« Le meilleur jour de ma vie – ma renaissance pour être exact – fut le jour où je me découvris sans tête.
Ce n’est pas une figure de style ou un paradoxe pour susciter à tout prix l’intérêt.
Je suis tout à fait sérieux : je n’ai pas de tête. … »
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« The best day of my life – my rebirthday, so to speak – was when I found I had no head.
This is not a literary gambit, a witticism designed to arouse interest at any cost.
I mean it in all seriousness : I have no head. »
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Les « happy few » lecteurs de volte-espace auront reconnu le premier paragraphe de « Vision », chapitre initial de « Vivre Sans Tête – Une contribution au zen en occident ». Le désir m’est venu de reprendre, paragraphe par paragraphe, ce texte fondateur en proposant une traduction parfois légèrement différente de celle de Catherine et quelques commentaires. La considération finale de l’ensemble du texte peut conduire à retoucher un peu chaque partie.
Il se pourrait que ce simple & court, dense & inépuisable texte de Douglas Harding « pèse » aussi lourd que l’ensemble de toutes vos autres lectures spirituelles … Il vous donnera peut-être envie de participer à un atelier de Vision du Soi, de transformer le « ouï-dire » en expérience personnelle, les concept en percepts …
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- Le beau ou le bon … ? Bonne ou belle journée que celle que Douglas relate ? Sans faire un excessif détour via la convertibilité des transcendantaux (le Vrai, le Bon, le Beau), il me semble utile de se démarquer de la tendance (moins affirmée lors de la traduction française en 1978, mais très actuelle) à tout esthétiser. Je reste donc dans la ligne du « bon » et -comme Douglas – je vous propose « simply the best » !
Son exceptionnelle modestie l’avait retenu de reprendre la formulation & refrain de « Dieu » à chaque étape de son œuvre créatrice :
« D. vit que cela était bon »
[καὶ εἶδεν ὁ θεὸς ὅτι καλόν]
- choix de la simplicité également pour ce « rebirthday » : re-naissance. En 1978 le contexte incitait moins à se démarquer du tsunami évangélique qui allait suivre … et engendrer nombre de « christians born again » assez peu fréquentables.
La solide culture biblique de Douglas établissait vraisemblablement la correspondance avec les « naître à nouveau, naître d’en haut, d’eau et de Souffle & Esprit … » du discours de Jésus et Nicodème en Jean 3, 1-12.
Le verset 6 …
« Ce qui naît de la chair est chair;
ce qui naît du souffle est souffle. » (Chouraqui)
[το γεγεννημενον εκ της σαρκος σαρξ εστιν και το γεγεννημενον εκ του πνευματος πνευμα εστιν]
… se lit encore mieux avec la carte de notre « autoportrait » à tous : la « chair » – c’est-à-dire le complexe corps & mental relève de la zone périphérique « je suis humain », alors que le « souffle » procède du « Je Suis » central.
- dans le déluge informationnel qui nous a définitivement submergés assez rares sont ceux qui connaitront un jour l’existence d’une « Headless vision ». Et malheureusement la plupart d’entre eux ne la considèreront que comme une « figure de style ou un paradoxe pour susciter à tout prix l’intérêt ». Malgré l’exceptionnelle efficacité des expériences de Vision du Soi élaborées par Douglas pour parvenir au même constat absolument clair que lui :« je n’ai pas de tête », il semblerait que cet aboutissement n’intéresse guère … Je dois bien avouer que parfois ce mystère m’accable …
Cordialement
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NB : traduction originale de Catherine Harding :
« Le plus beau jour de ma vie – ma nouvelle naissance en quelque sorte – fut le jour où je découvris que je n’avais pas de tête. Ceci n’est pas un jeu de mots, une boutade pour susciter l’intérêt coûte que coûte. Je l’entends tout à fait sérieusement : je n’ai pas de tête. … »