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4 - Méditation

Pratique du zen vivant, « exposé » 21 – Jacques Brosse

Rappel : « Pratique du zen vivant »  relate les alternances d’exposés (« teishô »), suivis de questions & réponses, de treize sessions intensives de zazen dirigées par Jacques Brosse entre le 26 décembre 2000 et Pâques 2004.

Je présente lors de la séance hebdomadaire de Méditation dans l’esprit du zen & sur ce site quelques points saillants de ces exposés, bien entendu en lien direct avec la pratique de la Vision du Soi selon Douglas Harding. Libre à vous de déposer ensuite vos questions et/ou commentaires, de lire (et relire …) ce livre de Vie. Je me permets cependant de vous recommander de le lire pour vérifier si « les experts ont bien “pigé le truc” ».

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Dans cet exposé, Jacques Brosse nous parle de ce « karma » que tout le monde croit connaître.

  • « … On veut croire au karma parce que l’on s’imagine qu’il garantit les fameuses « vies antérieures ». … La peur de la mort est telle, maintenant, que l’on a évacué les notions d’enfer et de paradis, que l’on se raccroche à une telle théorie. Mais … le bouddhisme la récuse radicalement. … »
    • Concernant la « peur de la mort » et l’alternative « damné ou sauvé », cf. l’exposé n° 20.
    • Ceux que la question des « vies antérieures » interroge pourront lire ce que Denise Desjardins a écrit sur le sujet. Avec précaution.
  • « … Alors qu’est-ce que le karma pour le bouddhisme ? Rien que l’acte, ce que signifie le mot karma. Mais l’acte et sa résonance, ses échos qui se prolongent indéfiniment, l’acte dont nous sommes responsables … ainsi que ses conséquences … »
    • Pas de lien vers le « karma » selon wikipedia car la dérive rapide vers les « vies antérieures » … et postérieures y est plus que patente.
    • Le lien qui est établi avec l’acte rituel permet néanmoins d’envisager tout acte comme tel, et donc de la possibilité de faire en pleine conscience même les choses les plus ordinaires … « puiser de l’eau, couper du bois ». Toutes cessent donc aussitôt de faire partie du registre du trivial pour devenir, en quelque sorte, sacrées. Une méditation continue, « pour la place du marché » disait Douglas.
    • Mon père disait plus simplement : « comme tu feras, tu trouveras ».
    • Il est utile de réfléchir à l’indifférence croissante du monde dit moderne à cette loi du « karma » depuis l’avènement des « Lumières » et de la (dis)société industrielle. La porte grande ouverte à la cupidité et à la volonté de puissance nous a apporté des « progrès » techniques certes, ainsi que d’innombrables désagréments … Et ça ne fait que commencer ! (Cf. « La Terre, notre destinée »)
  • « … Enfin, il y a aussi le karma de qui est « entré dans le courant », qui marche sur la Voie. Celui-si accomplit ses actes spontanément, sans arrière-pensée de profit ou de perte. il pratique donc le wu-wei, le « non-agir », lequel engendre l’action pure qui se suffit à elle-même et de ce fait s’épuise elle-même, ne crée pas de remous, ne produit pas de fruit. … »
    • Jacques Brosse ne donne pas de référence pour cet « entré dans le courant » mais on retrouve là l’influence très forte du taoïsme sur le zen. Le fait de se maintenir dans le flux, en mouvement & transformation & évolution est infiniment préférable au maintien d’une position statique & figée. Cette dernière témoigne souvent du blocage de l’ego sur et pour lui-même, et … d’une grande ignorance de la réalité des lois du monde physique.
    • Wu-wei est parfois nettement mieux traduit par « agir sans agir ». Ne s’agirait-il pas pour la petite troisième personne de la zone « je suis humain » de notre « autoportrait » de se laisser œuvrer par le Tao, de laisser s’exprimer à travers elle la Réalité mystérieuse de ce « Je Suis » central … ? Cela nécessite un total transfert de confiance de l’une à l’Autre. Nous avons tout à y gagner. Vérifiez !
  • « … en zazen, nous pouvons arriver à comprendre que les phénomènes, à commencer par notre propre moi, ne sont que les reflets changeants de la Réalité absolue, laquelle est une et indestructible. Parvenus à ce point de vue ultime, nous acquérons, dit Tao-sin, la certitude que « nous ne sommes jamais nés et qu’en fin de compte, nous ne mourrons jamais non plus ».
    • « en zazen » et lors de la pratique de la Vision du Soi selon Douglas Harding, bien entendu. Est-ce qu’il y a une différence entre les deux … ? Rappel : « il ne peut y avoir de Zen sans l’espace vide du “sans tête” ». Vérifiez !
    • ce verbe « comprendre » est très mal venu ici. Il ne s’agit pas d’un processus mental qui permet de parvenir au terme de l’addition 1 + 1 = 2, mais d’une prise de conscience globale & subite – d’une « Vision », d’un « insight » – que deux est la moitié de Un !
    • Tao-sin (ou Tao-hsin) – 580 & 651 – n’est pas le premier venu mais le quatrième Patriarche historique du zen. Son avis est donc important, mais ce qui est essentiel c’est de le vérifier très soigneusement, de le faire sien par sa propre expérience.
  • Jacques Brosse établit ensuite un lien entre cette citation et le Bardo Thödol, le célèbre (et si peu lu) Livre tibétain des morts, « … qui est en somme un véritable manuel d’assistance aux mourants. A celui qui va mourir, le lama remet en mémoire ce qu’il a naguère appris par la pratique de la méditation : le caractère illusoire de ce moi qu’il va quitter et dont, à ce moment précis, il lui faut se détacher définitivement, sans remords ni regrets. »
    • Les « mourants » qui ont besoin d’assistance, ne seraient-ils pas tous ces pseudo-vivants coupés de l’Esprit, de la Claire Lumière du Vide, du Visage Originel, de l’espace d’accueil, etc. qu’essentiellement ils sont pourtant, tous ?
    • Cette « assistance » n’en avons-nous pas plus besoin pour vivre que pour mourir ? N’en avons-nous pas besoin pour réaliser que « nous ne sommes jamais nés et qu’en fin de compte, nous ne mourrons jamais non plus » ?
    • Ces phrases : « Maintenant, au moyen de cette mort, je ne veux plus engendrer d’autre pensée que celle de l’amour, de la compassion et de l’Éveil. Puissé-je, pour le bien de tous les êtres qui peuplent l’espace illimité, atteindre le parfait Éveil et reconnaître dans la luminosité apparue au sein de la mort l’épanouissement de l’état de Bouddha, le Dharmakâya », ne concernent-elles pas plus le moment de la mort du « moi-je » – cet ego fantasmé comme séparé & autosuffisant, voire tout-puissant pour les plus débiles d’entre-nous – que de la mort de l’individu lui-même ?
  • « Si l’on ne craint plus sa propre mort, qu’aurait-on à craindre désormais ? »
    • L’exposé se clot sur cette question … réponse ! Inutile de rajouter quoi que ce soit.
    • Juste cette exhortation en Luc 9, 60 peut-être :

« Iéshoua‘ lui dit: « Laisse les morts ensevelir leurs morts ! Mais toi, va-t’en annoncer le royaume d’Elohîms. » » (Chouraqui)

[ειπεν δε αυτω ο ιησους αφες τους νεκρους θαψαι τους εαυτων νεκρους συ δε απελθων διαγγελλε την βασιλειαν του θεου]


Cordialement

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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