Je suis heureux de partager avec vous ce billet – profond & pratique – du blog « Nous asseoir ensemble ». Vous verrez qu’il y est notamment question de « tête » …
La situation est pesante en ce moment, alors, allégeons-nous!
2022, …
« Depuis que j’ai abandonné cette petite chose qu’on appelle le moi, je suis empli par l’univers entier … » (0)
Et si on commençait par ouvrir les mains et laisser partir un peu de ce qui nous attache, nous encombre, dans nos placards comme dans nos têtes ; dans nos façons de faire comme dans nos façons de penser …¹
Légère … ; comme l’espace, le vent … une balade, une danse … « Semelles de vent … »²
Nouvelle année, allégez-vous ! Vous pourriez :
D’abord :
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- vider vos placards et donner la moitié de ce que vous y trouverez comme le dit une dame japonaise, mais on ne s’arrête pas là³
- décider qu’au moins un jour par semaine vous n’allumerez ni portable ni ordi[nateur]
- manger moins
- oublier la viande et l’alcool une semaine sur deux … OK une sur trois ?! (4)
Puis : faire le ménage dans votre tête : qu’y a-t-il que vous pourriez laisser partir … ? (5)
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- par exemple lâcher vos vieilles rancunes, vos colères, votre apitoiement sur vous-même
- dire pardon, à vous d’abord tout haut, à d’autres sans doute ensuite tout haut ou tout bas
Et :
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- penser à remercier tous les jours, pour tout ce qui vous a été donné, regardez bien, vous allez trouver tant de choses
- respirer ou tout au moins vous apercevoir que vous respirez
- pratiquer le « pausing » au milieu de votre travail, dans le métro, en arrivant chez vous, quand l’irritation monte
- sourire quand une voiture vous fait une queue de poisson, quand quelqu’un passe devant vous à la poste, quand la dernière place de parking vient d’être prise sous votre nez (6)
Enfin :
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- réussir à mettre zazen régulièrement dans votre quotidien, ce qui fait que toutes les résolutions ci-dessus seront accomplies sans effort
- vous sentir si bien en étant tellement plus léger que vous vous demanderez pourquoi vous avez tant attendu pour changer votre vie … (7)
Lundi : « Chaque jour est un voyage » dit Basho. Savez-vous voyager léger le voyage de votre vie ?
Joshin Sensei
Montagnes et Forêts du Zen
Cordialement
0 – Une belle citation de Musō Soseki. Déjà sur volte-espace sous une forme un peu différente : « Cette toute petite chose … ». Et son auteur apparaît également dans « Le jardin et l’ascèse … ».
En fait « cette petite chose qu’on appelle le moi » on ne l’abandonne véritablement qu’en mourant. Mais, grâce à quelques expériences de Vision du Soi selon Douglas Harding & une « discipline assidue » il est possible d’abandonner dès ici & maintenant la prééminence accordée à ce « je suis humain » tellement périphérique :
La Vision du Soi, c’est être ce « Je Suis » central qui, sitôt réalisé, explose instantanément aux dimensions de l’univers, ce « Rien & Tout », ce « Vide & Plein », ce « Youniverse » … Essayez, vérifiez !
¹ – Et si « ce qui nous attache, nous encombre » était moins ses contenus que notre tête elle-même ? La Vision du Soi (Vision Sans Tête) s’attaque directement à la racine du problème, de tous les problèmes en fait …, en proposant – simplement – d’observer soigneusement ce que nous voyons de nous-même, d’oser dire la vérité à ce propos (« Vision ») et d’en tirer toutes les conclusions : principalement l’asymétrie fondamentale.
N’ayez aucune crainte, ce renversement de perspective ne vous privera ni de « vos façons de penser » ni de « vos façons de faire ». Au contraire, elle remettra en circulation une grande énergie pour, si nécessaire, penser & faire. Essayez, vérifiez !
Un premier geste, facilitant grandement celui consistant à « ouvrir les mains », est peut-être celui-ci :
² – Les « Semelles de vent … » ce sont bien sûr celles de Rimbaud, ainsi que Verlaine l’aurait surnommé. Est-ce qu’avec son sublime « Je est un autre », le poète – « maudit par les puissances de la terre » – voyait clairement que le « je » ne se réduit pas au « je suis humain » périphérique ? Que le véritable « je » relève plus du « Je Suis » … ?
