« Au cœur du réel,
le vide.
Vide
de tout phénomène perceptible.
De toute chose déployée dans l’espace,
de tout événement
soumis au déroulement du temps,
de toute entité doté de matérialité.
Ce qui s’entend
n’est pas lui.
Ce qui se voit¹
n’est pas lui.
Nada, nada².
Neti, neti³.
Ni être, ni non-être,
au-delà de l’être et du non-être.
Vide abyssal,
sans circonférence ni centre.
Et le vide, rien éternel 4,
est l’ultime fondement de tout ce qui existe. »
1 – « Sans commencement dit : Le Tao ne peut être entendu ; ce qui s’entend n’est pas lui. Le Tao ne peut être vu ; ce qui se voit n’est pas lui. » Zhuang Zi (chap. 22), in « Philosophes taoïstes », Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, p. 256.
2 – « Rien, rien », expression utilisée par St-Jean de la Croix
3 – « Pas ainsi, pas ainsi » : « Quelle que soit la définition de l’atman-brahman que l’on puisse proposer, il faut répondre : Non, ce n’est pas ainsi que l’on peut le définir ! » (sous-entendu : parce qu’il est indéfinissable). Jean Varenne, « Upanishads du Yoga », Paris, Gallimard, coll. Idées, 1971, page 171, note 9.
4 – Cf. Jacob Böhme, cité dans « Le Vide – Expérience spirituelle en Occident et en Orient », page 119 : « Ein ewig Nichts. »
Cordialement