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Alerte à la duperie écologique ! – LaRevueDurable

En soutien à l’excellente, que dis-je, à l’indispensable Revue Durable, je relaie ci-dessous l’Éditorial de Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz paru dans le – déjà ancien mais toujours d’actualité – n° 30 :

« Vers un tourisme de proximité, riche d’expériences fortes ».

« Alerte à la duperie écologique ! (0)

L’être humain a besoin d’être rassuré sur son sort¹. C’est sur ce terreau de tous temps fertile que prospère aujourd’hui un phénomène qui mine la cause écologique : le Greenwashing. Cette pratique, qui consiste à dire plutôt qu’à faire, à prétendre plutôt qu’à accomplir, à afficher plutôt qu’à prouver par les actes, à déclarer sa flamme à l’écologie plutôt qu’à épouser sa cause, à parler de la maison qui brûle tout en étant le premier à regarder ailleurs est plus que jamais aux avant-postes des stratégies d’image et de communication.

Si le Greenwashing enfle tant en ce moment, c’est qu’il doit répondre à une profonde attente. A l’espoir que tout ira bien. Que les craintes à propos du climat qui se détraque, par exemple, s’estomperont, voire s’évanouiront d’elles-mêmes. La thèse que le péril est réel, immense, imminent, se heurte à cette hypothèse rivale aussi coriace que tenace malgré les démentis permanents : pas de panique, tout finira par s’arranger d’une quelconque manière. Grâce à la science, au génie humain, à l’inventivité qu’exacerbe la concurrence qui règne entre les agents économiques.

Fondamentalement, le Greenwashing – en bon français, la duperie écologique –
vise à persuader qu’il n’est pas besoin de changer les pratiques collectives. Et s’il fait tant florès depuis quelque temps dans les déclarations d’intention des politiques et dans les discours des chefs d’entreprise, pourtant usuels boucs émissaires de la vindicte écologique, c’est certainement parce qu’il fait écho à une profonde aspiration du grand public, qui voudrait pouvoir être rassuré à bon compte.

La manière dont l’écotourisme, par exemple, semble faire l’unanimité alors qu’il
occulte le problème environnemental numéro un du tourisme, soit le déplacement
vers les destinations « vertes » souvent à l’autre bout du monde, est absolument remarquable². De même que la façon dont une version contre-productive de la compensation volontaire triomphe pour le plus grand bonheur des banques d’affaires. Sans parler, bien sûr, des habituelles postures sur le développement durable ou les énergies renouvelables, dont le seul but est de faire croire – à tort – qu’on s’occupe sérieusement du problème.

Une ligne de front sépare ceux qui ne demandent qu’à succomber à cette désormais omniprésente duperie de ceux qui la refusent. Les premiers sont encore très majoritaires, mais les seconds sont loin d’avoir abandonné la partie. Pour preuve les initiatives majeures de tourisme lent et de proximité, qui prennent leur essor, les analyses de Jean-Christophe Hadorn sur le solaire photovoltaïque sans cesse écarté en France et en Suisse  et les actions que LaRevueDurable soutient, voire initie : lutte contre le charbon à Fribourg et contre les émissions de gaz à effet de serre d’une manière générale avec Le climat entre nos mains

Avec cette initiative sur le climat, toute l’équipe de  s’engage et se mobilise au-delà du “seul” journalisme et de l’édition. Son espoir est que ses lecteurs – et bien d’autres ! – y trouvent une aide et une incitation pour parvenir, eux aussi, à saisir ce problème à bras-le-corps dans tous les registres de leur vie quotidienne, tant privée que professionnelle. »

&

L’introduction du dossier relève quelques idées de bon sens :

« Le problème est que les émissions de gaz à effet de serre des touristes dues à leur voyage sont bien plus abondantes (en moyenne, 89 % du total) comparées à celles dues à leur hébergement et à leurs activités sur place.

Pour percevoir le monde extérieur, cette charpente [le corps] transporte une cohorte d’antennes – l’ouïe, l’odorat, la vue bien sûr, le goût et le toucher – qui recueillent en permanence des myriades de signaux qui émanent de ce monde. Et rien ne vaut le rythme de la marche pour que ces cinq sens éveillent le corps conscient (4) aux belles choses : arbres majestueux, rivières chantantes, oiseaux furtifs, papillons irisés, vieilles pierres restaurées, panorama surprise au passage d’un col … promeneurs qui partagent un même état d’esprit.

Seulement voilà, à mille lieues d’évocations si bucoliques, l’avion et la voiture, principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre du secteur du tourisme, gardent plus que jamais la cote. Et ni la crise financière, ni la hausse des cours du pétrole ni le réchauffement climatique ne se révèlent pour l’heure capables d’ébranler des « masses hédonistes » toujours plus nombreuses à préférer mettre à profit les méga-infrastructures routières et aéroportuaires qui tissent leur toile à la surface du globe plutôt qu’à opter pour le train et à faire confiance à leurs jambes.

