Ayant évoqué l’admirable figure d’Henri Le Saux dans un précédent billet, je me permets de vous indiquer qu’il est possible de visionner sur le wouèbe le documentaire que Patrice Chagnard lui a consacré :
« Henri Le Saux, Swamiji un voyage intérieur »
Le site « film-documentaire.fr » le présente – très maladroitement, voire faussement – ainsi :
« Sous la forme de récit autobiographique, combinant les textes d’Henri Le Saux, souvent d’une grande beauté, et le souvenir de ses proches, l’itinéraire de ce moine bénédictin converti à l’hindouisme. Parti en Inde en 1948 pour y fonder un ashram, lieu de dialogue et de confrontation de la mystique chrétienne et des différentes traditions spirituelles de l’Inde, il choisit de se retirer dans la solitude, aux sources du Gange, dans l’Himalaya, et de mener là, jusqu’à sa mort, en 1973, l’existence d’un moine errant hindou, d’un sadou. »
Et indique aussi par erreur que le film n’est pas disponible en DVD ; pour une somme modique, vous le trouverez chez Innerquest où il est beaucoup plus correctement introduit comme suit :
« Tourné au début des années 1980, Swamiji évoque avec une grande sensibilité le parcours intérieur exceptionnel du moine français Henri Le Saux, qui s’efforça de concilier le message de l’Évangile avec la pensée des Upanishads, vivant les vérités qu’il tirait de ce double héritage spirituel. Dès 1934, alors qu’il appartient à l’ordre bénédictin, il perçoit l’appel de l’Inde et souhaite y établir la vie monastique. C’est en 1948 qu’il rejoint l’abbé Jules Monchanin, qui l’avait précédé sur place depuis près de dix ans. Dès lors, ayant revêtu la robe des renonçants, débute pour lui une tentative pour vivre l’idéal contemplatif chrétien tout en se conformant aux règles du sannyasa. Le Saux séjourne en ermite dans des grottes d’Arunachala, la montagne sainte, est fortement impressionné par sa rencontre avec Ramana Maharshi. Après la mort du père Monchanin, il quitte l’ashram-monastère et part vers l’Himalaya, s’installant un temps dans un petit ermitage prés des sources du Gange. Les dernières années de sa vie, en compagnie du séminariste français Marc Chaduc, devenu son disciple, sont pour lui une période d’expériences spirituelles intenses et d’apaisement.
Les images – celles de l’impressionnante masse granitique de l’abbaye Sainte-Anne de Kergonan en Bretagne, celles de la hutte de Shantivanam ou des grottes occupées par Henri Le Saux, devenu Swami Abhishiktananda – sont accompagnées d’extraits de ses écrits. Des textes qui traduisent ses luttes pour dépasser les oppositions entre hindouisme et christianisme, doctrine et expérience. »
« Fidèle à son habitude, Patrice Chagnard s’abstient de tout commentaire : des photos, des bribes de lettres, des extraits de journal intime jalonnent cet itinéraire difficile et parfois troublant. Que ce soit en Bretagne ou en Inde, sa caméra inspirée filme l’indicible. Et c’est diablement beau … » (Télérama)
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Cordialement
NB : « ce moine bénédictin » ne s’est jamais « converti à l’hindouisme ». Il est d’ailleurs impossible à qui que ce soit de le faire : on naît à l’intérieur du système exclusif des « varnas » ou l’on demeure à jamais à l’extérieur, hors-caste.
Mais ne me croyez surtout pas sur parole, lisez plutôt « La montée au fond du cœur », son journal intime. Dans la dernière page, 471 :
« La Trinité ne se comprend que dans l’expérience d’advaita. »
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Sur France Culture : Passeurs de réel – Patrice Chagnard
« Le réel existe, c’est le film – Réflexions sur le cinéma documentaire », Claudine Bories, Patrice Chagnard.