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6 - Lectures essentielles Balmary Marie

Ce lieu en nous … – Critique dans Études

« Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas – A la recherche du Royaume »

Critique de Louis-Marie Clouet publiée dans le numéro 4319 (Octobre 2024)

« Fidèle à sa démarche, Marie Balmary suit au plus près le texte originel de certains épisodes de la Bible (et non des moindres : les noces de Cana, la parabole des talents, le Notre Père, la femme adultère, l’Annonciation, la Cène …), « au risque » non seulement de la psychanalyse, mais des évangiles eux-mêmes, dans une lecture stimulante, dérangeante et inspirante.1

Stimulante car elle exhume de ces textes si connus une profonde dynamique d’humanisation. On y redécouvre Marie, profondément ajustée dans sa vie spirituelle, qui n’hésite pas à questionner l’annonce de l’ange Gabriel ; un Christ « guérisseur du nous » qui invite à l’accompagner plus qu’à le suivre ; un Dieu qui souhaite que les hommes s’élèvent jusqu’à devenir des fils, pour entrer dans sa joie d’une relation d’amour.2

Dérangeante, car le lecteur examine en lui-même les représentations persistantes d’un Dieu « maître de tout, de tous et à jamais », dominant ses créatures, exigeant des sacrifices, enfermant dans la culpabilité. Au regard des ravages dus au cléricalisme, aux emprises et aux abus, on mesure combien un Dieu pervers peut se nourrir encore aujourd’hui de traductions malmenantes, d’une tradition complice, de mots encore largement utilisés (« sacrifice », « tout puissant », etc.). Au point de faire fuir ceux qui n’y entendent plus de « bonne nouvelle ».3

Inspirante, car en redonnant du jeu à ces textes, Marie Balmary rouvre un chemin et fait souffler la parole des évangiles. C’est dans cette inconnaissance de l’autre que peut naître une relation d’amour. Là où la confiance donnée et reçue permet d’aller au-delà du savoir, dans cette folie de l’amour. Un Royaume où un Dieu père nous appelle à entrer dès à présent. » 4


  1. Cet « au risque » renvoie aux ouvrages de Françoise Dolto et Gérard Sévérin : « L’Évangile au risque de la psychanalyse », 1977 – deux tomes en collection Points Essais. « En lisant les évangiles, je découvre un psychodrame. Les mots mêmes avec lesquels ils sont racontés, la sélection des phrases, le choix de certains thèmes peuvent être entendus d’une autre manière depuis la découverte de l’inconscient et de ses lois par Freud. […] À l’élaboration des évangiles président, entre autres, les lois de l’inconscient de Jésus, des rédacteurs et des premiers auditeurs. Ces lois font partie intégrante de la structure de ces récits. Pourquoi ne pas aborder leur lecture avec ce nouvel outil : la psychanalyse ? » Et « La foi au risque de la psychanalyse », 1983 – même collection. « Si Jésus apparaît comme « le maître du désir », et si la foi donne la conviction que le désir a un sens, les certitudes ne sont pas d’ordre dogmatique ni les jugements d’ordre moral : c’est dans l’ordre spirituel que Françoise Dolto replace la vérité de chacun comme la sienne propre. » ↩︎
  2. « … ces textes si connus … » et parfois si mal connus comme il est possible de le constater à la lecture des travaux de Marie Balmary (et, bien évidemment, d’autres chercheurs). Si ces textes ont survécus à deux millénaires de transmission & rabâchage, de traductions approximatives et de commentaires parfois hasardeux, ne serait-ce pas justement parce qu’ils demeurent porteurs de cette « profonde dynamique d’humanisation » ? Pourquoi les lire encore aujourd’hui, si ce n’est pour accéder à la Grande Vie, à la Vie « surabondante », à une joie sans objet pleine et entière ? Vérifiez ! ↩︎
  3. Heureux emploi que ce « malmenantes » : oui, certains choix de mots & d’expressions font violence au lecteur et à l’auditeur … et peuvent aussi le conduire au « mal ». ↩︎
  4. Marie Balmary « redonne » effectivement « du jeu à ces textes », et ce dans les deux sens du terme. Il en résulte une joie naïve & native à les redécouvrir avec elle, en partageant son accompagnement. « Rouvrir un chemin et faire souffler la parole … » : concernant les Évangiles, existe-t-il plus beau compliment que celui-là ? Il me semble totalement justifié … mais, lisez & vérifiez !
    « … folie de l’amour … » ? Folle sagesse plutôt, vu que « love is the only engine of survival » (Leonard Cohen, « The future »). Vu qu’à peu près tout ce que l’humanité a essayé d’autre ne fonctionne pas … ↩︎

Demeure la question centrale : êtes-vous animés d’un désir sincère & durable d’être « stimulés, dérangés et inspirés » … ?

Cordialement

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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