« Il y a quatre ans le cancer¹ et son arrivée brutale m’a rappelé dans la douleur une évidence à méditer pour toute personne engagée sur une voie spirituelle, quelle qu’en soit la forme :
l’Essentiel réside dans la pratique, maintenant.²
Jusque-là tout le monde est d’accord. Mais le secret de la pratique réside dans l’engagement et dans l’intensité de cette fameuse pratique. Dit autrement, de manière familière, il existe une pratique « plan-plan », tiède, cool, peu exigeante, une pratique de « train-train » dont le mental arrive à nous persuader que c’est bien suffisant.³
La vraie pratique est toute autre. C’est celle où je joue ma peau, celle qui s’impose quand l’incertitude et la mort rôdent, la pratique du guerrier sur le champ de bataille, « férir ou périr » selon l’expression du Moyen-âge. (4)
Le paradoxe est que cette pratique intense est une pratique de non action, d’abandon, de lâcher-prise, de détente, de simplicité, d’innocence, d’émerveillement et de Joie. Or nous associons généralement l’intensité du guerrier à l’action, l’affirmation, la tension, la volonté, l’héroïsme et le drame. (5)
Nous sommes dans une situation où l’incertitude et la mort rôdent, nous sommes donc dans une situation favorable à l’expérience de ce paradoxe. Nous sommes dans la meilleure situation pour une pratique intense et détendue, une pratique connectée à l’Essentiel, une pratique joyeuse.
Nous sommes dans une situation – différente pour chacun – qui est réellement favorable pour faire de notre quotidien un Ashram. (6)
…
Christiane Singer a écrit il y a presque trente ans :
« Le défi de notre époque n’est ni un défi économique, ni un défi politique, ni un défi scientifique, c’est un défi d’ordre à la fois psychique et mystique.
Si dans ce monde où elle menace de disparaître, nous ne réveillons pas en nous la dimension d’éternité, de contemplation, d’accueil, la dimension féminine et sacrée. Si nous ne créons pas ces enclaves de silence où la frénésie se trouve suspendue, nous aurons oublié nos vocations d’hommes et de femmes. » (7)
Imprégnons nos quotidiens d’Essentiel.
… (8)
Courage. Confiance.
Alain et Corinne
Mardi 21 avril 2020
Cordialement
0 – Que ce ce titre martial ne vous rebute pas, surtout en cette période de pandémie de Covid-19 que d’aucuns assimilent – stupidement – à une « guerre ». L’indispensable mise au point concernant cette expression intervient juste en-dessous de la première illustration.
Il convient de ne pas se tromper de registre : le véritable « guerrier » dont il est ici question a toujours été, est et sera toujours celui qui s’engage dans « une transformation … totale du sens de la grandeur ». C’est un quidam extrêmement rare !
¹ – Les « happy few » proches d’Alain connaissent son histoire récente.
En lien direct avec celle-ci, quelques billets d’ipapy méritent toujours le détour :
- une conférence du cancérologue Laurent Schwartz en 2017. Elle se retrouve dans les Publications de l’association « Guérir du cancer ».
- l’information concernant la réédition de « Cancer : être acteur de son traitement » des docteurs Dumas et Ménat.
- le livre de Karine Cochonat, « Un cadeau singulier ».
Un des commentaires évoque également l’existence du blog « cancer je me soigne ».
