« Les riches n’ont jamais assez d’argent et les puissants jamais assez de pouvoir. Réfléchissons : la meilleure façon de satisfaire tous nos désirs et de mener tous nos projets à terme, c’est de les laisser tomber. »¹
Après avoir bénéficié de la percée² de la Vision du Soi selon Douglas Harding, je m’aperçois qu’il m’est impossible de me contenter de cette citation en l’état.
Ces « riches » et ces « puissants » ne le sont bien sûr que dans la zone « je suis humain » du dessin de Douglas ci-dessous. C’est d’une richesse et d’une puissance toutes relatives dont il est question, infiniment fragiles et soumises à toutes sortes d’aléas et de remise en question, quels que soient l’attention et les moyens consacrés à les sécuriser. Et elles n’apportent donc également qu’une paix et une joie très relatives, taraudées par la peur de manquer et de mourir, un enfermement³ dans une cage dorée … un enfer.
Il n’est donc pas étonnant que ces « pauvres » gens continuent de « faire toujours plus de la même chose », de « réussir à échouer », pour reprendre les expressions célèbres de l’école de Palo Alto. Ils ne peuvent faire autrement, frustrés qu’ils sont du Je Suis central, de cet espace d’accueil inconditionnel et illimité, seule Source de la vraie richesse et de la puissance de l’amour.
Que signifie donc ce « laisser tomber », ce lâcher-prise généralement si mal compris par les occidentaux ? Dans mon expérience de la Vision du Soi et dans la continuité de ma recherche antérieure, ce n’est que la conséquence – heureuse – d’avoir mené à terme le projet, le désir fou de recouvrer ma souveraineté sur le Tout. Ce n’est qu’en voyant très clairement – parfaitement – que je suis le Rien & tout, le Non-chose & toutes choses, le Contenant & tous les contenus, l’Espace d’accueil & l’univers, … qu’il m’a enfin été possible de poser les valises. Avant cela je reste dans la compensation – par une forme ou une autre de consommation – et mon désir demeure insatisfait.
Mais rassurez-vous, je ne m’ennuie pas car tout est à recommencer à chaque instant !
« Si le fou persistait dans sa folie, il deviendrait sage.
If the fool would persist in his folly, he would become wise. »
Cordialement
¹ – Cette citation provient du superbe ouvrage de Danielle & Olivier Föllmi : « Offrandes, 365 pensées de maîtres bouddhistes » qui m’a déjà inspiré quelques articles.
Leur projet « Sagesses de l’humanité » et leur association Hope valent que vous y consacriez un peu de votre temps, voire plus … Tous leurs livres constituent de merveilleux cadeaux.
² – « L’époque nouvelle, en train de venir, doit « percer » l’ancienne en train de partir. Ce qui est « devenu » se défend avec la rigidité de l’âge à laquelle s’ajoute la bonne conscience de la routine. Le nouveau exerce sa pression avec l’impétuosité maladroite de l’énergie encore inexpérimentée. La dignité de la tradition, la gloire des ancêtres auréolent ce qui est ancien, mais la fatigue et l’ennui marquent ce qui a commencé à tourner à vide. L’éclat d’une promesse marque l’aube nouvelle. »
Karlfried Graf Dürckheim – « La percée de l’Être »
³ – Alain Bayod décrit l’ego comme un blockhaus à deux compartiments principaux : vivres et munitions ! Il en est de toutes sortes …