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4 - Méditation

Pratique du zen vivant, « exposé » 5 – Jacques Brosse

Rappel : « Pratique du zen vivant »  relate les alternances d’exposés (« teishô ») et de questions & réponses de treize sessions intensives de zazen dirigées par Jacques Brosse entre le 26 décembre 2000 et Pâques 2004.

Je présente lors de la séance hebdomadaire de Méditation dans l’esprit du zen & sur ce site quelques points saillants de ces exposés, bien entendu en lien direct avec la pratique de la Vision du Soi selon Douglas Harding. Libre à vous de déposer ensuite vos questions et/ou commentaires, de lire (et relire …) ce livre de Vie. Je me permets cependant de vous recommander de le lire pour vérifier si « les experts ont bien “pigé le truc” ».

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  1. « L’Éveil n’est après tout que le réveil de l’être endormi que nous sommes, et qui rêve sa vie, un rêve qui est parfois un cauchemar auquel on veut échapper. » La plupart des spiritualités reprennent à leur compte cette métaphore efficace. La vie dans la seule zone périphérique « je suis humain » de notre « autoportrait » n’est pas nécessairement un « cauchemar » continu, mais elle n’en reste pas moins très insatisfaisante, très insuffisante, par rapport à la possibilité d’une vie « surabondante » à partir de et en tant que « Je Suis » central. L’Éveil c’est la Vision flash de « the biggest picture » ! Et le début d’un travail – agréable, mais sans fin – d’intégration d’une nouvelle, quoique très ancienne, façon de Voir & Vivre. Vérifiez !
  2. « Satori … vient du verbe satoru, “reconnaître” … désigne l’“Éveil subit”. … Kenshô signifie “voir l’essence”, voir sa propre essence, sa “nature de Bouddha”. Personnellement, je préfère traduire kenshô par “se trouver face à face avec sa nature de Bouddha, son visage originel”. » L’expression « face à face » suscite en moi à peu près le même effet que « dieu tout puissant » sur Marie Balmary : une mise en alerte maximale. Ce qu’écrit là Jacques Brosse, “se trouver face à face avec sa nature de Bouddha, son visage originel”, me semble incorrect au point d’empêcher de « voir sa propre essence ». « Face à face » replace dans la dualité dont on cherche précisément à s’évader. Le « seul espoir » réside dans le face à espace, remplacer – intégralement – notre visage de chair, notre visage corps & mental, par l’espace d’accueil illimité & inconditionnel que « Je Suis », que nous sommes tous. « Il ne peut y avoir de Zen sans l’espace vide du “sans tête.”« 
  3. « Cet Éveil du Bouddha … relaté par les sûtra les plus anciens, ceux du canon pâli … est présenté à tous les bouddhistes comme le modèle à imiter, sans qu’il soit possible de l’égaler. » « Imiter » … c’est précisément ce qu’il faut éviter à tout prix de faire ! « N’imitez pas les Japonais ! », ni personne d’autre. Ne prenez refuge qu’en vous-même, en étant fermement convaincu que l’Éveil n’appartient à aucune « petite » personne périphérique,  : l’Éveil c’est la révélation du « Grand », du « Je Suis » central, à Lui-même, en-deça de toute distinction de genre. Il ne saurait donc être question d’« égaler » ou de ne pas réussir à « égaler » l’Éveil de qui que ce soit.
  4. « Si nous apprenions le japonais et le chinois, le pâli et le sanskrit et, pour faire bonne mesure, le tibétain, nous deviendrions des érudits, peut-être même de grands universitaires, mais en serions-nous plus avancés ? Nous ne connaîtrions le bouddhisme que du dehors. Notre langue à nous, n’est-ce pas finalement le silence du zazen ? » La réponse est, bien entendu, oui : être silence d’accueil central de tous les sons périphériques. C’est très reposant dans nos si bruyantes (dis)sociétés.
  5. « Quelques-uns , pourtant, ont essayé d’exprimer ce qui leur était arrivé … dans la pensée de rendre service à autrui, pour lui montrer que de telles expériences n’avaient rien d’impossible, qu’elles étaient même à la portée de tout être de bonne volonté et au cœur pur. Jamais ils n’ont prétendu qu’il s’agissait d’un dépassement de la condition humaine, mais de sa réalisation, de son total accomplissement. » Douglas Harding répétait malicieusement que la seule qualification requise consiste à « être capable de vérifier si l’autobus arrive avant de traverser la rue ». Quant à ce « cœur pur » … reprécisons que la différence radicale entre développement personnel et spiritualité c’est ce que le zen appelle « mushotoku » : « sans but ni esprit de profit ». En contexte chrétien ça correspondrait à : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » [δωρεαν δοτε] (Matthieu 10, 8). C’est un excellent critère de discernement parmi les innombrables propositions – plus ou moins viables – sur le « marché » florissant des insatisfactions et souffrance humaines.
  6.  « Pour Thomas Merton, moine trappiste … on ne pouvait comparer les maîtres zen qu’aux grands mystiques chrétiens, par exemple Maître Eckhart ou saint Jean de la Croix. … à ce niveau là, mais seulement à ce niveau là, il n’existait plus d’incompatibilité entre la mystique chrétienne et le zen, ils pouvaient même se compléter l’un l’autre. » L’histoire des relations entre zen et christianisme est à la fois déjà ancienne et à peine commencée. La Vision du Soi selon Douglas Harding aurait sans doute un rôle essentiel à y jouer …
  7. « La survenue de l’Éveil … est au-delà de ce que l’homme entend et voit, puisqu’il s’agit d’un principe antérieur aux connaissances et aux perceptions. » (Dôgen Zenji – Fukanzazenji). Je préfère personnellement l’en-deça à « l’au-delà » … Et, j’insiste, la Vision du Soi offre de nombreuses façons de Voir – simplement, concrètement, joyeusement – que … l’Éveil est déjà là, intégralement. Qu’il serait bon et urgent de cesser de le refuser. Vérifiez !

Belle & bonne pratique.

Cordialement

 

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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