Cf. l’introduction à cette série d’articles dans « Objections et réponses » – 1
Question : « Malgré tout, le bon sens¹ s’oppose à votre argumentation. Si je n’ai ici ni tête, ni visage, ni yeux, comment diable se fait-il que je vous vois, et du reste à quoi servent les yeux ?
Réponses : La vérité est que le verbe voir a deux significations diamétralement opposées. Lorsque nous observons un couple en train de converser, nous disons que ces personnes se voient l’une l’autre, même si leurs visages restent intacts et distants de quelques dizaines de centimètres ; mais lorsque moi je vous vois, votre visage est tout, le mien n’est rien. Vous me réduisez à rien. Malgré tout (vraiment le langage du bon sens fait fameusement obstacle à l’Illumination²) nous utilisons le même petit mot dans les deux opérations : et bien sûr un même mot est censé désigner une même chose ! […] La vraie vision, par contre, appartient à la Première Personne, aussi est-ce une vision sans yeux. Dans le langage des sages, il n’y a que la Nature de Bouddha, ou Brahman, ou Allah, ou Dieu qui puisse voir, entendre ou expérimenter quelque chose³.
Cordialement
¹ – Le « bon sens » consisterait sans aucun doute à « tenir les caps », à regarder vers l’extérieur et, « en même temps », vers cet intérieur, cet espace d’accueil illimité & inconditionnel que nous sommes, tous.
² – Un langage dualiste par nature aura toujours bien du mal à rendre compte d’une réalité non-duelle. Même pour les plus grands poètes.
³ – Seul le « Je Suis » central du dessin ci-dessous est en capacité de « voir, entendre ou expérimenter quelque chose ». Essayez, vérifiez !