hadot peut sans aucun doute vous aider à arpenter.

La Vision du Soi selon Douglas Harding« une quête infinie de l’absolument simple »peut cependant vous aider à retourner – simplement – votre regard vers l’intérieur :

Elle peut vous aider à coïncider silencieusement avec votre Visage Originel, votre Réalité d’espace d’accueil illimité & inconditionnel, votre « autoportrait », grâce à quelques expériences – simples, concrètes, joyeuses.

Quelques remarques & questions à propos de cette citation :

  • Ce « point » vers lequel il nous est offert de tourner notre regard, y sommes-nous « attachés » … ? Ne serait-ce pas plutôt la seule clé d’accès à la véritable liberté ? « Le seul espoir » ?
  • Ne sommes-nous exclusivement que « des visages tournés vers l’extérieur » ? Une observation soigneuse de ce que nous voyons de nous-mêmes ne nous permettrait-elle pas de nous voir tels que nous sommes, « sans tête », espace d’accueil illimité & inconditionnel, UN avec l’univers et tous les êtres ? Combien de temps encore allons-nous négliger cette magnifique « entrée principale » qu’est la Vision du Soi ?
  • Dépendons-nous à l’intérieur « d’un sommet unique » ? Plus que d’une expérience de crête (« peak experience »), ce que décrit ici Plotin (dont je ne connais quasiment pas l’œuvre) ne relève-t-il pas plutôt d’une expérience (taoïste) de vallée, de « ravin du monde », de « terrain solide du Voir » ? D’une fondation ou base unique, nommée « Je Suis » dans le dessin ci-dessus (une possibilité parmi d’autres, toutes inadéquates) ? D’un « éveil ordinaire » en quelques sorte !
  • S’il est certes possible de « se retourner spontanément », il est beaucoup plus utile d’avoir l’audace de le faire consciemment … pour participer à un atelier de Vision du Soi par exemple ! Rassurez-vous, cette première « Vision » de soi-même en tant que « Youniverse » ne fera assurément pas l’effet d’un coup de baguette magique. Une « discipline assidue » sera ensuite nécessaire, et ô combien passionnante, pour se maintenir en état de retournement permanent. Vérifiez !

Cordialement

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

3 réponses sur « Tous nous ne faisons qu’un – Plotin »

Cher Jean-Marc, je laisse ce message sur votre site pour vous dire que je crois enfin (!) avoir éprouvé ce que vous appelez « l’espace d’accueil illimité et inconditionnel en nous ».
Je sais que cet aveu vous paraîtra incroyable, mais je vous prie de bien vouloir me croire, si cela n’est pas trop difficile pour vous, surtout après les nombreuses passes d’armes entre nous de ces derniers temps.
Étrangement, ce n’est pas la méthode de D. Harding qui me l’a fait connaître, ni la lecture des maîtres du Vedanta, encore moins la pratique de la méditation. Mais cela est arrivé inopinément, après une crise personnelle grave que j’ai traversée récemment. Cela fait plus de trois ans que celle-ci couvait et elle s’est intensifiée avec mon départ en retraite, au mois d’Octobre dernier, et après deux années professionnelles très éprouvantes. Mais je suis sûr d’avoir ressenti ce dont vous parlez dans la plupart de vos billets, même si cela est advenu d’une manière qui n’est pas connue de votre sagesse, ni des autres d’ailleurs.
J’apporterai plus d’amples détails sur cet événement, si cela vous intéresse, lors d’un prochain courrier.
Si je tenais à vous en informer, c’est parce que vous avez eu la patience et la bonté d’accepter de rester en contact avec moi, même lorsque je suis montré injustement agressif envers vous ou votre méthode. Ce dont je vous prie de me pardonner. Aussi je tenais à vous remercier et vous prie d’accepter toute ma gratitude, après ce long chemin chaotique traversé ensemble.
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je continuerais à visiter votre site et à poster quelques commentaires, mais cette fois-ci de nature bienveillante et dépourvue de toute animosité. Bien cordialement. Bruno

Sacrée bonne nouvelle alors !

Et qu’importe le flacon pourvu qu’on ait la (sobre) ivresse !

Vous êtes toujours le bienvenu sur volte-espace … enfin, presque toujours !

Cordialement

Jean Marc

Merci à vous. A la suite de ce moment surprenant et plutôt extra-ordinaire, je me suis interrogé sur celui-ci. D’abord, ce moment hors du temps n’est pas revenu. Comme la plupart de mes propres expériences spirituelles, il semble unique. De plus, il m’est apparu comme un moment de grâce : un moment gracieux et gratuit, « inconditionnel » comme vous le dites et surtout « inconditionné ». Car il n’a pas dépendu de conditions extérieures, encore moins d’un mouvement de volonté de ma part ou de désir personnel. C’est en cela qu’il m’est aussi apparu comme un don, venu d’un ailleurs, d’une Altérité, un moment surnaturel ou divin en somme. Mais en ce cas, un tel don gracieux et gratuit n’est nullement reconductible par un désir personnel, car il ne dépend absolument pas de moi ou de ma volonté. « Que ta volonté soit faite! » : telle est la prière mystique par excellence, et nous savons qu’entre la volonté divine et la volonté humaine un abîme existe et qui n’est pas aisément franchissable…, quoi qu’en pensent certains adeptes de la non-dualité. Tenter par des techniques ou des méthodes mêmes « spirituelles » de réactiver ce moment est donc à la fois vain et déplacé. Car c’est la grâce divine seule qui se manifeste selon son bon vouloir et c’est nous qui l’accueillons selon ses désirs et non selon les nôtres. La question n’est donc pas de savoir quelle méthode il faut adopter, ou si quelqu’un comme moi a bien saisi les subtiles nuances de la technique de la vision sans tête de D.Harding, Mais elle est de comprendre qu’aucune méthode, si subtile soit-elle, n’est licite ou acceptable face à ce mystère, et plus encore que toute méthode est d’emblée condamnée par cela même qu’elle engage et mobilise et qui ne peut faire qu’obstacle à la manifestation gracieuse et divine. C’est aussi ce que j’ai vu lors de ce moment gracieux et pur, à savoir que toute méthode est nulle et non avenue. En ce sens, forcer la volonté divine est à la fois un geste ridicule, mais aussi une faute. Ce que je vous confie ici n’est rien d’autre que ce que j’ai maintes fois entendu lors de mes retraites monastiques et de mes entretiens avec des personnes engagées dans différentes voies ou traditions (cela va des moines très engagés à un Christian Bobin…). Et je trouve ces arguments parfaitement cohérents et recevables. Il ne s’agit donc pas tant de trouver sa voie, de l’emprunter individuellement et de renvoyer chacun à la sienne, mais bien de savoir si celle-ci est bien conforme à la grâce divine et à ses souhaits. Et face à « Cela », aucune méthode, aucune technique, aucun moyen n’est légitime, et aucun ne tient face à la manifestation gracieuse et gratuite dont on est le simple et humble réceptacle. Avoir compris cela et le mettre en pratique, quoique sans rien pratiquer d’autre peut-être que la prière qui nous met en face de ce mystère dans une relation entre un moi ou un « je » humain face à une Altérité divine incommensurable, n’est-ce pas avoir compris l’essence même de toute vie mystique?
Bruno

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