« Le fonctionnement de l’animal, c’est le combat ou la fuite ; celui de l’être humain, le combat, la fuite … ou la méditation. » (0)
Jacques Vigne¹
« Méditation et psychologie »²
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Voilà une formule qui nous offre une définition de l’être humain qui en vaut bien d’autres : ce serait « l’animal » capable de méditer, d’opérer consciemment le retournement vers la Source, l’Origine, le Mystère, … « L’animal » capable de devenir sage :
« Un sage, désirant l’immortalité, retourne son regard vers soi-même.«
Si c’est le cas, si l’être humain est « l’animal » sensible à la posture de volte-espace, alors il semblerait qu’il y a bien peu d’êtres véritablement humains et qu’il n’est guère étonnant que nos (dis)sociétés et le monde dans son ensemble fonctionnent aussi mal … ³
L’animal humain est bien forcé de constater que dans la zone périphérique « je suis humain » du dessin ci-dessous – carte maîtresse de la Vision du Soi selon Douglas Harding – il n’aura un jour ou l’autre pas d’autre alternative que « le combat ou la fuite » (4).
L’être humain est capable de réaliser la « silencieuse coïncidence » avec le « Je Suis » central, puis d’agir en tant que Cela, à partir de ce Non-Lieu. Il y a bien des manières de parvenir à cette Réalisation – qui est sans doute la seule véritable légitimation de l’aventure humaine – mais sachez que la Vision du Soi n’est pas la moins efficace. Cette « entrée principale » ouvre la porte de la Paix, de la Joie, de la Liberté … C’est peut-être la clé pour « le seul espoir ». Essayez, vérifiez !
Cordialement
0 – Henri Laborit a étudié ces deux premiers comportements dans divers livres : « La Nouvelle Grille » et « Éloge de la fuite ». Ses travaux sont à la base du film « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais.
NB : livres déjà anciens (1974 et 1976) et film datant de 1980. Les citer ici ne signifie pas que j’approuve à 100 % tout ce qui y est écrit et montré.
¹ – Jacques Vigne
² – Etiquette dédiée à venir, quand j’aurai mis en ligne quelques billets supplémentaires. Patience !
³ – L’occasion de rappeler ce constat nécessaire de Marie Balmary :
« L’accès à l’humanité n’est pas héréditaire. Seule l’aptitude à l’humanité l’est. »
Dans « La divine origine, Dieu n’a pas créé l’homme » (Chapitre 5 – début du 2° paragraphe) – Éditions Grasset 1993 et Livre de Poche Biblio Essais.
Cette citation est très souvent reprise sous une forme tronquée : « L’humanité n’est pas héréditaire », qui ne rend pas justice à la précision d’expression de l’auteur.
4 – Fuite qui peut prendre bien des formes : maladies et addictions diverses notamment. L’animal humain préfère tout – souvent du très grand n’importe quoi – plutôt que consentir à cette « silencieuse coïncidence », plutôt que cesser de rester « Le plus ignorant de ce dont il est le plus assuré, Son essence transparente comme le cristal » … Comme c’est tristement étrange !
2 réponses sur « Le combat, la fuite … ou la méditation – Jacques Vigne »
A l’ « Animal capable de devenir sage », et qui ne fuit (mais cela est aussi sage parfois) ni ne combat (quoique ce geste soit aussi parfois justifié) et qui se contenterait de « méditer », il existe encore une autre voie : celle de l’action morale. C’est celle qu’Aristote autrefois a opposé à la fois aux Sophistes comme à Platon, tout à sa fascination totalisante de la theoria, de la contemplation et de la méditation, et qui s’appelle en grec la praxis. Ce monde de l’agir dans lequel l’homme cherche et peut trouver le sens de son existence comme sa dignité ne provient nullement de la contemplation ni de l’imitation de modèles de sagesse, mais de la pratique elle-même qui implique concertation, délibération, responsabilisation, engagement… du sujet humain, mais aussi erreur ou errance. Ce champ relève d’un agir moral qui n’est pas écrit d’avance ni inscrit dans le ciel de toute éternité, et qui n’appartient ni au monde animal ni à celui des dieux. Ce serait sur cet agir et cette praxis qu’il serait peut-être enfin sage de « méditer »… (mais pour cela il faut s’éloigner des sentiers tracés d’avance de la vision du Soi, et faire montre d’une certaine « audace » pour tenter de penser et d’agir par soi-même. Et aussi abandonner les lectures des répétiteurs de spiritualité, refuser d’imiter des modèle soi-disant parfaits et s’aventurer par ex. dans le corpus aristotélicien. Mais cela exigerait sans doute trop de remises en cause et trop de renoncements…)
Bonne journée à vous.
Bruno
Bonjour Bruno,
Il existe une complémentarité entre « contemplation », puisque la véritable « méditation » gagnerait à être nommée ainsi, et l’action. Dans la plupart des spiritualités c’est l’action qui valide la qualité de la contemplation, les deux se soutiennent & régulent mutuellement jusqu’à ne plus faire qu’une seule « contempl-action ». La Vision du Soi permet cela assez facilement (je ne détaille pas …), encore faut-il essayer !
Ne croyez-vous pas qu’une dose de contemplation serait utile à un monde drogué à l’action tous azimuts ? Ce monde peuplé de si peu de « sujet humain » est désormais en plein effondrement (je ne détaille pas non plus …). Alors ce n’est certes pas « l’action morale » d’Aristote qui l’a amené là, mais le fait est. Nous avons désespérément besoin d’un mode de « contempl-action » pour survivre, continuer à penser et agir …
Vous conviendrez aussi qu’il est assez difficile de reprocher quelque suivisme que ce soit à la Vision du Soi … Il me semblerait plutôt que c’est son absolue originalité qui lui pose un peu problème face à un « public » tiède, figé par la peur, préférant des garanties de transmission (soi disant) traditionnelle …
Pour finir : le livre de Jacques Vigne s’intitule « Méditation et psychologie » : vous ne pouvez quand même pas lui reprocher de … vendre sa marchandise !
Bonne journée
Jean Marc