« Pomme ronde, poire, banane
et groseille … Tout cela parle
de vie, de mort dans la bouche. Je sens …
Lisez plutôt sur le visage de l’enfant
~
lorsqu’il mord dans ces fruits. Oui, ceci vient de loin.
Sentez vous l’ineffable dans votre bouche ?
Là où étaient des mots coulent des découvertes,
comme affranchies soudain de la pulpe du fruit.
~
Osez dire ce que vous nommez pomme.
Cette douceur qui d’abord se concentre,
puis, tandis qu’on l’éprouve, doucement érigée,
~
se fait clarté, lumière, transparence.
Son sens est double : terre et soleil.
Expérience, toucher : ô joie immense ! »
Sonnets à Orphée (1922)
Traduction de Maurice Betz
Voici longtemps que j’apprécie tout particulièrement ce poème. J’y lis presque, désormais, la description d’une de ces expériences d’attention propres à un atelier de vision du Soi selon Douglas Harding. Comme toutes, si facile à reproduire, et comme la plupart, si aisée à intégrer dans sa vie quotidienne.
[NB : le site rilke.de est un véritable trésor en langue allemande, mais si vous allez sur l’onglet « Gedichte » et descendez un peu dans la page, vous découvrirez bon nombre de poèmes écrits directement en français sous la rubrique « Gedichte in französischer Sprache« . Il ne semble pas possible d’établir un lien direct, d’où ces explications.]
Cordialement