« Objections et réponses », c’est le titre du cinquième chapitre de « Vivre Sans Tête », ce génial ouvrage de Douglas Harding, publié en 1961, traduit en français en 1978 et réédité en 2009 au Courrier du Livre.
Il fait le point, dix ans après la sortie du livre, sur les questions les plus fréquentes adressées à la Vision du Soi & Vision Sans Tête. Presque quarante cinq ans après, il n’a pas pris une ride …
Le chapitre propose onze paragraphes, et j’en présenterai des extraits plus ou moins larges en onze billets. Mais :
- d’une part, faites réellement les expériences proposées, et/ou participez à un atelier de Vision du Soi, avec qui vous voudrez ;
- d’autre part lisez d’urgence tout ce livre, de la « Vision » initiale à la conclusion¹.
&
Question : « Après tant d’années de travail², êtes-vous satisfait des résultats obtenus ? Croyez-vous que la voie de la vision sans tête peut convenir à tout le monde ? »
Réponses :
« Nous ne prétendons pas attribuer à notre méthode des mérites particuliers, sauf qu’elle se trouve être efficace pour un nombre croissant de personnes et que sa diffusion est rapide. Il ne s’agit que d’une méthode, importante non par elle-même, mais par la Réalité à laquelle elle nous ouvre. En outre, c’est une voie parmi beaucoup d’autres et qui ne convient certainement pas à tout le monde.
Cependant … certains amis qui par d’autres voies ont indubitablement accédé à leur vraie Nature, une fois ce résultat acquis, ont découvert avec ravissement que désormais cette porte de la vision se trouvait largement ouverte pour eux, que c’est là un chemin qui se laisse indiquer facilement, et qu’en fait un bien grand nombre de personnes s’y engagent³. En effet, la voie est si naturelle et si largement ouverte, qu’il suffit de quelques minutes pour révéler son absence de tête à presque n’importe quel jeune, pour peu qu’il soit intéressé – et à condition que celui qui se charge de la démonstration soit lui-même libéré de sa tête à ce moment-là.
Non qu’il y ait un âge limite pour ce genre de vision (la septantaine peut être aussi propice que l’adolescence), mais, cela se comprend, plus un homme a cultivé l’image qu’il a de lui-même et affirmé sa personnalité (persona signifie masque), plus il lui est difficile d’y renoncer, de perdre la face et de disparaître. D’autre part, plus tôt on découvre l’absence de tête ou de visage, plus il y a de chances pour qu’on la prenne au sérieux et qu’on la pratique loyalement. »
Ce dernier paragraphe met en évidence la nécessité de ne pas trop tarder pour s’éveiller à sa Vraie Nature. Plus l’on attendra, plus il sera difficile de redevenir « pareil à un petit enfant », plus il sera difficile de se résoudre à accepter humblement la simplicité et l’évidence de Qui & Ce Que nous sommes vraiment …
« Le vieillard n’hésitera pas à interroger l’enfant de sept jours à propos du lieu de la Vie et il vivra. Beaucoup de premiers se feront derniers et ils seront un. »
Évangile de Thomas, logion 4
L’expérience de nombreux ateliers m’a permis de constater la tenace hésitation de ceux qui ont déjà trop bien peaufiné leur (fausse) identité de « troisième personne » – surtout quand c’est celle de chercheur spirituel … – pour imaginer la perdre.
NB important : la traduction française proposée « renoncer à sa personnalité, … perdre la face et disparaître » me semble tout à fait incorrecte. Il s’agit plutôt de renoncer à attribuer toute la place à cette personnalité périphérique, de la replacer dans un ensemble ordonné beaucoup plus vaste, auquel nous accédons immédiatement dès que nous voyons clairement … notre absence de tête/visage pour nous-même. C’est l’illusion d’une personnalité séparée qui disparaît et c’est « un sage qui a pour corps l’univers entier » qui apparaît.
Cordialement
¹ – Lisez-le et relisez-le, faites-lui de la publicité, offrez-en de nombreux exemplaires autour de vous – excellente façon d’alléger son karma ! – mais surtout, surtout, mettez ses expériences en pratique. Aussi génial soit-il, ce livre reste une chose située là-bas en périphérie, alors que ce qui importe c’est cette Non-Chose centrale, cet espace d’accueil – pour des lignes imprimées notamment – inconditionnel et illimité qui est notre vraie Nature à tous.
² – Il s’agit là pratiquement de la totalité de la vie de Douglas. Cf. à ce propos la courte autobiographie placée à la fin de son ouvrage : « Le procès de l’homme qui disait qu’il était Dieu ».
³ – La situation a quelque peu changé depuis les années soixante et soixante-dix … Il n’est plus guère possible de constater un afflux considérable dans les ateliers de Vision du Soi ! Je reste néanmoins confiant : cela ne saurait tarder !