« Wo aber Gefahr ist, wächst das Rettende auch. »
Mais dans le danger croît aussi ce qui sauve.
C’est avec ce vers célèbre de Hölderlin, extrait de « Patmos », que Jean-Claude Guillebaud conclut son essai « Une autre vie est possible ».
(La traduction ci-dessus me semble préférable à celle qu’il a retenue : « Quand croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Peu importe …)
Dans ce livre, il reprend bien sûr quelques thèmes majeurs de ses ouvrages précédents, et notamment celui qui a été plus longuement développé dans « Le principe d’humanité » (Éditions du Seuil, Points Essais n° 1027, 2001), bien résumé par la citation de Marie Balmary placée en exergue :
« L’humanité n’est pas héréditaire. »
Il rappelle que la monotone et désespérante litanie des indices de l’actualité médiatique, « CAC 40, taux de croissance … d’audience, côte de popularité de monsieur Tartemuche, cours de l’euro, … » […] « … détournent notre attention des véritables questions : Où allons-nous ensemble ? Quelle sorte de société voulons-nous construire ? Comment échapper à la violence de tous contre tous ? »
La Vision du Soi selon Douglas Harding s’intéresse de très près à cette dernière question, et propose de voir clairement, par quelques expériences d’attention très simples, que :
- soit nous acceptons et renforçons l’illusion sur nous-même que nous impose la société : individu clos, ancré dans la dualité, en situation de face à face, et donc d’affrontement, de confrontation potentielle avec les autres et l’univers … l’enfer
- soit nous reconnaissons notre réalité originelle d’espace d’accueil ouvert, donnant instantanément accès à une relation non-duelle avec ces autres et l’univers, et donc à la liberté, la paix, la joie …
Mais si voir cela est véritablement évident, s’y établir durablement nécessite évidemment une volonté ferme, une discipline assidue. Comme l’écrit un peu plus loin J-C. Guillebaud :
« … l’espérance n’est pas seulement reçue, elle est décidée. En nous souvenant des grands « optimistes » de jadis qui ont été capables de faire bouger l’Histoire, il nous incombe aujourd’hui d’être aussi joyeux et aussi déterminés qu’ils l’étaient eux-mêmes. Je sais que nous en sommes capables. »
Douglas Harding était un de ces grands optimistes, et viendra le temps où sa Vision du Soi fera bouger l’histoire. Voir, entre autres non-choses des plus nécessaires, donne aussi « Le goût de l’avenir » et « La force de conviction ».
Cordialement