Sur volte-espace :
² – J’avais été très heureux de mettre ici à disposition de tous un vieil éditorial (mars 1994) d’Alain Bayod : « Les deux malentendus », qui traite de cette question, essentielle entre toutes, de « la pratique, maintenant », et contenant ce dialogue surréaliste :
« Est-ce que vous vous êtes entraîné souvent ? »
« Non très peu, pour ainsi dire pas du tout, mais quel rapport ? »
NB : l’insertion de la photo du visage d’Alain dans ce dessin du « Lotus bleu » doit dater plus ou moins de cette époque. J’ignore qui est le responsable de cette sympathique plaisanterie … en lien direct avec la Vision du Soi (Vision Sans Tête). C’est assurément le fait d’avoir rencontré cette dernière qui permettait à Alain de conclure ainsi :
« Alors si vous entendez quelqu’un remettre en cause des croyances comme le fait de mourir, le fait d’être incarné, si vous entendez, de plus, des gens vous dire que vous êtes parfait, que votre vraie nature est divine, que ce corps n’est qu’un véhicule terrestre, que vous êtes la pure conscience au delà du temps, de l’espace et de la causalité, est-ce que cela a un sens ou non «
Vous connaissez sans doute cet adage zen, généralement attribué à Maître Dogen, qui dit, en gros : « la pratique c’est l’éveil, l’éveil c’est la pratique ». La traduction en termes de Vision du Soi selon Douglas Harding donne : pratiquer, c’est être espace d’accueil illimité & inconditionnel, être espace d’accueil illimité & inconditionnel, c’est pratiquer.
Est-ce qu’il est difficile de Voir – que nous sommes – cet espace ? Non, c’est au contraire l’évidence même. Parce que c’est « notre autoportrait », notre « visage originel », parce que nous sommes – tous – construits comme cela, d’une part. Et parce que nous disposons de la géniale panoplie d’expériences que Douglas nous a si généreusement léguée, d’autre part.
Dans un atelier, à moins de faire preuve d’énormément de mauvaise volonté, …
«… chaque participant ayant fait pivoter son attention de 180 degrés, et l’ayant portée sur ce qu’il est pour lui-même, selon sa propre expérience de l’instant présent […] voit sa véritable nature, même si ce n’est que brièvement et provisoirement. »
Mais coïncider en permanence avec Ce que nous sommes nécessite cependant une « discipline assidue ». Les « imbéciles » qui, souvent sans même l’avoir testée, dénigrent une Vision du Soi qui serait trop « facile », pas assez « exigeante », dénuée de la « grandeur du combat spirituel » sont à cet égard dans l’erreur la plus totale.
« Ce qu’il fera ensuite de cette vision intérieure, s’il la pratiquera jusqu’à ce qu’elle devienne stable et naturelle, et donc parfaitement efficace, c’est là une autre question. »
« Dans notre méthode, méditer en vue de l’Illumination consiste à en jouir. »
³ – Ces mots, « engagement et « intensité », m’évoquent une phrase d’Arnaud Desjardins :
« Un OUI à 99 %, c’est un NON à 100 % ».
Comment parvenir à une certitude à 100 % concernant Ce que Je Suis ? Je colle ci-dessous un paragraphe de l’ancien billet accessible par le lien précédent :
Je suis certain que les expériences de Vision du Soi mises au point par Douglas Harding permettent à toute personne de bonne volonté de faire ce voyage essentiel, d’environ un mètre, depuis son apparence périphérique [« je suis humain »] jusqu’à sa réalité centrale [« Je Suis »]. D’en faire l’expérience physique immédiate, et pas de se contenter de descriptions de l’itinéraire de seconde main, aussi prestigieuses, précises, poétiques, exotiques, … soient-elles.
Qui nécessite au moins ces deux compléments :
- pour recueillir l’apport décisif de ce voyage d’un mètre lors d’un atelier de Vision du Soi, en plus de bonne volonté, encore faut-il être bien conscient de la réalité de sa situation dans la seule zone « je suis humain » de la carte ci-dessus, désespérée, et éprouver le désir farouche d’en sortir. Même si je suis en très bonne santé, aimé, comblé, … me contenter d’une part aussi réduite et limitée de la totalité constitue une impasse, la négation et l’échec de l’accomplissement d’une plénitude humaine promise et possible.
- plus que d’une expérience immédiate seulement « physique », ce qui constitue déjà un fabuleux progrès par rapport à la simple consultation des récits de voyages de tierces personnes, cette expérience est véritablement totale, « corps & âme – esprit ». Seul ce déplacement – « the shortest way home » – permet à « l’âme », c’est à dire au mental, conscient & inconscient, de … reposer en paix ! Et c’est aussi, en notre époque moderne où un progrès « élan vers le pire » fait rage, un des très rares moyens efficaces d’accéder au … mystère de l’Esprit. N’en croyez bien sûr pas un traître mot, essayez, vérifiez !
