Dans l’émission du 4 décembre 2019, « Christian Bobin l’enchanteur », François Busnel a eu l’excellente idée d’inviter Clotilde Courau pour une lecture inspirée de quelques extraits de « La nuit du cœur ».
Waouh … ! Le silence, bien trop court, qui suit du Christian Bobin lu par Clotilde Courau est magnifique, admirable d’émotion … Cette dame que je ne connaissais pas est vraiment une … princesse !
Cordialement
La lecture ci-dessus se suffit à elle-même, mais les lecteurs de volte-espace (s’ils existent) connaissent la maladie du commentaire dont je suis affligé …
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« Les sauterelles électroniques se sont abattues sur l’Égypte de l’âme. Elles dévorent tout. … »
C’est ce qui explique que je ne crois pas un instant en la possibilité de partager la Vision du Soi selon Douglas Harding par écrans – « sauterelles électroniques » – interposés. La « Vision » ne passe qu’au plus près, au plus immédiat, au plus charnel, au plus simple, au plus risqué, … à ras de l’humain. Dans un atelier, face à … espace ! Essayez, vérifiez !
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« Le mot “âme” le monde le prend avec une pince de métal froid et il le retire de la personne, sans qu’elle s’en aperçoive, ni qu’elle en souffre. Peut-être même devient-elle plus performante … »
Mon principal désaccord avec Christian Bobin réside dans cet emploi – à mon humble avis – inadéquat du mot « âme ». Il gagnerait tant à lire « Corps & Âme – Esprit » de Michel Fromaget et à écrire à partir de cette tripartition anthropologique juste. En réalité c’est ce qu’il fait déjà, et c’est ce qui explique son succès en dépit de cette confusion entre « âme » et « esprit ».
Il serait tellement plus simple, pour Christian Bobin comme pour nous tous, d’employer le mot juste, histoire de ré-ouvrir la possibilité de se reconnecter consciemment à la (non) « chose » … Ce « petit » réajustement serait sans doute de nature à détourner notre monde de sa course à l’abîme, capable d’opérer « une transformation totale du sens de la grandeur ».
« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ».
Cette parole de Camus peut être prolongée : mal nommer l’espace d’accueil illimité & inconditionnel de tous les objets, le contenant ultime, c’est causer le malheur de ce monde.
Le « monde » reformate l’âme à sa guise, mais le monde ne peut rien contre l’Esprit – qui le contient. Fort heureusement. Le seul moyen de renverser la « thèse du monde » c’est de réaliser notre dimension première – le principe – d’Esprit et de vivre à partir d’icelui. C’est « le seul espoir ».
Le « monde » … ?
« Le monde veut le sommeil. Le monde n’est que sommeil. Le monde veut la répétition ensommeillée du monde. Mais l’amour veut l’éveil. L’amour est l’éveil chaque fois réinventé, chaque fois une première fois. Le monde n’imagine pas d’autre fin que la mort, cette extase du sommeil, et il considère tout à partir de cette fin. … L’enfant va à l’adulte et l’adulte va à sa mort. Voilà la thèse du monde. Voilà sa pensée misérable du vivant : une lueur qui tremble en son aurore et ne sait plus que décliner. C’est cette thèse qu’il te faut renverser. »
Avant-dernier chapitre du « Très-Bas »
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« Peut-être qu’on ne peut se reconnaître que dans autrui. Peut-être qu’il faut passer par quelqu’un d’autre que soi pour se connaître et se reconnaître. »
Peut-être que réaliser – simplement, concrètement, joyeusement – l’évidence du « face à espace » est le seul moyen de vraiment « se connaître et se reconnaître ».
Visage là-bas en périphérie – à l’autre extrémité du tube – à espace d’accueil illimité et inconditionnel Ici au Centre – de mon coté du tube.
Une fois de plus, n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !