« Pour l’homme, la question décisive est celle-ci : te réfères-tu ou non à l’infini ? Tel est le critère de sa vie.C’est uniquement si je sais que l’illimité est l’essentiel que je n’attache pas mon intérêt à des facilités et à des choses qui n’ont pas une importance décisive … Si nous comprenons et sentons que, dans cette vie déjà, nous sommes rattachés à l’infini, désirs et attitudes se modifient. Finalement, nous ne valons que par l’essentiel, et si on n’y a pas trouvé accès, la vie est gaspillée. »
« Ma vie – Souvenirs, rêves et pensées »¹
Voilà belle lurette que je lis un peu Jung², de manière décousue, dans le désordre. Mais, avoir choisi de privilégier l’expression « Vision du Soi » plutôt que « Vision Sans Tête » (ce dont je m’explique dans cet article) m’incite à essayer d’y voir un peu plus clair sur cette notion du « Soi » chez Jung.
J’avoue bien volontiers ignorer les relations exactes entre la recherche de Douglas Harding et celle du célèbre (… ?) zurichois, mais je suis à peu près sûr que le premier s’est intéressé aux travaux du second. Je pense néanmoins que le « Self » utilisé par Douglas provient en droite ligne de l’ « atman & brahman » hindou … tout comme celui de Jung !
J’ai donc relu cet été trois ouvrages de Michel Cazenave :
- « Jung revisité – Tome 1 – La réalité de l’âme », éditions Entrelacs 2011
- « Jung revisité – Tome 2 – Jung et le religieux », éditions Entrelacs 2012
- « Jung, l’expérience intérieure », éditions du Rocher 1997 ou Dervy 2013, ouvrage original centré sur la fameuse tour de Bollingen construite par Jung
Michel Cazenave m’avait déjà donné l’occasion de faire figurer sur volte-espace un extrait important d’un texte de Jung : « L’expérience religieuse est absolue ». Ces nouvelles lectures vont naturellement générer quelques nouveaux projets, mais l’essentiel n’est-il pas déjà fortement exprimé ci-dessus … ? C’est un rappel contemporain de l’insistance bouddhiste sur le caractère infiniment précieux de toute vie humaine, ou de l’insistance chrétienne sur l’urgence de mener à bien son « salut ».
La Vision du Soi selon Douglas Harding permet de Voir clairement à quel point nous sommes tous fondés – entés – sur cet infini mystérieux, à quel point notre véritable nature n’est autre que cet espace d’accueil illimité et inconditionnel. Cette méthode est donc une excellente manière d’éviter le funeste³ gaspillage habituel. Mais, comme d’habitude, n’en croyez pas un traître mot, venez vérifier dans un atelier.
Cordialement
¹ – Éditions Gallimard, collection Folio n° 2291
« Ma vie est un très grand livre, quasiment le dernier, et c’est par lui qu’il faut commencer la lecture de Jung. » Voici ce qu’écrit Ysé Tardan-Masquelier, dans l’introduction à son très intéressant ouvrage : « Jung et la question du sacré », aux éditions Albin Michel, collection Spiritualités Vivantes n° 153
Les conseils de lecture de l’œuvre de Jung qu’elle propose dans la bibliographie de cet ouvrage sont des plus utiles.
² – Et notamment, régulièrement, « Présent et avenir » au Livre de Poche, collection références. Ce remarquable essai vous donnera sans doute l’envie de lire la plus grande partie du reste.
³ – Funeste, au sens strict de ce mot. Ne vivre qu’en troisième personne, c’est-à-dire se réduire aux seules composantes corps et âme, c’est se contenter d’un stade larvaire – néoténique – tel que le développe Michel Fromaget dans ses ouvrages – c’est, comme nous le disent la quasi totalité des traditions, un état bien proche de la mort …
« Jésus disait : Quand “cela” sera engendré en vous, cela vous sauvera. Si vous n’avez pas “cela”, l’absence de “cela” vous tuera. »
Évangile de Thomas, logion 70
Cf. aussi cet article.