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« L’éducation au risque de la spiritualité » – Philippe Filliot

L’Ecofestival de Chardenoux organisé par Terre du Ciel fin juin 2014 m’a offert l’opportunité d’animer deux ateliers de Vision du Soi selon Douglas Harding. Et également le plaisir de rencontrer un homme étonnant¹, Philippe Filliot, venu prononcer une conférence sur le thème :

« L’éducation au risque de la spiritualité² ».

Parmi les grandes caractéristiques de la démarche spirituelle, Philippe Filliot relève notamment « une orientation vers l’intérieur, un retournement vers l’intériorité ». Lorsqu’il a évoqué « tout un travail à faire sur une pédagogie possible de l’intériorité », j’ai bien sûr aussitôt pensé qu’une très grande partie de ce travail avait d’ores et déjà superbement menée à bien par Douglas Harding.

Doigt dans les 2 sensJPGJe suis en effet convaincu que la Vision du Soi est d’abord une géniale pédagogie du retournement vers … ce mystère intérieur que nous sommes. Une sorte de nouveau système d’exploitation particulièrement pertinent, efficace et efficient, pour « actualiser » tous les « logiciels » spirituels antérieurs, religieux ou non. Pour permettre de les intégrer plus profondément et de les mettre en pratique plus intensément. Bref, vu l’urgence de la metanoia, une méthode des plus utiles.

Mais, comme d’habitude, n’en croyez pas un traître mot, venez vérifiez dans un atelier, venez faire votre propre expérience (≈ « diamant »), ne vous contentez pas d’un savoir de seconde main (≈ « charbon »).

 

Cordialement

 

¹ – Au bout d’à peine quelques minutes de présentation, j’ai eu l’impression de faire partie de la même famille d’esprit que cet homme frappé dès l’adolescence par la pertinence de « Cela », avec qui je partage outre la pratique du yoga de nombreuses références spirituelles (Maître Eckhart, Martin Buber, …) et un vif intérêt pour la personne et l’œuvre de Bernard Besret.

Filliot² – Cette conférence reprenait quelques thèmes développés dans son ouvrage « L’éducation au risque du spirituel », paru en 2011 aux éditions Desclée de Brouwer. Le livre, préfacé par Michel Maffesoli, provient de la thèse de l’auteur à l’université Paris 8, inspirée et dirigée par René Barbier³. J’en parlerai très certainement, mais seulement après l’avoir lu !

La quatrième de couverture indique :

« Alors que l’on se presse aujourd’hui aux conférences du Dalaï-Lama ou pour voir “Des hommes et des dieux”, notre système éducatif paraît étrangement sourd à cet attrait pour le spirituel et à la richesse des grandes traditions. Comme figé dans des combats d’un autre âge.

Philippe Filliot propose une autre vision de l’éducation, curieuse, ouverte, débarrassée de ses préjugés. En faisant le détour par les spiritualités, en explorant les rapports entre Occident et Orient, il voit sous un angle inédit les défis de l’éducation et l’urgence de renouveler la pédagogie.

Dans ce dehors de l’univers scolaire qu’est l’approche spirituelle, comment caractériser la relation du maître, de l’élève et du savoir ? Au-delà des spécificités historiques et culturelles, quel modèle de pensée pédagogique ressort de l’« éducation spirituelle » ? Comment, enfin, transposer au sein de la laïcité des éléments de spiritualité pour une éducation de notre temps ? »

Extrait de la préface de Michel Maffesoli

« C’est par amitié pour l’auteur et par intérêt pour sa réflexion que j’ajoute quelques lignes à un livre qui se suffit à lui-même ! Ce qui ne veut pas dire que “L’éducation au risque du spirituel” est un ouvrage autosuffisant, ou pire “suffisant”. Bien au contraire. Pour reprendre un néologisme tendant à se répandre, il permet la “reliance”. C’est-à-dire, au plus près de l’étymologie que j’avais proposée pour bien saisir l’ampleur de ce terme : il établit des liens (religare), et suscite, de ce fait, la confiance (reliant). N’est-ce point ainsi que l’on redonnera ses lettres de noblesse à la démarche intellectuelle : retrouver sa capacité de relier ce qui est épars, et savoir dire oui (tout de même) au monde tel qu’il est ?

Liaison et affirmation, opposées à la séparation et à la négation nous étant si familières.

En effet, dans le caquetage tenant, actuellement, lieu d’analyse, Philippe Filliot propose une démarche singulière : un véritable chemin de pensée. Ainsi, au progressisme qui fleure bon son siècle 19, à ce progressisme expliquant le monde en sa totalité, il rappelle qu’il n’est pas inopportun d’opposer une traditionnelle pensée progressive sachant impliquer tous les aspects de la réalité humaine. Sachant, également, s’impliquer dans une telle entièreté. La référence à l’opposition proposée par Heidegger entre “pensée calculante” et “pensée méditante” pourrait, d’ailleurs, résumer l’originalité qui sourd de chaque page de ce livre captivant. Je signale, par parenthèse, qu’il est amusant de noter que nombreux sont les protagonistes des sciences “dures” qui, avec audace, nous indiquent la voie en ce sens. Curieuse frilosité des sciences humaines qui, dans leur majorité, restent figées dans le positivisme du siècle 19 !

Il est urgent, face à ce que j’ai appelé le retour, empiriquement constatable, de ces “choses” archaïques, de se (re)mettre en chemin. C’est-à-dire d’élaborer une méthode qui soit pertinente par rapport à ce qui se donne à voir. Repérer les redondances, ce que mon maître Gilbert Durand nomme les “résonances sémantiques”. En bref, faire un comparatisme prenant au sérieux ces curieuses consonances. Mettre en place une investigation métaphorique, analogique, toutes choses permettant de revaloriser ce que Gabriel Tarde appelait un “entendement allégorique”. C’est bien une telle “méthode” que propose l’auteur.

Jacques Maritain et son apologie de la puissance du spirituel, qui tel un fil rouge parcourt son œuvre, entrent en dialogue avec René Guénon montrant les limites du “règne de la quantité”, le tout convergeant dans une solide analyse de l’école du tao et de l’esprit zen. Pour ma part, c’est ainsi que j’ai compris cette interrogation : “Qu’est-ce que la spiritualité ?” que l’on retrouve tout au long de l’ouvrage. A savoir la prise au sérieux de l’“archaïque”, c’est-à-dire du principiel, du fondamental. Toutes choses nous permettant de nous renseigner sur l’énigmatique connaissance ordinaire qui “sait”, de savoir incorporé, qu’“il faut de tout pour faire un monde”. Et donc d’enseigner cela.

Toutes choses permettant de souligner que la coïncidence des opposés est, certainement, un des fondements de la mémoire sociale, et de l’inconscient collectif. Qu’il existe dans les histoires du monde, des durées sans Histoire, des instants éternels quasiment immobiles. Archétypes ou “type idéal” qui, à certaines époques, reprennent force et vigueur.

[…] »

³ – René Barbier, un universitaire rare et courageux. Son site personnel est très riche, et donc un peu brouillon. Cf. aussi sur le site du CIRET : Vers une éducation transversale

 

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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