Vêtu d’espace, comme les moines jaïns digambara … ou, plus sobrement, comme les amis de la Vision du Soi !
Une danse, et peut-être plus précisément : une « ronde ».
³ – La « dame japonaise » c’est Marie Kondo. Mais, en dépit de tous ses bons conseils, ranger est peut-être encore plus difficile que méditer quotidiennement !
4 – « Manger moins », mieux et plus végétarien, ce n’est pas nécessairement si compliqué. Quelques pistes :
- « Manger sain pour trois fois rien » de Claude et Emmanuelle Aubert aux éditions Terre Vivante, ne vous coûtera quasiment rien d’occasion.
- « Le guide du végétarien débutant ». vous offre largement de quoi initier ce changement.
- Les conseils & recettes zen d’Eric Rommeluère
- Etc …
5 – « Qu’y a-t-il que vous pourriez laisser partir … ? » Mais votre tête toute entière pardi ! En réalité, pour vous même, dans l’évidence de l’instant présent, sans faire appel ni à la mémoire ni à l’imagination … elle n’est déjà plus là ! Si subjectivement vous la voyez ailleurs que dans un miroir – ou un objet en faisant fonction, alors il s’agit d’une hallucination. Mais vérifiez donc !
« Que voulez-vous donc tant chercher auprès d’autrui ? Aveugles qui vous mettez une tête sur la tête !«
Lin-Tsi
2° Partie, « Instructions collectives, 21 – a »
Se limiter à « faire le ménage dans votre tête » risque de vous prendre deux ou trois … décennies, sans la moindre garantie de résultat ! « Life is short, eat dessert first ! » – La vie est courte, l’urgence est là, mangez le dessert en premier : vivez sans tête !
De toute façon, comme l’a écrit feu John Toler : « il ne peut y avoir de Zen sans l’espace vide du “sans tête”. »
Toutefois, il ne serait pas inutile de « laisser partir » les « dix croyances du chercheur spirituel » …
6 – Remercier, oui. Enclencher le sentiment de gratitude et ne plus jamais s’en départir : cette attitude est d’une incomparable efficacité. Respirer, oui : pourquoi pas ainsi ? Sourire, oui bien sûr : quel meilleur moyen de détendre le visage d’abord, tout l’espace du crâne ensuite et descendre enfin cette détente dans tout le corps, soigneusement, consciemment ?
Mais pratiquer le « pausing » … rien que le nom ne me plaît pas trop ! Pourquoi ne pas plutôt faire une pause, se reposer, constater que sa tête est déjà bel et bien déposée ? La Vision du Soi permet – simplement, concrètement, joyeusement – de pratiquer la méditation sur n’importe quelle place de marché : sa seule règle, l’asymétrie, permet – partout & tout le temps – d’être espace d’accueil central, illimité & inconditionnel, pour tout problème & désagrément périphérique. Essayez, vérifiez !
7 – Tous ceux qui pratiquent savent que « zazen est affaire de quotidienneté ». Et je persiste à les encourager à « continuer zazen« .
Mais pourquoi donc, pourrait-on se demander, puisque je ne cesse de vanter l’exceptionnelle efficacité de la Vision du Soi ?
Il me semble que la réponse se trouve dans ces justes paroles de K. G. Dürckheim : « les deux vont de pair » … la séance de méditation « formelle » matinale & la méditation continue tout au long de la journée. Les deux se renforcent mutuellement, chacune aidant l’autre à devenir de plus en plus naturelle, aisée, constante … « légère ».
« C’était une attention nue, sans jugement, à une réalité qui n’avait pas cessé de me « dévisager » : mon absence totale de visage. Bref, tout cela était parfaitement simple, ordinaire et direct, au-delà du raisonnement, de la pensée, et des mots. En dehors de l’expérience elle-même ne surgissait aucune question, aucune référence, seulement la paix, la joie sereine, et la sensation d’avoir laissé tomber un insupportable fardeau. »
Ce pesant fardeau d’un moi prétendument central, pour ne pas dire exclusif, la Vision du Soi & la méditation dans l’esprit du zen peuvent vous aider à le déposer, pour de bon. Mais vous êtes seul à pouvoir vouloir le faire … Ayez cette audace : en cette vie, c’est la seule aventure qui vaille !