Pour célébrer mon 500° article sur Volte-espace, j’ai eu recours à « Un jour sans fin », le chef d’œuvre d’Harold Ramis, et je reste assez fier de ce rapprochement : la vie sans la Vision du Soi n’est en effet qu’un glacial « jour sans fin » dans ce « trou perdu » qu’est la zone « je suis humain » du dessin ci-dessous !
Pour fêter le 1000° article, je gardais en réserve un autre « truc » un peu dingue … mais vais-je tenir le coup jusque là … ? Le monde comme il va (mal) va-t-il me laisser le temps d’écrire encore 350 articles … ? Rien n’est moins sûr.
La mort de mon père cet été, le tsunami de connerie ambiante qui déferle continûment sur le monde (0), l’immense difficulté à faire à la Vision toute la place qu’elle mérite¹ … tout cela fait que je vous livre sans plus attendre cette parodie de « I will survive » par Javier Prato².
Oui je sais, cette vidéo qui a été virale sur youtube n’a plus rien de vraiment original et elle commence à dater terriblement … Tout reposera donc sur les commentaires, à lire tranquillement après avoir (re)vu ce clip et hurlé, de rire ou de rage, au choix !
Mais, quel rapport établir avec la Vision du Soi selon Douglas Harding … ?
Lorsque parfois en atelier il était question des qualifications exigées du « disciple » pour s’engager sur une voie spirituelle, Douglas prenait un malicieux plaisir à répondre que, concernant la Vision du Soi (Vision Sans Tête), absolument n’importe qui pouvait l’essayer et l’adopter, à la seule condition – sine qua non – suivante :
être capable de vérifier si l’autobus arrive avant de traverser la rue … !
Comme les émules du « Jésus » parodié ci-dessus (par Miguel Mas) ne courent fort heureusement pas les rues, c’était une manière habile de délivrer avec humour deux ou trois messages :
- il n’y a aucun prérequis à la Vision, la porte est grande ouverte, il suffit d’avoir l’audace de faire le premier pas. Comment pourrait-il en être autrement, comment imaginer la moindre « condition » pour re-trouver sa Vraie Nature, son « Visage Originel » … ? Ce serait se tromper complètement de niveau : les conditions comme le conditionnement ne relèvent que de la zone « je suis humain » du dessin ci-dessous, alors que la Vision consiste à retrouver le point de vue central … celui de la Liberté ultime
- les habituels prérequis listés par certaines voies spirituelles ne relèvent pas directement du « petit », de ce complexe corps & mental situé dans la zone « je suis humain » du dessin. Ces diverses qualités rejailliront indirectement sur le « petit », plus ou moins partiellement et temporairement, dans la mesure où il aura l’intelligence & l’humilité de céder la place au « Grand », à ce « Je Suis » central qui s’ouvre instantanément aux dimensions de l’univers.³
- comme toute voie spirituelle qui tient la route (… !), la Vision du Soi n’a aucune vocation à consoler de la disparition programmée du corps & mental. Ce qui a été composé sera inéluctablement décomposé. La nouvelle naissance, le « passage sur l’autre rive », l’éveil … – qu’elle facilite avec tant d’évidence, de simplicité et d’efficacité – a lieu dans cette vie-ci et nulle part ailleurs. A bon entendeur … salut !
Pour le plaisir de l’art et pour réfléchir aux raisons du succès de cette chanson, voici un petit saut en arrière de presque 40 ans … (4) :
Ci-dessous les paroles … dont la traduction commune sur le wouèbe pourrait sans mal être encore améliorée :
« At first I was afraid Au début, j’avais peur,
I was petrified J’étais pétrifiée
Kept thinking I could never live En pensant sans arrêt que je ne pourrais jamais vivre
without you by my side sans toi près de moi
But then I spent so many nights Mais depuis j’ai passé tant de nuits
thinking how you did me wrong à ruminer tout le mal que tu m’avais fait
And I grew strong Et je me suis endurcie
And I learned how to get along Et j’ai appris comment me débrouiller.
and so you’re back Et alors tu reviens
from outer space de nulle part
I just walked in to find you here Je suis entrée pour te trouver là
with that sad look upon your face avec ton triste visage
I should have changed that stupid lock J’aurais dû changer cette fichue serrure
I should have made you leave your key J’aurais dû reprendre ta clé
If I had known for just one second Si j’avais su une seule seconde
you’d be back to bother me que tu étais revenu pour m’emmerder.
