Cf. l’introduction à cette série d’articles dans « Objections et réponses » – 1
Question : « Je crains que la vie sans tête ne renforce l’égocentrisme, l’étroitesse de vue, voire certaines tendances morbides à l’introspection.
Réponses : […] je dois finalement laisser tomber l’idée tenace selon laquelle un homme en tant que tel, parce qu’il voit son absence de tête …¹, est un être Réalisé ou Illuminé. Et avec cette dernière boite² disparaît la crainte que l’Illumination ne soit une entreprise égoïste et solitaire, et en même temps le désir de l’imposer aux autres. Comme Ramana Maharshi le disait souvent : eh bien quoi ! les autres ? Ils sont moi. Quand il s’agit de vision sans tête, m’occuper de mes affaires, c’est m’occuper des affaires de tous. Ma tête doit disparaître, celles des autres je les prends sur moi ! Et en pratique, j’expérimente qu’il suffit de perdre cette tête physique – les deux autres suivent d’elles-mêmes, naturellement.
Cordialement
¹ – A la place de ces trois points, la traduction de Jean Van Harck dans l’édition de 1978 indique : « et d’esprit ». Désolé, mais cette proposition ne recueille absolument pas mon adhésion. Je dirais même que l’absence de tête c’est, justement, la possibilité de la présence de l’Esprit.
² – Le début du paragraphe détaille les deux premiers stades du « démantèlement » :
- voir l’absence de la tête physique, de la boite crânienne que j’imaginais
- rattacher les pensées et les sentiments [ce que Michel Fromaget appelle l’âme] de nouveau à leurs objets, de manière à en libérer le sujet