Il y a bien trop longtemps que je profite égoïstement du dessin ci-dessous, découpé dans un vieux Charlie Hebdo. Le temps est venu d’en faire profiter les quelques – « happy few » – lecteurs de volte-espace :
Pourquoi maintenant ? Eh bien figurez-vous que désormais il fait « chaud » dans « l’enfer » d’une montagne – pour partie – transformée en parc de loisirs (0). Et quand il ne fait pas trop « chaud », c’est qu’il y a un vent « d’enfer ».
Les choses se dégradent en effet à toute allure depuis que Charb a génialement croqué le profond ennui du ski de piste. (Le ski, le vrai, c’est tout autre chose.) Comme les pôles, la montagne est en effet beaucoup plus affectée par le dérèglement climatique que les autres régions du globe¹. Mais, comme presque partout ailleurs, les « responsables » – et la plupart des habitants – y demeurent dans le déni de la gravité de la situation². « On verra bien … » « Onypeurien … » ! Pour l’instant on continue de jeter l’argent par les fenêtres … vers l’intérieur !
Si le sujet des effets du dérèglement climatique sur les zones de montagnes vous intéresse, il y a pléthore d’études sur le wouèbe. Je me permets de vous conseiller celle-ci :
« Changement climatique et risques naturels dans les montagnes tempérées ».
Mais sachez aussi que certains effets ne se limiteront pas à ces seules zones : si les « châteaux d’eau » se délabrent, le manque d’eau risque fort de se faire sentir assez loin autour d’eux … Si les versants s’écroulent, certaines grosses infrastructures de transport risquent d’être menacées. Etc …³
Cordialement
0 – Cette dégradation (« mise en valeur » selon certains …) ne concerne heureusement qu’une portion assez limitée des territoires de montagne. Mais il est vrai que, face au dérèglement climatique, la tendance est de « faire toujours plus de la même chose » : étendre le domaine skiable, créer des liaisons entre stations, équiper plus en altitude, … Comme c’était la règle il y a trente ou quarante ans, avant l’emballement du dérèglement climatique. Il est désormais établi que cette tendance est la meilleure façon de « réussir à échouer ».
Pour avoir appris à skier à Val Pelouse, une micro station désormais retournée à l’état naturel, je ne suis pas trop inquiet concernant la remise en état des sites …
¹ – Selon Météo-France, au XXème siècle, la température moyenne de l’Hexagone a augmenté de plus d’un degré. Dans les Alpes, elle a augmenté deux fois plus vite : plus deux degrés.
Figurez-vous que votre serviteur lors de sa première Vallée Blanche adolescente, il y a un peu plus de quarante ans, arrivait pile poil au niveau du Montenvers, par gravité … Aujourd’hui cette descente est une peau de chagrin qui se termine quelques centaines de mètres plus bas … Heureusement il y a une télécabine qui vous économise 150 m de dénivelé …
² – Déni … ? Comment ne pas évoquer, une fois de plus, les cinq étapes du modèle de la psychiatre suisse Élisabeth Kübler-Ross : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation.
La colère risque de se traduire par des votes aussi déplacés qu’inutiles :
Le marchandage risque de ne pas changer grand chose à l’état du monde physique, en dépit de l’avis contraire de ceux qui pensent que l’argent, la technique, les accords juridiques, … sont en mesure d’apporter une solution à tout :
La dépression est loin d’être une phase inutile, à condition d’en sortir :
L’acceptation est la plus sage des attitudes, surtout lorsque l’on dispose d’autant de faits absolument indiscutables pour la justifier. A ce propos, jetez donc un œil aux articles de Paul Chefurka, ici ou là, ou encore directement sur son blog.
Et cette acceptation inconditionnelle de la réalité, aussi difficile soit-elle, constitue de toutes façons le meilleur point de départ pour … la suite ! D’innombrables solutions existent d’ores et déjà, toutes globalement non-conformes au modèle économique dominant.
³ – En résumé, quelques conseils si vous aimez véritablement la montagne :
- venez vous y installer définitivement. Quand les choses vont commencer à se gâter sérieusement dans les villes, vous serez beaucoup mieux ici.
- n’y venez que pour trois semaines d’affilée minimum, de préférence en utilisant les transports en commun.
- oubliez les sports d’hiver dont le bilan carbone est catastrophique. La plupart des stations font le maximum pour verdir leur image, mais le compte n’y est pas, et n’y sera vraisemblablement jamais. C’est assez inquiétant en terme d’emploi et d’attractivité du territoire, mais c’est ainsi. « Facts are friendly ».