Bref, la pratique de la Vision du Soi n’est en rien « une pratique « plan-plan », tiède, cool, peu exigeante, une pratique de « train-train » dont le mental arrive à nous persuader que c’est bien suffisant ».
En revanche, ce qui peut ressembler à ce « plan-plan tiède », c’est le partage de la Vision du Soi. Alain a fait le maximum, à Ardenne, dans l’entre-deux, puis au sein du contexte pas si facilitant que cela d’Hauteville. J’ai d’ailleurs du mal à imaginer un avenir florissant pour la Vision du Soi à Hauteville une fois qu’Alain s’en sera retiré … C’est surtout regrettable pour les chercheurs qui fréquentent cet endroit.
Est-ce que moi-même, avec la maintenance et le développement de ce site volte-espace, et sans engagement plus actif dans l’organisation d’ateliers réguliers, je ne serais pas en train de m’assoupir dans un « train-train bien suffisant » ? Je crois bien que si, et il va donc falloir réagir. Une fois de plus, merci Alain pour ce « little push ».
Est-ce que l’association des Amis de Douglas Harding agit au mieux de son efficacité, construit patiemment cette « communauté » spécifique des amis de la Vision … ?
4 – Faut-il que nous soyons profondément inconscients, si ce n’est idiots, pour ne pas voir que « l’incertitude et la mort rôdent » partout et toujours ! Et très précisément l’incertitude qui nous concerne personnellement et notre mort. En plus de toutes les maladies graves et de celles relatives aux soins, des accidents de circulation, domestiques et de loisirs, de la délinquance et du terrorisme, … il se trouve que nous sommes tous affectés par cette maladie mortelle, sexuellement transmissible et incurable appelée la vie. Douglas affectionnait la formule suivante :
« Naître, c’est entrer dans un long couloir de la mort ».
« Férir ou périr » : le verbe « férir » qui date du Xe siècle provient du latin « ferire » qui voulait dire « frapper ». Sans coup férir voulait initialement dire « sans frapper de coup », « sans combattre ».
À la fin du XIIe siècle, par extension, il a aussi signifié « se faire aimer de » ce qui s’explique par le fait que celui qui se fait aimer « frappe l’autre au cœur ». Plutôt intéressant ce glissement sémantique, non ? Et du plus grand intérêt pratique pour préciser le choix devant lequel chacun d’entre nous est placé : retrouver notre nature d’espace d’accueil illimité & inconditionnel, fondement d’un amour & agapé possible, ou périr.
5 – Cet oxymore d’une ascèse détendue n’est guère nouveau, puisque le Yoga-Sutra 1, 12 propose déjà cette combinaison paradoxale et indispensable :
« Abhyâsa-vaïrâgyâbhyâm tan-nirodhah »
« L’arrêt des pensée automatiques s’obtient par une pratique intense dans un esprit de lâcher-prise. »
Et Alain a longtemps été professeur de yoga au sens habituel du terme, et est toujours professeur de yoga au sens propre du terme. Son exigence tous azimuts l’a toujours tenu éloigné de toute forme de « yoga-spirine ».
La carte de la note n° 3 peut aussi aider à mieux comprendre le sens du lâcher-prise. « L’action, l’affirmation, la tension, la volonté, l’héroïsme … » qui conduisent nécessairement au « drame », se jouent dans l’étroite zone « je suis humain ». Seul le déplacement réel au Centre, en « Je Suis », constitue ce « lâcher-prise », généralement très mal compris. La seule action héroïque d’une vie humaine consiste à accomplir ce court voyage d’un mètre.
