« C’est avec votre corps que vous méditez, non avec ce que vous croyez être votre esprit, qui est en fait votre mental (0). Celui-là, pour le moment, vous avez intérêt à le mettre de coté. Non seulement il ne vous servirait à rien, mais il ne pourrait que vous compliquer la tâche.
Qu’est-ce que mettre de côté le mental ? C’est simplement cesser de s’identifier avec lui, ne plus s’imaginer que nous sommes les pensées qui nous traversent et qu’il faut justement laisser traverser.
…
Méditez avec tout votre corps, pas seulement avec votre tête. Sinon, vous vous en apercevrez facilement, elle penchera vers l’avant. Maintenez-la bien droite ; imaginez-la fichée tout en haut de la colonne vertébrale à la manière d’une boule de bilboquet sur son manche¹. Elle se tiendra à sa véritable place, cessant de tyranniser le reste de l’organisme qui enfin pourra se détendre et s’exprimer, car elle ne lui laisse jamais la parole, sauf quand il crie parce qu’il souffre.
Si elle vous cause encore des ennuis, retirez-la et posez-la à coté de vous. Vous verrez comme les choses deviendront simples². N’oubliez tout de même pas de la reprendre avant de sortir du dôjô³ …
Cordialement
0 – Une seule solution, exigeante, pour sortir de la confusion : lire soigneusement « Corps & Ame – Esprit » de Michel Fromaget.
Une suggestion, toute aussi exigeante : lire cet ouvrage après avoir participé à un atelier de Vision du Soi selon Douglas Harding …
Rappel : la Première Personne compte toujours à partir de 0, moyen habile (upaya) de, notamment, transformer les groupes de quatre personnes en groupe de trois … De réduire à néant le concept erroné d’« environnement ». De commencer à échapper à la « contagion mimétique » (René Girard) d’un face-à-face … aussi impossible que nuisible. Essayez, vérifiez … n’en croyez pas un traître mot !
¹ – L’image du bilboquet est vraiment atroce ! La tête est bien plutôt délicatement posée « tout en haut de la colonne vertébrale » avec une intelligence, une précision, une subtilité quasiment poétique … Pour s’en convaincre il n’y a qu’à consulter un des livres ou posters que Blandine Calais-Germain consacre à cet axe de vie central, objet de tant d’attention et de propositions de travail en Qi gong, yoga et … méditation.
Cependant cette image choquante ouvre à la possibilité de … « Vivre Sans Tête » !
² – Effectivement, « vous verrez comme les choses deviendront simples » à partir du moment où vous aurez, non pas « retiré » votre tête, mais constaté que, sur l’évidence de l’instant présent, pour vous-même, vous n’en avez pas … :
« Le plus beau jour de ma vie — ma nouvelle naissance en quelque sorte — fut le jour où je découvris que je n’avais pas de tête. Ceci n’est pas un jeu de mots, une boutade pour susciter l’intérêt coûte que coûte. Je l’entends tout à fait sérieusement : je n’ai pas de tête. »
« The best day of my life—my rebirthday, so to speak—was when I found I had no head. This is not a literary gambit, a witticism designed to arouse interest at any cost. I mean it in all seriousness : I have no head. »
A vous de choisir désormais votre manière d’arriver à … ce point de départ ! Mais si vous préférez continuer de faire semblant « d’être en recherche » plutôt que de « trouver » pour de bon, un conseil : évitez soigneusement la Vision du Soi !
³ – Jacques Brosse plaisante, mais cette histoire de « tête » est réellement de la plus haute importance. C’est à proprement parler une question de vie ou de mort. Tout zendô, et plus largement tout lieu de recherche spirituelle authentique, devrait être – et en réalité est – un lieu où l’on constate – simplement, concrètement, joyeusement – son absence de tête et où l’on apprend à vivre le plus assidûment & continûment possible sans.
La Vision du Soi (Vision Sans Tête) découverte par Douglas Harding sera bientôt aussi courante dans tous ces lieux que … l’eau ! Je vous en donne ma … tête à couper !