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La maladie du pouvoir – David Owen

C’est la Booksletter du 22 août 2017 qui m’a signalé ce texte : « La maladie du pouvoir ».

« Emmanuel Macron (0) a laissé entendre qu’il s’imaginait en président “jupitérien”¹. On est loin de la normalité hollandienne, et c’est sûrement le but. Mais la toute-puissance divine, surtout après une accumulation de victoires n’est pas sans inconvénient. Le pouvoir peut littéralement monter à la tête². Et c’est très fréquent, si l’on croit le médecin, lord et ancien ministre des Affaires étrangères britannique David Owen. Dans “The Hubris Syndrome: Bush, Blair and the Intoxication of Power”, il décrit la manière dont le pouvoir peut transformer la personnalité d’un dirigeant.

Il préparait un livre sur les maladies qui touchent les chefs d’État quand il s’est aperçu que nombre d’entre eux n’avaient pas à proprement parler de pathologies³, mais semblaient avoir subi une totale transformation une fois arrivés au sommet de l’échelle. Cette intoxication au pouvoir n’est pas simplement de l’arrogance. Elle comporte aussi, entre autres, des doses de narcissisme et de mégalomanie (4). La personne est victime de son obsession pour sa propre importance et sa rectitude morale.

Owen liste treize comportements qui sont, selon lui, caractéristiques de ce qu’il a appelé “le syndrome d’hubris” (5). Ils vont de parler de soi à la troisième personne, à une identification totale entre le sort de l’individu et de l’institution qu’il dirige en passant par la croyance que seule l’histoire pourra juger de ses décisions.

Selon Owen, c’est ce syndrome qui a fait perdre à Tony Blair et Georges W. Bush le sens des réalités et conduit au déclenchement de la guerre en Irak. Il soutient aussi qu’Hitler, Margaret Thatcher ou Neville Chamberlain en étaient très certainement atteints, tandis que Mussolini et Mao combinaient l’hubris avec des personnalités bipolaires. Owen assure que lui n’a pas succombé grâce aux efforts combinés de son épouse et de son assistante, mais que le syndrome menace les dirigeants dans tous les domaines, de la politique à l’économie.

De nombreux chercheurs, tels le psychologue Dacher Keltner ou le neuroscientifique Sukhvinder Obhi ont d’ailleurs souligné les effets du pouvoir sur le cerveau. Celui-ci peut provoquer des lésions dignes d’un traumatisme crânien. Le pouvoir endommagerait particulièrement un processus neuronal spécifique qui permet de ressentir de l’empathie, de se mettre à la place des autres. C’est ce que Keltner nomme « le paradoxe du pouvoir » : une fois qu’on l’a, on perd certaines qualités qui ont été nécessaires pour l’obtenir. »

« The Hubris Syndrome: Bush, Blair and the Intoxication of Power »

Lord Owen

Methuen Publishing Ltd, 2012

(Une première édition de ce livre portait le titre « In Sickness and In Power: Illness in heads of government, military and business leaders since 1900. »)

 

Cordialement

 

0 – Si pour moi le vote Emmanuel Macron relevait de l’évidence, le doute quant à sa conception de la liberté demeure total …

¹ – “Jupitérien” … : serait-il possible d’en espérer plus que cette conception un peu surannée de la posture du chef en 5° République ? Quelque chose qui se rapprocherait de « En marche … Ashréi … », cette magnifique trouvaille d’André Chouraqui dans son immense traduction d’Un Pacte Neuf …

² – Grâce à Douglas Harding, nous sommes quelques-uns à pouvoir mettre à la disposition de tous ceux qui sont atteint de ce syndrome d’hubris l’exceptionnelle efficacité de la Vision du Soi. Les effets délétères du pouvoir ne sauraient en effet monter … dans une absence de tête ! Que les responsables en tous genre ne se contentent pas de lire tout ce qui est accessible concernant la Vision du Soi (Vision Sans Tête) : il doivent nécessairement avoir l’audace de faire les expériences proposées … Ce n’est pas gagné !

³ – Peut-être que l’avenir finira par considérer que si, justement, penser avoir une tête représente une pathologie des plus sévères, aux effets individuels et sociaux gravissimes. La mère de toutes les pathologies ! Mais mon optimisme légendaire m’impose d’ajouter : s’il y a un avenir … !

4 – Concernant le « narcissisme », la littérature est abondante. Mais quelque chose est souvent mal vu et mal compris concernant la « mégalomanie », que le dessin ci-dessous éclaire simplement :

Vouloir se faire « grand » en restant confiné dans la zone « je suis humain » du dessin est l’erreur fondamentale et la porte ouverte à toutes les catastrophes. La « grandeur » véritable, la seule, la vraie, passe par l’humilité de voir – simplement, concrètement, joyeusement – que « Je ne suis rien » au Centre et qu’alors, instantanément, « Je suis tout » en périphérie, que je suis notamment tous les autres, ce qui me place au plus haut niveau d’empathie possible. Être véritablement « grand » nécessite l’humilité & l’intelligence d’être « Je Suis »

La Vision du Soi selon Douglas Harding constitue(rait) un outil des plus efficaces pour parvenir à « Une transformation si totale du sens de la grandeur ». Il suffirait de s’en servir.

5 – Cf. également l’article de Cerveau & Psycho N° 34.

Le problème avec cette ivresse du pouvoir de quelques-uns, c’est qu’ensuite toute une population « trinque » : que l’hubris de quelques « malades » entraîne une répartition de la némésis sur tous … Il y a vraiment urgence à introduire la Vision du Soi dans le cursus de l’ENA et autres grandes écoles de « décideurs » !

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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