La Vision du Soi est un chemin difficile parce que pavé de « non action, abandon, … détente, simplicité, innocence », autant d’attitudes qui ne sont pas particulièrement valorisées par notre époque moderne. Mais il est en mesure de vous conduire sûrement à « l’émerveillement et à la Joie ». La Joie majuscule, la Joie sans objet, la Joie d’être la Source de l’Amour … Essayez, vérifiez !
6 – Toute situation est parfaitement favorable à l’expérience, à la fois paradoxale et évidente, aussi sérieuse que joyeuse, de l’asymétrie. Essayez, vérifiez !
« Faire de notre quotidien un Ashram … » ? Cette référence à l’ashram est bien sûr centrale pour Alain qui a étudié et travaillé dans plusieurs, dont Hauteville, et qui, avec Claudie et d’autres, en a créé et dirigé un : Ardenne. J’ai pour ma part une grande réserve envers toute structure collective de recherche spirituelle depuis que j’ai eu le bonheur de rencontrer Douglas et la Vision du Soi … Ça correspond aussi à ma nature qui, pour le meilleur et pour le pire, apprécie la « traversée en solitaire ».
7 – Les « happy few » lecteurs de volte-espace savent à quel point j’apprécie Christiane Singer. La citation provient d’une conférence prononcée à l’université de Cordoue en mars 1989, lors d’un colloque intitulé « Le futur de l’homme – un nouvel humanisme ? » Le texte intégral se trouve dans le recueil « Du bon usage des crises ».
Essayons d’actualiser ce texte : « Le défi de … la pandémie de Covid-19 n’est ni un défi économique, ni un défi politique, ni un défi scientifique, c’est un défi d’ordre à la fois psychique … retrouver le sens de la mesure … et mystique … réaliser que nous sommes cet espace accueil illimité qu’évoque toute la « Philosophie Éternelle » depuis .. toujours. Si dans ce monde où elle menace de disparaître, nous ne réveillons pas en nous la dimension d’éternité, de contemplation, d’accueil, la dimension féminine et sacrée. Si nous ne créons pas ces enclaves de silence où la frénésie … de production & consommation/compensation … se trouve suspendue, nous aurons oublié nos vocations d’hommes et de femmes. Et nous contribuerons activement à la destruction du monde. »
En complément du petit jeu d’insertion ci-dessus :
- l’aspect mystique précède nécessairement l’aspect psychique : ce n’est qu’en réalisant notre vraie nature d’espace d’accueil illimité que nous retrouverons, naturellement, le sens de la mesure dans nos divers comportements.
- la dimension sacrée est-elle nécessairement « féminine » … ? Vaste débat ! N’est-elle pas plutôt spécifiquement humaine ? N’est-ce pas en retrouvant « la dimension d’éternité » – le « Je Suis » central & la totalité de la carte ci-dessus – notre dimension « divine » si cela vous convient de la nommer ainsi, que nous devenons pleinement humain ?
- il n’y a en fait rien à « créer » : nous sommes construits comme le montre la carte de la note n° 3 ci-dessus. Plutôt une bonne nouvelle, non ?
8 – Ces trois petits points … concernent dans l’article d’origine les « rendez-vous quotidiens » proposés par Alain & Corinne. Durant cette période de confinement, je me suis personnellement contenté, à tous les sens du terme, d’un « Please, continue zazen ».
&
Un commentaire au billet d’Alain sur ipapy mentionnait cette belle citation de Rabbi Nahman :
« Tu ne sais pas à quel point tu ne sais pas ce que tu ne sais pas. »
Il y aurait quelque chose à développer sur le thème : Tu ne vois pas à quel point tu ne vois pas ce que tu ne vois pas … !
