« L’adolescence, avec son sens de la révolte et de l’indépendance, apporte la détermination de trouver la vérité par soi-même, ne laissant prévaloir la parole de personne sur sa propre expérience. »
Cette offrande du jour dans le superbe livre de Danielle & Olivier Föllmi, « Offrandes – 365 pensées de maîtres bouddhistes » aux Éditions de la Martinière, me renvoie directement à la vie de Douglas Harding, et tout spécialement à son adolescence.
Pas de meilleur accès à celles-ci que le Post-scriptum autobiographique d’une douzaine de pages figurant en annexe à son livre : « Le procès de l’homme qui disait qu’il était Dieu ».
Mais vous en aurez également un bon aperçu dans le film relatant la vie et l’œuvre de Douglas réalisé par Richard Lang (35 minutes, sous-titré en français de Catherine Harding).
Après une enfance passée sous forte pression au sein d’une famille appartenant aux Frères Exclusifs de Plymouth, le jeune Douglas parvient à l’adolescence :
« Contrairement à ma sœur et à mon jeune frère, en fait contrairement à presque tous les enfants Exclusifs, j’en suis arrivé à remettre de plus en plus en question la théologie (en elle-même pas très différente de celle d’autres sectes évangéliques intégristes) et le style de vie très particulier des Frères. A les remettre en question silencieusement, bien sûr, car ces sujets n’étaient pas matière à discussion.
A vingt-et-un ans [1930], mes doutes ayant mûri et explosé, j’apostasiai.
[Un apostat est, étymologiquement, quelqu’un qui s’est éloigné, qui s’est séparé … Mais s’éloigner d’un groupe arrêté, se séparer d’une communauté close sur elle-même, c’est se remettre en mouvement, s’ouvrir de nouveau au monde …]
Refusant de me retirer progressivement … sans m’expliquer clairement, j’avais décidé de rompre brutalement. J’écrivis une thèse de dix pages (hélas perdue aujourd’hui) à l’intention des Anciens, et fus également invité à leur exposer en personne mes idées hérétiques.
Pour des raisons qui, aujourd’hui encore, me sont quelque peu obscures, j’ai choisi non pas de dissimuler, mais de dire la vérité. Non pas de m’enfuir, mais de passer en jugement.
Je présume que cette farce, cette comédie de jugement et ma défense soigneusement préparée étaient pour moi une nécessité psychologique à ce moment là, une façon d’annoncer à moi-même et au monde, aussi bien qu’aux Frères, ma renaissance à une vie nouvelle et à la liberté. »
Voilà un magnifique exemple des qualités de l’adolescence évoquées ci-dessus par Jack Kornfield. Mais ce fut surtout un exceptionnel point de départ pour, d’abord une recherche exigeante et ensuite le partage d’une « œuvre » (au sens très large de ce mot, incluant expériences de Vision du Soi, dessins, écrits, interviews, vidéos, …) où ces qualités exceptionnelles demeureront toujours primordiales.
« Ne laisser prévaloir la parole de personne sur sa propre expérience » a constitué, constitue et constituera à jamais la marque de fabrique et le leitmotiv de la Vision du Soi, dans le droit fil de cet épisode difficile et fondateur de la vie de Douglas.
Cordialement