Go on now go walk out the door Allez vas-y, sors d’ici
just turn around now Fais demi-tour maintenant
’cause you’re not welcome anymore car tu ne seras plus jamais le bienvenu
weren’t you the one who tried N’étais-tu pas celui qui a essayé to hurt me with goodbye de me faire du mal avec un adieu
Did you think I’d crumble Pensais-tu que je m’effondrerais,
Did you think I’d lay down and die pensais-tu que je traînerais par terre et que je mourrais
Oh no, not I Oh, non, pas moi,
I will survive je survivrai
Oh as long as I know how to love Oh, tant que je sais comment aimer
I know I will stay alive je sais que je resterai en vie
I’ve got all my life to live J’ai toute ma vie à vivre
I’ve got all my love to give et j’ai tout mon amour à donner
and I’ll survive Et je survivrai,
I will survive (hey-hey) je survivrai (hey-hey).
It took all the strength I had Ça m’a pris toute la force que j’avais
not to fall apart pour ne pas m’effondrer
kept trying hard to mend En essayant sans arrêt de réparer
the pieces of my broken heart les pièces de mon cœur brisé
and I spent oh so many nights Et j’ai passé, oh, tellement de nuits
just feeling sorry for myself à me désoler pour moi-même
I used to cry J’avais l’habitude de pleurer
But now I hold my head up high mais maintenant je relève la tête.
and you see me Et tu me vois,
somebody new quelqu’un de tout autre
I’m not that chained up little person Je ne suis pas cette petite personne enchaînée
still in love with you encore amoureuse de toi
and so you felt like dropping in Et donc tu te sens comme en terrain conquis
and just expect me to be free et t’attends juste à ce que je sois libre
and now I’m saving all my loving Mais maintenant je garde tout mon amour
for someone who’s loving me pour quelqu’un qui m’aime. »
Cordialement
0 – Les « fondamentalistes » de tous bords occupent une grande place dans ce déferlement de bêtise et de méchanceté, d’ignorance et de violence. Au lieu de brandir leurs livres saints comme des torches pour embraser le monde, ils feraient mieux de commencer par les lire soigneusement, par les comprendre en profondeur avec l’aide de personnes compétentes – comme Marie Balmary et d’autres – afin de parvenir à se libérer de la « religion de l’ogre », la pire, celle qui constitue le seul véritable blasphème …
Cela ne change pas grand chose, mais il serait préférable de leur donner leur vrai nom de « pharisiens » :
« Malheureux les pharisiens, ils sont pareils à un chien couché dans la mangeoire des bœufs : il ne mange pas, ni ne laisse les bœufs manger. »
Évangile de Thomas, logion 102
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. »
[Οὐαὶ ὑμῖν, γραμματεῖς καὶ Φαρισαῖοι, ὑποκριταί, ὅτι κλείετε τὴν βασιλείαν τῶν οὐρανῶν ἔμπροσθεν τῶν ἀνθρώπων: ὑμεῖς γὰρ οὐκ εἰσέρχεσθε, οὐδὲ τοὺς εἰσερχομένους ἀφίετε εἰσελθεῖν.]
Évangile de Matthieu 23, 14
Et n’oublions pas non plus les « fondamentalistes » économiques, les frères en absurdité des premiers cités ci-dessus, leurs doubles recouverts d’un si mince vernis de respectabilité.
