Cf. l’introduction à cette série d’articles dans « Objections et réponses » – 1
Question : « Mais pourquoi insister tellement sur la tête (ou le visage), plutôt que sur le corps dans son ensemble ?
Réponses : Voyez-vous, je suis content de m’évader de cette prison corporelle – de cette condition de chose-dans-le-monde ou 3° personne – par n’importe quelle voie, et ce visage est une trouée, une fenêtre, la seule que je trouve toujours largement ouverte. […] Grâce à ce visage-fenêtre toujours ouvert, je suis désincarné¹, je suis en dehors de mon corps de toutes façons, et mon étendue se confond avec celle du monde environnant. Et lorsque mon corps m’est visible, je découvre que je ne suis pas en lui, mais que lui est en moi. Vraiment, cette fenêtre m’offre une échappée excellente et bien venue, car mon visage matérialise mon identité séparée ; il me masque et me fait perdre ce que je considère comme mon identité vraie et universelle. Il n’est donc pas surprenant que le zen ait choisi notre Visage Originel², plutôt que notre Poitrine ou notre Estomac Originel, et que (nous l’avons déjà remarqué) nos anxiétés de jeunesse et leur traitement se rapportent essentiellement à notre visage. Oui, c’est avant tout la tête qu’il faut perdre : si le couvercle du pot peut s’ouvrir, il donne au récipient toute son utilité !
Cordialement
¹ – Décidément il faudra bien un jour retraduire plus soigneusement ce texte ! « Désincarné » constitue un véritable non-sens. « Je cesse de m’identifier – de me réduire – au complexe corps et âme » conviendrait mieux.
² – Je rappelle ici que « Vivre Sans Tête » a pour sous-titre : « Une contribution au Zen en Occident ». Le « Visage Originel » est absolument central dans la voie du Zen.
« Perdre un tête » = « gagner un monde », comme l’observe et le relate si habilement Douglas dans « Vision ».