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4 - Méditation

Pratique du zen vivant, « exposé » 23 – Jacques Brosse

Rappel : « Pratique du zen vivant »  relate les alternances d’exposés (« teishô »), suivis de questions & réponses, de treize sessions intensives de zazen dirigées par Jacques Brosse entre le 26 décembre 2000 et Pâques 2004.

Je présente lors de la séance hebdomadaire de Méditation dans l’esprit du zen & sur ce site quelques points saillants de ces exposés, bien entendu en lien direct avec la pratique de la Vision du Soi selon Douglas Harding. Libre à vous de déposer ensuite vos questions et/ou commentaires, de lire (et relire …) ce livre de Vie. Je me permets cependant de vous recommander de le lire pour vérifier si « les experts ont bien “pigé le truc” ».

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Dans cet exposé, Jacques Brosse présente quelques points d’histoire et d’enseignement de « l’école Yogâchâra, fondée au IV° siècle de notre ère par les deux frères Asanga et Vasubandhu ».

  • « … dans les grandes universités monastiques de Nâlandâ et Vikramasîla, vers lesquelles affluaient des moines venus de toute l’Inde et même de l’étranger … peut-on parler de philosophie au sens que l’on donne à ce mot en Occident ? Certainement pas … la « philosophie » qui y était professée ne constituait pas une discipline théorique, intellectuelle, mais issue elle-même de la méditation des maîtres, elle était destinée à guider la méditation de leurs élèves. »
    • Et oui, la philosophie n’est pas seulement un moyen de gagner sa vie pour bon nombre de « philosophes », ni une épreuve du baccalauréat parmi d’autres ! Le constat de Jacques Brosse rejoint celui de Pierre Hadot : « … pour les Anciens, la philosophie n’est pas construction de système, mais choix de vie, expérience vécue visant à produire un « effet de formation », bref un exercice sur le chemin de la sagesse ». Une bonne introduction : « La Philosophie comme manière de vivre – Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson » (Livre de Poche – Biblio Essais).
    • Douglas Harding, « L’homme sans tête, … homme de science, artiste, mystique », n’est donc aussi « philosophe » qu’en ce seul sens-là, à la fois très exigeant, tout à fait pratique et responsable. Toute son œuvre s’inscrit dans le droit fil du paragraphe ci-dessous :
  • « C’est ce que rend particulièrement manifeste le Yogâchâra qui s’interroge sur la nature de la conscience et sur son fonctionnement, d’un point de vue non théorique, mais pratique, empirique, et élabore des notions qui n’ont de valeur que si elles peuvent être vérifiées et authentifiées par la pratique de la méditation, et être utilisées pour guider celle-ci et l’enrichir. »
    • La Vision du Soi n’est pas une usine à concepts, mais les percepts qu’elle propose de vivre lors de ses expériences « n’ont de valeur que si ils peuvent être vérifiés et authentifiés par la pratique ». Pratique « de la méditation » bien sûr, mais pratique de la vie tout simplement, pratique de la « Grande Vie ». Vérifiez !
    • Rappel : « Cette voie n’est pas une solution de rechange qui rendrait inutile toute méditation sérieuse. Elle ne nous dispense pas d’un travail convaincu et continuel sur nous-même, mais au contraire elle nous y stimule puissamment². Si d’un coup nous arrivons à déplacer l’expérience essentielle de l’Illumination, de sorte qu’elle se trouve en tête de l’Octuple Voie, nous n’ignorons aucune des étapes de la Voie. Nous rencontrons chacune de ces étapes, non comme des moyens pour atteindre l’Illumination, mais comme conséquences de celle-ci. … » « Objections et réponses » – 3.
  • « Enfin, et c’est là la contribution philosophico-psychologique essentielle du Yogâchâra-Vijnâdavâda, cette école démontre qu’il existe nécessairement une huitième conscience … la « conscience de base » ou « conscience de tréfonds », support et fondement de toutes les autres. Cette « conscience inconsciente », sous-jacente, impersonnelle, neutre, difficile à concevoir intellectuellement, accessible seulement à travers la méditation, en laquelle elle se révèle comme effective et efficace, …  »
    • Bon, cet extrême raffinement dans les catégorisations & classifications est sans doute passionnant pour les spécialistes, mais … ne vaut-il pas mieux accéder directement à cette « conscience de tréfonds » en voyant – simplement, concrètement, joyeusement – l’évidence de son absence de tête ? Ensuite il sera toujours temps de (couper les cheveux en quatre) vérifier « si les experts ont bien pigé le truc » !
    • Donc si cet aspect du bouddhisme zen vous intéresse, je vous invite à aller creuser directement ce « teishô » de Jacques Brosse que je me contente ici de survoler. Mais en reprenant néanmoins cet échange qui suit l’exposé :
      • Question : « Le Yogâchâra n’est tout de même pas le zen ! »
      • Réponse : « Mais si ! Non seulement l’un de ses fondateurs, Vasubandhu, est considéré comme le vingt et unième patriarche du tch’an-zen, … mais … le sûtra qui servait de base à l’enseignement des premiers patriarches, à commencer par Bodhidharma, était le Lankâvatâra Sûtra, qui reflète et énonce les principes du Yogâchâra, au point que le tch’an s’est d’abord appelé école du Lankâvatâra. »
    • Les personnes conscientes de leur absence de tête, de leur réalité centrale de Première Personne du Singulier du Présent, ne seraient-elles pas comparables à ces « Tathâgata qui saisissent en toute évidence ce domaine comme un fruit amalaka posé dans la paume de la main » ? (Lankâvatâra Sûtra). Cf. la version de Ramana Maharshi : « L’éveil est aussi évident qu’une groseille dans le creux de la main. »
  • « Il ne faudrait pas toutefois prendre cette démarche hardie pour une spéculation intellectuelle, elle est une explicitation, destinée à guider le méditant et qu’il pourra lui-même vérifier par sa pratique, de ce qui se manifeste spontanément dans sa conscience lors de la méditation, quand il s’est résolument engagé dans la quête longue et patiente, fervente, intrépide et lucide de sa propre identité. »
    • Voir clairement son « autoportrait » peut être très rapide, quelques expériences suffisent généralement, mais effectivement une intégration pleine & entière va nécessiter un peu de patience & persévérance. Vérifiez !
    • « Le but de l’atelier est que chaque participant fasse pivoter son attention de 180 degrés, et la porte sur ce qu’il est pour lui-même, selon sa propre expérience de l’instant présent. […] Chacun verra sa véritable nature, même si ce n’est que brièvement et provisoirement. Ce qu’il fera ensuite de cette vision intérieure, s’il la pratiquera jusqu’à ce qu’elle devienne stable et naturelle, et donc parfaitement efficace, c’est là une autre question. » Douglas E. Harding

Cordialement

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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