Alors certes, « Lire délivre », mais la Vision du Soi peut elle aussi considérablement aider à réaliser cette liberté qui est notre vraie nature à tous. Il sera toujours temps de vérifier ensuite si « les experts ont bien pigé le truc ». N’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !
¹ – Soyons clair. Là je ne parle pas de ma situation personnelle : j’habite dans cette belle « demeure » qu’est la Vision du Soi aussi continûment que possible, même « s’il m’arrive encore parfois de ne pas y penser ». Non, je parle de « l’obligation du partage« de la Vision … qui est tout sauf simple.
En fait la Vision c’est comme l’Amour : en général on préfère essayer d’abord toutes les absurdités disponibles sur le marché, et dieu sait s’il y en a – pour un tel inventaire il faudrait un Prévert ! – plutôt que de se résoudre à opter sans plus attendre et « sans hésiter » pour ce qu’on a d’emblée reconnu comme la seule solution viable, l’évidence … Il s’agit d’un réflexe qui nous coûte excessivement cher, aussi bien individuellement que collectivement.
² – Vidéo que mon ami Laurent G. avait eu la gentillesse de me transmettre. Encore merci Laurent.
³ – J’ai essayé d’écrire quelques mots sur ce phénomène dans le contexte du yoga, avec cet « asteya » généralement traduit par « désintéressement parfait ». Au fait, vous connaissez beaucoup de pratiquants – élèves ou professeurs – qui sont parvenus à cet achèvement … ?
4 – Je suis persuadé que la plupart des « tubes » offrent la possibilité d’un niveau d’écoute et de lecture plus fin, sous-jacent et situé sur un tout autre plan, sur le plan du « Tout Autre » peut-être … Vérifiez avec vos chansons préférées !
5 – Quelques remarques à propos de ces paroles, mais en considérant que le « toi » de la chanson peut aussi représenter le « petit moi », l’ego :
- qui n’aurait pas peur à la perspective de vivre au-delà, ou plus exactement en-deçà du « moi » ? Cette peur de la métamorphose est si intense qu’elle nous « pétrifie », alors que vivre sur le seul registre du corps & mental – le corps & âme de Michel Fromaget – c’est comme vivre une « mort », avec une pierre qui ferme le tombeau …
- cette vie dirigée par un « moi » tout puissant finit rapidement par nous faire beaucoup de « mal ». Une spiritualité bien comprise peut alors nous permettre d’apprendre à vivre avec un « corps & mental » replacé à sa juste place de serviteur docile. Plutôt que de « s’endurcir », mieux vaut opter pour un atelier de Vision du Soi … !
- mais le « moi » ne cède pas la place si facilement. C’est un peu l’Hydre de Lerne … une sacrée collection de têtes à couper ! Un combat sans fin, un défi des plus intéressants, l’assurance d’une vie qui vaut la peine d’être vécue.
- bien sûr que l’on « survivra » en cessant de vivoter uniquement dans la zone « je suis humain » du dessin ci-dessus. On passe même littéralement du mode « survie » en mode « sur Vie », d’une pseudo vie, d’une vie rabougrie dans laquelle il est impossible d’aimer, à une véritable Vie pleine et riche, dans laquelle il est impossible de ne pas aimer.
- « savoir comment aimer » est en fait assez simple … Quelques expériences de Vision du Soi et hop, le (demi)tour est joué ! Mais n’en croyez surtout pas un traître mot, essayez, vérifiez !
- seulement cette métamorphose ne va pas se faire toute seule, elle requiert notre engagement total, « toute la force » disponible. Si la Vision du Soi peut vous garantir cet éveil qui ne constitue que le début du chemin, elle ne va certes pas parcourir le reste à votre place. « There is no short cut » … « You will have to pay the full price », pour reprendre quelques expressions de Svâmi Prajnanpad.
- à vous maintenant de « relever » … votre absence de « tête » et de vérifier que la Source, le Soi, … vous aime !