J’ai découvert cette chronique hebdomadaire de Bernard Ginisty, « Des vacances au risque de l’inattendu », dans les actualités de la revue Sources pour une vie reliée.
« Pour beaucoup d’entre nous, les semaines qui viennent vont être un temps de vacances. Il serait peut-être bon de nous rappeler que ce mot définit un état de disponibilité. C’est donc le moment de prendre du recul¹ avec ce qui nous conditionne tout au long de l’année. Faut-il encore que nous échappions aux “devoirs de vacances” prescrits par les publicités à l’individu consommateur évoluant dans un monde où tout est marchandise. Au lieu de nous laisser séduire par les prétendues aventures sur mesure, le temps de la vacance peut être celui de la rencontre de l’inattendu, de la différence, de ce qui peut bouleverser nos synthèses toujours provisoires.
Nous sommes inondés de sites qui proposent des « rencontres » en tous genres : ils ont en commun de nous éviter le risque de la surprise.
[…]²
L’évolution de nos sociétés suppose un changement de regard des citoyens qui va de pair avec des renaissances personnelles³. Celles-ci intéressent peu les médias, car elles trouvent leur origine dans une fragilité et une vulnérabilité reconnues et non dans les injonctions à la performance, à l’excellence et à la compétition dont on nous rebat les oreilles. Le monde de demain se prépare par les inventions spirituelles, culturelles, psychiques, philosophiques, éthiques que devraient favoriser les temps de vacances. C’est ce “métier d’homme” qu’Alexandre Jollien définit ainsi :
“Je dois me battre contre l’esprit de pesanteur. Cette gangrène intérieure voudrait suivre des modèles, se cramponner aux fausses certitudes, prétendre tout maîtriser pour éviter la crainte qu’inspire cet éternel combat. Sacré métier d’homme, je dois être capable de combattre joyeusement sans jamais perdre de vue ma vulnérabilité ni l’extrême précarité de ma condition. Je dois inventer chacun de mes pas et, fort de ma faiblesse, tout mettre en œuvre pour trouver les ressources d’une lutte (4) qui, je le pressens bien, me dépasse sans toutefois m’anéantir.”
« Le métier d’homme », éditions du Seuil 2002″
Cordialement
¹ – Est-ce que « prendre du recul » sera suffisant ? Ne serait-il pas opportun de « réaliser », enfin, que notre vraie nature, notre véritable identité, est « vacance » pour accueillir tout ce qui se présente, espace d’accueil illimité et inconditionnel, « contenance » … ?
C’est possible dans un atelier de Vision du Soi selon Douglas Harding, ici, là, ou bien ailleurs. Vous n’avez besoin que d’un minimum d’audace pour assumer le risque de la surprise d’une rencontre avec le Grand … qu’en réalité vous êtes !
² – Un renvoi pour expliquer une coupure dans l’article ! C’est juste que je ne peux pas faire référence sur ce site au célèbre philosophe dont il est question dans la chronique. Je ne lui reproche nullement sa maolâtrie d’autrefois, mais celle d’aujourd’hui me dérange fortement. A propos d’une de ses violentes déclarations, Simon Leys rappellait fort à propos le proverbe chinois :
« Ne prenez jamais la bêtise trop au sérieux » … !
Ma censure n’est d’ailleurs pas vraiment à la hauteur, puisque le premier lien donne accès à l’article intégral … !
³ – C’est tout l’objet de Transformation personnelle & Transformation sociale. Je ne vois guère actuellement d’outils plus performants que ceux de Douglas pour contribuer très efficacement à ce chantier essentiel, d’une urgence absolue. Il suffirait de commencer pour de bon …
4 – A propos de « fragilité », cf. aussi : La fragilité, faiblesse ou richesse ? Et à propos de « lutte », cf. ce commentaire d’une citation de R. M. Rilke.