5 réponses sur « La Voie du guerrier »
Que de commentaires de votre part, cher Jean-Marc, sur cette page, et qui dément quelque peu l’idée de simplicité de la Vision sans tête! Mais c’est là l’un des nombreux paradoxes de toute vie spirituelle… La photo de Christiane Singer me donne à penser: une double photo, celle d’un visage surexposé sur celle d’un corps. Or, la photo du visage très féminin de Ch. Singer, très séduisant aussi, ne cadre guère avec celle du corps de la même personne. Corps en position de méditation, mais d’allure très androgyne au demeurant, et presque inquiétant! Un corps de guerrier ou de guerrière, prêt au combat, en somme, qui se virilise, et qui doit correspondre à la Voie du guerrier en question. Cette image très orientale du guerrier mystique fut déjà reprise et recyclée par le Zen et son côté samouraï, puis le bouddhisme tibétain – Chogyam Trungpa et sa voie du guerrier lamaïste annonçant cet étrange royaume de Shambala d’une folle ambiguïté -, mais aussi le shivaïsme du Cachemire et sa voie belliqueuse d’essence sacrificielle, à l’image de son Dieu terrifiant et cruel, et quelques autres encore… Comme si l’idée même de virilité, écartée et combattue par l’injonction de la non-violence dans la plupart des spiritualités et des sagesses, faisait un étrange retour et s’imposait par des voies inattendues au sein de ces mêmes spiritualités… C’est en tout cas ce que cette voie m’inspire en vous lisant et en lisant les auteurs que vous citez… Bruno
Bonjour Bruno,
C’est toujours un grand plaisir pour moi d’engager un dialogue, par billets interposés, avec mon ami Alain Bayod, l’ami de bien qui m’a fait découvrir la Vision du Soi et qui m’a encouragé à la valoriser. Et vous savez que quand on aime, on ne compte pas … ni les lignes, ni le temps. Son billet est riche de sens et a donc suscité de (trop) nombreux commentaires, avec renvois à des références, des liens … Vous avez bien raison : réfléchir & écrire a tendance à compliquer cette Vision intrinsèquement simple. Mais, d’une part cela me permet de la faire exister dans l’océan du wouèbe, et d’autre part cela affine ma propre compréhension, pas juste pour le plaisir, mais pour être en mesure d’animer de meilleurs ateliers. Rappel : hors de l’atelier point de salut !
Le paradoxe de la vie spirituelle a été bien formulé par Yvan Amar : « Le miracle ce n’est pas de s’éveiller, le miracle c’est de ne pas s’éveiller. Comment faites vous pour ne pas vous éveiller ? Vous êtes des ascètes fantastiques ! »
La posture de méditation est effectivement une posture de « combat » … à mille lieues de toute imagerie guerrière fantasmée. Elle ramène notamment en-deçà du genre, viril ou féminin. Il y a bien longtemps que Paul a écrit son fameux « ni homme, ni femme », mais qui se soucie encore de Galates 3,28 aujourd’hui ? Vous même ne semblez guère sensible à sa proposition …
Shiva … « Dieu terrifiant et cruel » ? La destruction de ce qui a fait son temps est … nécessaire, indispensable même. La « crise », c’est surtout le « vieux monde » qui ne veut pas mourir … Tout n’est pas à conserver indéfiniment. Il y aurait bien besoin de quelques « shivaïstes du Cachemire » dans les gouvernements afin d’accéder à un monde d’après plus viable et plus durable !
Bonne journée
Jean Marc
Je laisse un dernier commentaire sur votre site, cher Jean-Marc, et ne vous importunerai désormais plus avec mes réactions.
Autant d’échanges entre nous, et d’une grande richesse comme d’une belle profondeur, est déjà remarquable en soi par les temps qui courent, et me semblent amplement suffisants. Et je ne ferai que prendre de vos nouvelles de temps à autre, en toute cordialité.
Je vous quitte en vous adressant trois simples remarques qui clôtureront nos vifs et profonds échanges :
– Tout d’abord et encore une fois, je tiens à vous remercier pour votre accueil. Et votre ouverture d’esprit. Vous méritez amplement d’être soutenu, vous et votre site. Pour un autodidacte, cela représente un itinéraire qui mérite respect et reconnaissance. Et je sais de quoi je parle!
