Vous connaissez sans doute cette vieille rengaine, quasiment proverbiale :
« On ne peut pas être et avoir été. »
Sa paternité est généralement attribuée à Chamfort – « Maximes et pensées, caractères et anecdotes ».
Utilisons l’humour du Chat de Geluck et les ressources de la Vision du Soi selon Douglas Harding pour essayer de la relativiser, sinon de la pulvériser ! Pas seulement pour se distraire un instant … il s’agit véritablement d’une question de Vie et de mort.
Logique temporelle implacable … rien à redire.
Mais suis-je & sommes-nous intégralement situés dans le temps ? Une fois de plus notre « autoportrait » constitue une aide précieuse :
Nous pouvons voir clairement que la « démonstration » du Chat concerne uniquement la – précieuse – zone périphérique « je suis humain » du dessin. Là, effectivement, nous vieillissons à chaque seconde, nous sommes emportés par le cours – mortel – du temps. Le « j » de cette courte phrase peut représenter notre naissance et le « n » notre mort ; sa courbe régulière montre une phase de croissance nécessairement suivie d’un déclin …
Mais qu’est-ce qui nous empêcherait donc de lire ce bandeau (« strip ») du point de vue de « Je Suis », en tant qu’espace d’accueil illimité & inconditionnel que nous sommes, tous ? D’être – simplement, concrètement, joyeusement – vide d’accueil de ces formes dessinées, transparence d’accueil de ces couleurs, pure conscience d’accueil de ces signifiants & signifiés … ?
Rien … sinon la force de l’habitude et la « tentation de se contenter de trop peu ».
De ce point de vue là qui, traditionnellement, est le seul Réel, nous ne sommes pas contenus dans le temps ; c’est très rigoureusement l’inverse : Ce que nous sommes véritablement contient le temps, et l’espace. De ce point de vue là – simple, concret, joyeux – nous ne sommes pas moins « jeune » en terminant de lire la troisième case parce que les catégories temporelles « jeune » & « vieux » n’y ont tout simplement pas cours. Là, nous nous retrouvons (…) – simplement, concrètement, joyeusement – sur un plan d’éternité, nous sommes passés sur cette « autre rive » (Marc 4, 35 – Luc 8, 22) qu’en réalité nous n’avons jamais quittée autrement que par oubli, illusion, aveuglement, avidya …
Donc bien sûr qu’il est possible d’Être et d’avoir été. A condition de ne pas refuser d’Être. Il suffit d’avoir l’audace de gagner le Grand Large et de prendre le risque d’un « grand tourbillon de vent ». Vérifiez !
Cordialement