Là est la principale raison pour laquelle ce dossier se consacre avant tout au tourisme de proximité et aux modes de transport « doux ». Au train, bien sûr, qui permet de parcourir de belles distances, et à toute la panoplie de la mobilité qui s’appuie sur le corps humain : ses pieds, ses mollets, ses cuisses, ses hanches, ses bras, ses épaules… sans oublier son cerveau, en particulier – mais pas seulement – son cortex préfrontal.

C’est cette partie du système nerveux central, siège des raisonnements les plus élaborés, qui fait la fierté de l’espèce humaine et fonde sa domination sur le vivant. Et c’est sur elle qu’il faut compter (5) pour que l’humanité finisse par accepter qu’il est souvent plus sage de délaisser le moteur à combustion et son carburant fossile au profit du train, du vélo et de la bonne vieille charpente humaine, ses os, ses muscles et le système vestibulaire qui lui permet de si bien garder l’équilibre lorsqu’il se tient debout ou met un pas devant l’autre.

En même temps, bien qu’encore minoritaire et pas toujours »duperie » bien organisée, une partie des professionnels du tourisme se met résolument à explorer une autre philosophie du voyage, qui privilégie une mobilité moins polluante, le plaisir même de se déplacer, de préférence de façon lente, et l’aventure près de chez soi plutôt qu’à l’autre bout de la planète (6). A cette façon  de reconsidérer le tourisme, de nombreux voyageurs se montrent réceptifs.

« Xavier de Maistre montre, dans son Voyage autour de ma chambre publié en 1794, qu’il  n’est pas nécessaire de partir au loin pour être confronté à l’altérité et vivre des aventures (7). Citoyens et acteurs touristiques doivent tous assumer leurs responsabilités. De leurs choix et de leurs comportements dépendent l’avènement d’un tourisme et de loisirs durables qui, au lieu de consumer la nature et de banaliser les paysages, se déploieront en parfaite intelligence avec les équilibres écologiques et les populations d’ici et d’ailleurs. »

Ce paragraphe de Rafael Matos-Wasem, professeur à l’École suisse de tourisme de Sierre, résume à merveille les intentions de ce dossier consacré au tourisme, qu’il a en partie inspiré. L’idée générale est que pour limiter l’impact du tourisme sur le climat et pérenniser des pratiques touristiques aujourd’hui beaucoup trop dépendantes du pétrole, il apparaît pertinent de voyager moins et moins loin pour profiter plus et plus longtemps des lieux de villégiature.

Sous forme de slogan, cela pourrait donner : « Qui va lentement profite mieux » ou, plus amusant, « Plutôt local que low-cost » !


Cordialement

0 – Certes la problématique écologique m’intéresse tout particulièrement, mais il est plus qu’urgent de lancer l’alerte à la duperie tous azimuts en fait ! Il est en effet possible de transposer ce texte, presque mot pour mot, dans le domaine de la sagesse & spiritualité, où règne un ahurissant « spiritwashing ». D’innombrables prestataires, incompétents et/ou calculateurs, exploitent le gisement considérable de la misère ontologique humaine pour proposer de fausses solutions qui ressemblent très vaguement aux vraies … Pour proposer du « développement personnel » en guise de véritable spiritualité, alors que ces deux dimensions sont radicalement opposées. Ou pour proposer une riche offre « globale » – bling bling – qui associe adroitement ces deux dimensions, contribuant ainsi à accroître la confusion du vocabulaire et un dommageable mélange des genres  …

La Vision du Soi selon Douglas Harding maintient quant à elle rigoureusement le cap d’une spiritualité exigeante, souvent dérangeante, et ses propositions sont à prendre ou à laisser. Pas question de dériver de quelques degrés d’un coté ou de l’autre. Tout est parfaitement clair, simple, sans échappatoire.

Je ne suis pas sûr que ce soit le cas d’une certaine « Université » autoproclamée. A dire vrai je sais par expérience que ce n’est pas du tout le cas. Mais faites votre propre expérience, vérifiez s’il y a oui ou non « duperie » spirituelle.

Rappel : la Première Personne compte toujours à partir de 0, moyen habile (upaya) de, notamment, transformer les groupes de quatre personnes en groupe de trois … Et également de réduire à néant le concept erroné d’« environnement ». Essayez, vérifiez … n’en croyez pas un traître mot !

¹ – C’est vrai, « L’être humain a aussi besoin d’être rassuré sur son sort », mais il a prioritairement besoin de voir clairement – parfaitement – sa véritable identité, dont découle tout le reste, notamment le sens d’une vie digne d’être vécue … Il a d’abord besoin de vérité. Seule la vérité le rendra libre, et ce dont il a aussi besoin en découlera ensuite naturellement, par surcroît.

