« Ces citations¹ émanent de mystiques de toute traditions et sont centrées sur la perspective de Qui nous sommes réellement, l’Essentiel, la Réalité Éternelle au cœur de tous les êtres.
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« Certains n’ont jamais entendu parler du Soi, d’autres en ont entendu parler mais ne Le trouvent pas. Celui qui Le trouve est émerveillé par le monde, celui qui en hérite de son maître est émerveillé par le monde. Le sage qui médite en Dieu, qui se concentre sur ses pensées, qui découvre dans la gueule de la caverne, plus profondément dans la caverne, ce Soi, cet ancien Soi, difficile à imaginer, plus difficile à comprendre encore, passe au-delà de la joie et de du chagrin.
Au-dessus de la nature manifestée, la graine non manifestée ; au-dessus de la graine non manifestée, Dieu. Dieu est le but ; au-delà de Lui, rien. Dieu ne se proclame pas Lui-même, Il est le secret de tous.
Celui qui connaît le sans-son, sans-odeur, sans-goût, l’intangible, sans-forme, sans-mort, le supernaturel, imputrescible, le sans-commencement, sans-fin, l’inchangeable Réalité, surgit hors de la bouche de la Mort.
Dieu a fait les sens tournés vers l’extérieur, l’homme, par conséquent, regarde vers l’extérieur, pas en lui-même. Maintenant, et encore, une âme audacieuse, désirant l’immortalité, a retourné son regard et s’est trouvée elle-même.
Dites au mental que seul l’Unique est. Celui qui divise l’Unique erre sans but de mort en mort. Il est l’Unique, le Gouverneur, le Soi de tous, le Créateur de la multiplicité dans l’unicité. Celui qui ose Le découvrir en lui se réjouit, quoi d’autre pourrait vous réjouir ?
Il est l’impérissable parmi les choses périssables. Il est la Vie de toutes les vies, et bien qu’il soit unique il satisfait le désir de tous les hommes. Celui qui ose Le découvrir connaît la paix, quoi d’autre ose connaître la paix ?
Aucun œil ne peut Le voir, Il n’a pas non plus de visage à montrer, alors par la méditation et par la discipline, Il peut être découvert dans notre cœur. Celui qui le trouve entre dans une vie sans mort. »
Commentaire
« Les mots tirés de ce texte hindouiste ancien sont un appel passionné à l’introspection, à une joyeuse célébration du Soi Unique dans tous les êtres. Le Soi ne sera pas trouvé à l’ »extérieur », dans les objets – car ce n’est pas un objet, même subtil. C’est le sujet, l’unique, Seul et Unique. C’est Vous, plus proche de vous que votre propre respiration, vos pensées ou quoi que ce soit d’autre. C’est l’Unique qui lit ces mots. Il n’a pas de forme, ni aucune autre caractéristique. C’est celui que nous sommes vraiment.
Retournez votre attention de 180° et prêtez attention à vous, le Voyant, et vous trouverez le Soi. Il est Qui vous êtes au Centre. Ici, au Centre, vous n’êtes pas une « chose ». Vous êtes l’espace éveillé dans lequel toute chose apparaît, dans lequel toute vie s’épanouit.
Oui mais vous êtes aussi une personne, vous avez un nom, une nationalité, une date de naissance et un jour de mort. Mais ce n’est pas votre identité la plus profonde. Votre personnalité est l’une de vos apparences, pas votre réalité. Plus proche de vous que votre apparence, plus proche que votre moi, réside le simple et indivisible SOI, l’innominé et mystérieux espace de Conscience. Nous prenons grand soin d’ignorer cet espace » focalisant plutôt notre attention sur les choses du monde, depuis nos pensées et sentiments intimes jusqu’aux différents niveaux du monde « extérieur ». Mais nous avons besoin de ne pas ignorer notre Réalité.
En même temps que nous prêtons attention à la complexité de la vie, nous pouvons être conscients de l’Espace dans lequel les choses apparaissent. C’est cela être Centré – dans le Soi sans forme, au cœur de toute vie. Lorsque nous sommes éveillés à notre vraie nature d’ »espace », jour après jour, nous sommes amenés à réaliser quelle infinie ressource elle représente. Quelle chance a celui ou celle qui reconnaît sa Source, son trésor, et le prend suffisamment au sérieux pour en nourrir la conscience chaque jour de sa vie.
Vous êtes là à lire ces lignes, mais le point essentiel est le suivant : qui lit ces mots ?
« Il n’a pas non plus de visage à montrer » dit la Katha Upanishad. Les autres peuvent voir votre visage, votre apparence, mais vous, pouvez-vous, à cet instant précis, faire de même sans miroir ? Plus près de vous qu’aucune de vos apparences se situe votre vrai Soi – c’est ce que le bouddhisme zen appelle votre Visage Originel, « le visage que vous aviez avant la naissance de vos parents ». Tous les vrais chemins vous ramènent à la maison dans la direction du vrai fondement de votre être, qui est l’Être. S’éveiller au Soi est le sens le plus profond de la vie. Puisse chacun d’entre nous s’éveiller à qui nous sommes vraiment. »
Cordialement
¹ – Ces « Citations de mystiques commentées par Richard Lang » figurent intégralement sur le site visionsanstete.com
La partie consacrée à la Katha Upanishad est placée entre celle concernant Lao Tseu et quatre autres : Jan de Ruysbroeck, Thomas Traherne, Maître Eckhart et Rûmî.
Le texte a été initialement traduit par Laurent Sarthou. J’ai légèrement modifié par endroits cette traduction.
² – Il n’est plus possible d’établir un lien vers l’admirable site de Martine Buttex, l’auteure de « 108 Upanishads ». Je vous recommande donc vivement son livre – une somme, un trésor – édité par Dervy.
NB : j’ai laissé la traduction proposée en l’état, mais elle me semble très largement améliorable. L’essentiel n’est pas là, certes, mais autant disposer de la traduction la plus fluide possible.