– Ensuite, je tiens à vous féliciter d’avoir courageusement pris position contre certains charlatans de la spiritualité. Cela ne va pas de soi et exige effectivement du courage. Là aussi, pour avoir plus d’une fois dénoncé l’imposture spirituelle contemporaine, je sais de quoi il en retourne et ce que cela peut coûter de s’engager ainsi. Surtout lorsqu’on n’est pas soutenu, et que la mentalité actuelle impose de ne jamais rien critiquer, ni de s’élever contre ce qui fait scandale, au nom de principes débiles et de valeurs ineptes, comme la bienveillance ou la compassion dont on fait un usage malsain et qui servent les impostures en tous genres…
– Enfin, je ne peux que vous encourager à persévérer dans votre voie qui conjoint une pratique des expériences spirituelles, comme celle de la Vision du Soi, et une réflexion plus intellectuelle et théorique qui parcourt votre site. Ce qui est une belle approche très équilibrée de la vie spirituelle et qui tient compte de l’adage selon lequel « le sommeil de la raison engendre des monstres »… Je ne doute pas qu’un jour vous trouverez la pointe ultime de ce que vous recherchez avec autant de persévérance.
J’espère aussi que vous pourrez percer à jour d’autres murailles, notamment celles qui paraissent pures et impeccables, mais qui peuvent se révèlent beaucoup plus opaques et spirituellement encore plus controuvées. Car c’est ainsi que l’on progresse réellement, en démystifiant ce qui doit l’être, en apprenant aussi à penser contre soi-même, à remettre en cause bien des évidences qu’on ne songeait jamais à interroger auparavant, de peur de découvrir ce qu’elles peuvent cacher, ou de peur de souffrir aussi et surtout de s’avancer enfin seul sur la Voie…
Si un jour nos routes se croisent, je serais heureux de vous saluer et de converser de vive voix avec vous…
Bien cordialement
Bruno
L entraide vient apres l individualisme et l égoïsme,aussi la simplicité après les complications.En sachant cela,pédaler dans la choucroute devient motivant et moins désagréable.Un bémol:partager les difficultés est un bon garde fou pour le dire gentiment.
Salut Denis,
J’espère que tes jardins n’ont pas trop souffert des rafales de vent de la journée d’hier.
Ton commentaire étant assez bref, j’espère que ma « réponse » ne tombera pas trop à coté …
« L’individualisme et l’égoïsme » sont des impasses, des illusions, des erreurs, … Mais elles peuvent durer longtemps, surtout lorsqu’elles sont activement soutenues, que dis-je, promues par la (dis)société actuelle.
En fait la spiritualité bien comprise, ou la sagesse pour utiliser un mot moins connoté, ne sont rien d’autre que des techniques pour en sortir plus rapidement & efficacement qu’en laissant faire le temps qui passe. Pour, comme Svâmi Prajnânpad, parvenir à « être un avec tout ». A ce point là, ce n’est d’ailleurs même plus le mot « entraide » qu’il convient d’utiliser. Je participe humblement & intelligemment au bon fonctionnement du tout que … je suis.
Il me semble que Vision du Soi et méditation sont des aides précieuses pour réaliser cela, Cela …
Il me semble que ce sont aussi de sacrés bons moyens pour découvrir « la simplicité après les complications ». Le billet intitulé « Les choses essentielles sont simples » s’inscrit dans cette perspective. Mais la plupart des gens craignent de perdre en intensité (de sensation et de compréhension) en allant vers le plus simple. Alors que c’est en général l’inverse qui se produit.
Plutôt que « pédaler » dedans, mangeons donc de la choucroute, si possible crue, pour stimuler nos immunités défaillantes ! Et faisons attention à ne pas nous complaire dans nos difficultés, notre prétendue petitesse. Il est tellement évident de Voir à quel point nous sommes grands en réalité, tous. Espace d’accueil illimité et inconditionnel. Acceptons de commencer par cette plénitude là et, comme le proposait Arnaud, voyons si ça dure … Ça demande du travail, une « pratique assidue », bien évidemment, comme tout le reste.
Cordialement
Jean Marc