« … et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »

« … καὶ γνώσεσθε τὴν ἀλήθειαν, καὶ ἡ ἀλήθεια ἐλευθερώσει ὑμᾶς. »

Jean 8, 32

Tout message spirituel authentique n’est pas de prime abord très « rassurant ». Tenter de le réduire à cette seule dimension, c’est jouer petit, et « jouer petit ne sert pas le monde ».

² – Tout comme « l’écotourisme », l’ésotourisme semble lui aussi faire l’unanimité alors qu’il occulte le problème environnemental numéro un, le déplacement vers des destinations lointaines, exotiques, le désert, l’Inde, l’Himalaya, le Japon, …

Je le dis aussi crûment que je le pense : ces voyages lointains sont de pitoyables compensations du seul voyage qui en vaille la peine, celui qui vous ramène de là-bas en périphérie à Ici au Centre, long voyage d’à peine un mètre depuis la zone « je suis humain » du dessin ci-dessus jusqu’au « Je Suis » central … Et ce sont sans doute aussi des divertissements pour éviter de penser à lui, pour différer la possibilité de l’entreprendre pour de bon. S’ils ne constituaient pas d’aussi puissants contributeurs au dérèglement climatique et aux désordres du monde, c’en serait risible.

L’expression de l’article « Vacances écologiques … ! » :

« Cette année, je m’offre des vacances écologiques : je reste chez moi. »

… s’avère pertinente bien au-delà du seul domaine des vacances : « rester chez soi & Soi », demeurer au Centre, dans sa véritable nature d’espace d’accueil illimité et inconditionnel, constitue La réponse à la plupart des questions. Cette proposition étant considérable, n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !

³ – Nous n’avons pas seulement le qi, le prana, « notre » recherche spirituelle et « notre » éveil entre nos mains. Nous avons aussi et d’abord « le climat entre nos mains ». Comment prétendre être sincèrement concerné par la sagesse & spiritualité et ne pas se poser la question de Jean-Marc Jancovici dans son livre « L’avenir climatique » : « Quel temps ferons-nous ? »

4 – « Le corps conscient », c’est ce que je souhaitais promouvoir avec la proposition – désormais abandonnée – intitulée « Un corps bien accordé », en hommage au titre d’un livre essentiel de Jacques Dropsy.

La marche relève au moins autant de l’évidence que la Vision du Soi. Jacques Dropsy lui consacre le sixième chapitre du livre mentionné ci-dessus. Le zen propose cette quintessence de la marche qu’est le kin-hin. La Vision du Soi vous permet de voir – dans tous vos déplacements dont, avec un peu de pratique, la marche – que ce que vous êtes vraiment n’a jamais bougé d’un millimètre, a toujours été le Contenant immuable de l’espace & temps … Whaouh !

5 – Je ne crois pas que ce soit sur la « tête » qu’il faille compter pour gagner significativement en sagesse dans le champ de l’écologie, comme dans tous les autres … Avec la « tête » nous accumulons des données scientifiques depuis plus d’un siècle, les classons et les relions pour parvenir à des certitudes … que nous sommes incapables de traduire en comportements individuels et en régulation politique. « Nous ne croyons pas ce que nous savons » pour reprendre l’excellente formulation de Jean-Pierre Dupuy.

Alors que vivre dans la conscience de son « absence de tête » & vivre la Vision du Soi permet(trait) de réaliser – simplement, concrètement, joyeusement – que, comme le sage des Upanishads, nous avons pour corps l’univers entier (Cf. le schéma de la note 0). Et que sur la base de cette évidence il devient dès lors impossible de martyriser ce Grand corps que nous sommes par des trajets en avion, des déplacements incessants et insensés de personnes et de marchandises et toutes les innombrables aberrations du « bluff technologique ». La seule alternative à ce tourisme destructeur – et plus globalement à la mondialisation – c’est une vie spirituelle résolue, bien accordée aux caractéristiques de notre temps.

6 – Impossible ici de ne pas évoquer Henry David Thoreau et sa proclamation qu’une vie ne suffit pas à explorer les merveilles de l’univers dans un rayon de vingt kilomètres autour de chez soi … à condition d’avoir suffisamment de curiosité et d’imagination. Vingt kilomètres aller plus vingt kilomètres retour : cela fait déjà une belle journée de marche !

7 – Les lecteurs de volte-espace – s’ils existent ! – savent déjà que la Vision du Soi ne propose pas de « tourner autour du puits », mais d’avoir le courage et l’audace de descendre au fond.

« Le Maître disait :

Beaucoup se tiennent autour du puits mais il n’y a personne pour y descendre. »

Évangile de Thomas, logion 74

L’aventure du Tout-Autre est d’abord intérieure, aucun chercheur & trouveur sérieux n’a jamais osé prétendre le contraire dans toute l’histoire de « La Philosophie Éternelle ».

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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