Cf. l’introduction à cette série d’articles dans « Objections et réponses » – 1
Question : « Mais tout ceci, est-ce du zen¹ ?
Réponses : … D’ailleurs, ce qui nous concerne ici, ce n’est pas tant le zen traditionnel que son esprit éternel et universel², un esprit éternellement fertile en renouvellements imprévisibles. Tout comme la fusion du bouddhisme indien avec le taoïsme chinois a produit le zen unique (ch’an) de la période T’ang, ainsi la fusion du zen (plus l’advaïta et le soufisme) avec notre culture à dominante scientifique est en voie de donner naissance maintenant en Occident à un mouvement qui est tout aussi unique, et appelé (espérons-le) à être plus créatif et plus influent encore. Dieu sait à quel point le besoin s’en fait sentir ! En s’accélérant, l’évolution humaine multiplie les menaces³ qui pèsent sur nos têtes ; elle nous affronte à des problèmes gigantesques auxquels l’esprit éternel du zen (à savoir, la simple vision de notre Vide, Source non problématique de tous problèmes et de toutes solutions) peut fournir dans le temps des réponses concrètes. »
Cordialement
¹ – « Vivre Sans Tête » a pour sous-titre : « Une contribution au zen en Occident ». Le chapitre trois de cet ouvrage s’intitule sobrement « Zen », et suit les chapitres un, « Vision », et deux, « Développement ». En voici un extrait :
« La plupart des maîtres de la vie spirituelle paraissent avoir “gardé leur tête” ; ou alors, et ce fut certainement le cas, si leur accomplissement spirituel impliquait la vision sans tête, peu pensèrent que cela valait la peine d’être mentionné. Et aucun d’eux assurément, compte tenu de ce que j’avais pu découvrir, n’incluait la pratique de la vie sans tête dans le programme de ses exercices spirituels. Pourquoi a-t-on négligé un critère aussi évident, une démonstration aussi convaincante et toujours présente de cet effacement de soi qu’aucun maître spirituel ne se lasse d’enseigner ? Après tout, l’explication est d’une simplicité absurde ; cet argument-là est trop fort, il n’y a pas moyen d’y échapper ! S’il est une vérité qui vous frappe en plein visage, c’est bien celle-là. Je me trouvais embarrassé et parfois même découragé. C’est alors – mieux vaut tard que jamais – que je tombais sur le zen.
[…]
« Enfin, après plus d’une décade de recherches généralement vaines menées dans les directions les plus diverses, j’ai trouvé dans les paroles des maîtres zen de nombreux échos de l’expérience centrale de ma vie : ils parlaient mon langage et témoignaient en ma faveur. J’ai eu l’occasion de découvrir que beaucoup de ces maîtres avaient perdu leur tête (comme nous tous, en fait) ; mai en plus, ils avaient une conscience très vive de leur état et de sa signification immense, et ils recouraient à tous les moyens pour mener leurs disciples à cette même réalisation. »
² – J’aime relier cet extrait à un bon conseil de Paul Valéry :
« Des ancêtres, il faut conserver la braise et non la cendre. »
Dans le vaste domaine de la spiritualité, il me semble que beaucoup trop d’énergie est gaspillée à conserver la « cendre » … Et si vous décidiez plutôt de venir empoigner la « braise » dans un atelier de Vision du Soi ?
³ – A quoi pensait Douglas Harding en cette fin des années cinquante ? Certainement à l’affrontement est-ouest et au risque de guerre nucléaire qu’il engendrait. Aujourd’hui les menaces militaires subsistent, mais s’y ajoutent les risques considérables de catastrophes industrielles et écologiques. Il me semble qu’il n’y aura guère d’avancée concrète concernant ces graves problèmes tant qu’un recours individuel massif à la « Source non problématique de tous problèmes et de toutes solutions » n’aura pas eu lieu. Cela commence à devenir assez urgent.