« De la pratique du Zen, résulte ceci (0) : la vie est redevenue simple¹ – après tant de détours, mais non inutiles, puisque tout au bout il y a la liesse du retour de l’enfant prodigue² -, simple, toute semblable à celle que menaient les gens simples, ceux que louaient les sages d’autrefois et qui ont aujourd’hui disparu, avec les sages qui les vénéraient, comme une espèce archaïque condamnée par l’évolution³.
Et c’est bien là ce qui fait le malheur du monde, qu’il n’y ait plus de gens simples qui vivent simplement leur vie. » (4)
Jacques Brosse
« Satori. Dix ans d’expérience avec un Maitre Zen »
Cordialement
NB : Il y a longtemps que je n’avais pas reparcouru ce livre, publié en 1976. Malgré tout mon respect et ma confiance pour Jacques Brosse, j’avais le souvenir de beaucoup de souffrances lors de longues sesshin, de postures carcans à tenir rigoureusement immobiles, d’une espèce de dure épreuve initiatique …
Tout cela y figure encore, mais il y a aussi quelques fulgurances de … la pensée-non pensée, hishiryo ! Relecture en ce début 2023 du coup, et il s’agit sans doute première relecture post Douglas Harding …
0 – De la pratique de la Vision du Soi selon Douglas Harding résulte le même état de simplicité. Ce qui est somme toute logique puisqu’elle se propose d’accomplir « l’esprit éternel et universel du zen », puisqu’il n’y a « pas de zen sans l’espace vide du sans-tête ».
Considérable proposition … Essayez, vérifiez !
¹ – « Simple » : d’un seul tenant, sans pli, im-médiat, non composé, …
L’omniprésente distinction entre « Je Suis » central et « je suis humain » périphérique, tout comme sa représentation dans la carte de la note ci-dessous, a surtout un intérêt pédagogique provisoire qui ne doit pas se figer en un quelconque dualisme. La « silencieuse coïncidence » avec notre « autoportrait », c’est le retour à l’unité & simplicité parfaite. C’en est fini de la duplicité et de la « médiateté ».
Autre considérable proposition … Essayez, vérifiez !
NB : Une recherche sur l’étymologie du mot « simple » me propose une citation d’Arnaud Desjardins qui cadre particulièrement bien avec ce billet … et avec la Vision du Soi en général :
« Cela paraît trop simple pour mériter notre considération. Simple. Oui. Heureusement. Mais facile, certainement pas. »
« Les chemins de la sagesse »
La Table Ronde, Pocket spiritualité
(Ce n’est pas une blague ni un coup monté, vérifiez !)
² – Le « retour de l’enfant prodigue » est relaté dans l’évangile de Luc, 15, 11-32.
La carte ci-dessus permet de mieux comprendre cet épisode que nombre de commentaires. Un « fils » a délaissé son « Père », le « Je Suis », pour aller « dissiper son patrimoine en vivant follement dans un pays lointain » : c’est-à-dire la zone périphérique « je suis humain ». Il s’agit d’une étape obligatoire, pas d’une option, qui seule permet le retour conscient en cette Source que certains ont choisi de nommer « Père ». Comment ce retour n’engendrerait-il pas cette joie débordante et collective, cette allégresse ?
NB : la carte majeure de la Vision du Soi est un excellent outil de compréhension & intégration de l’ensemble des Évangiles et autres textes spirituels. Essayez, vérifiez « si les experts ont bien pigé le truc » !
³ – En cherchant un peu, il est encore possible de trouver et « des gens simples » et quelques sages qui « vénèrent » la simplicité. La preuve, j’ai bien réussi à rencontrer Douglas Harding ! Mais il est aussi vrai que la simplicité & efficacité de la « Vision » rebute encore bien du monde. Nombreux sont ceux qui rechignent à reconnaître le génie, le courage et la générosité de Douglas. 
Il me semble que nous sommes désormais parvenus à un maximum de complexité contre-productive – dénoncée il y a déjà belle lurette par Ivan Illich -, et que les évolutions en cours (flambée des inégalités, pollutions diverses, épuisement des ressources, effondrement moral & spirituel, crises énergétique & climatique) vont utilement nous contraindre à une évolution vers plus de simplicité & sobriété. Et peut-être aussi vers « le seul espoir », la direction opposée :
4 – C’est l’immense et bien réelle responsabilité de chacun : avoir l’audace d’évoluer vers cette « sainte » simplicité représente le meilleur moyen d’atténuer « le malheur du monde ».
« La véritable simplicité est le renoncement sincère et l’oubli constant de soi-même. »
Fénelon
« De soi-même » comme exclusivement corps & mental dans la seule zone périphérique « je suis humain » du dessin ci-dessus.
« La véritable simplicité » c’est – vraiment – la « silencieuse coïncidence » avec notre « autoportrait ». Essayez, vérifiez.
