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Respiration douce … – Bernard Besret

Un beau texte de Bernard Besret (0) trouvé en surfant sur le wouèbe :

« J’aimerais méditer avec vous le rapport qu’il y a dans nos vies entre l’intensité, la plénitude de l’instant présent et le fait que nous sommes insérés dans le temps, dans l’espace, dans l’histoire¹. Au fond, un des défis de nos vies est d’apprendre à vivre l’instant présent dans la plénitude sans s’évader du temps qui passe, de l’histoire dans laquelle nous sommes et des relations dans lesquelles nous enrichissons notre vie personnelle. On ne peut pas faire une scission dans nos têtes entre l’essentiel et les événements actuels².

Pour prendre un exemple parlant, lors de la fécondation, la cellule est prise d’une frénésie de multiplication. Il y a à l’œuvre une force de division. Si la vie n’était que le fruit de cette division, on aurait des milliards de cellules semblables, indistinctes, et non un être humain. Or cette force de scission s’allie à une force de rassemblement, de fusion, d’unité pour donner naissance à un autre humain, fruit de l’interaction intime d’une force de scission (très masculine) au sein d’une force d’unité (symboliquement féminine)³. Il faut la conjonction de ces deux forces qui donnent la diversité des êtres. L’une ne doit pas dominer l’autre car cela introduirait la mort soit par éclatement soit par étouffement.

La vraie vie établit comme une respiration douce du multiple dans l’un. La vie spirituelle est du même ordre. Elle exige la capacité de s’ouvrir aux autres, à tout ce qui se passe autour de nous et, en même temps, elle a besoin de se recentrer sur la perception de l’être, de l’essentiel. Se couper de la réalité ne permet pas de rencontrer la vie, et s’engager dans la vie au point de ne plus prendre le temps du recentrement et de la perception de l’instant présent met en danger notre unité d’être.

Cela veut dire que, dans nos vies, il faudrait instaurer cette respiration : s’ouvrir aux autres et se recentrer sur l’essentiel (4). Plus on se recentre sur la perception du vertical, plus on se donne une capacité d’ouverture sans mettre en danger son unité d’être, sans risquer de s’éparpiller. Cette respiration me semble absolument essentielle car il ne faut absolutiser ni le temps du ressourcement ni l’ouverture aux autres. Celui qui vit seulement dans son intériorité au prix de la coupure de la relation, s’asphyxie ; celui qui est toujours sur la brèche ne peut plus donner véritablement et risque une forme de mort par dispersion.

Il faut mettre en œuvre cette respiration douce, marier ouverture et recentrement, action et contemplation (5). Nous ne sommes des êtres réellement vivants que si nous avons la capacité à la fois de nous recentrer et d’être présent à tout ce qui se passe. »

Extrait d’une conférence donnée à Annecy en 1995.

Bernard Besret

 

Cordialement

 

0 – Suite à « Yoga … spirine ?! », mon intérêt pour l’aventure Bernard Besret a été relancée, vers ses livres, vers ceux qui l’évoquent, vers des articles mis de coté au cas ou … Il n’est encore guère possible de parler d’un moment Bernard Besret, mais je suis persuadé que le temps de ce qu’il appelle le « monachisme invisible » viendra, il pointe déjà …

Contribuer à faire connaître ses intuitions & réflexions, celles de l’époque Boquen comme celles qui ont suivi, s’avère plus que jamais indispensable. Et ne plus proposer l’atelier « Actualité des valeurs monastiques » me stimule paradoxalement pour continuer d’alimenter cette rubrique !

Rappel : la Première Personne compte toujours à partir de 0, moyen habile (upaya) de, notamment, transformer les groupes de quatre personnes en groupe de trois … Et également de réduire à néant le concept erroné d’« environnement ». Essayez, vérifiez … n’en croyez pas un traître mot !

¹ – Le thème « Entrer dans l’intelligence du temps » a été plus particulièrement développé par Bernard Besret dans son livre « Confiteor – De la contestation à la sérénité ». Mais il traverse comme un leitmotiv tous ses livres.

² – « … dans nos têtes », on ne peut guère faire autre chose que des « scissions » ! Heureusement la Vision du Soi (Vision Sans Tête) permet de rétablir – simplement, concrètement, joyeusement – l’unité « entre l’essentiel et les événements actuels ». Entre l’essentiel central et les événements qui surviennent dans les nombreuses « couches » périphériques.

L’expérience consistant à vivre la carte ci-dessus – accessible à tous ceux qui le veulent vraiment, à tous ceux qui en ont l’audace – permet de connaître la joie de cette « respiration douce du multiple dans l’un », et de la maintenir. Essayez, vérifiez … n’en croyez pas un traître mot !

³ -Il me semble nécessaire de compléter la dimension symbolique de cette proposition, dans laquelle « symboliquement » aurait pu, du, précéder aussi « très masculine ». Bernard Besret, enrichi désormais d’une belle & grande expérience taoïste, n’écrirait sans doute plus les choses dans un mode yang & yin aussi simple. Pour rester bref, sachez qu’une femme qui court est plus yang qu’un homme qui dort, ou qui marche.

Sachez aussi que le yin est non seulement premier, mais aussi largement majoritaire, comme Cyrille Javary l’a démontré dans divers travaux. Enfin, quand les choses tournent rond !

Les divers processus cancéreux de l’organisme sembleraient s’originer dans un emballement mortifère de cette dynamique yang de scission indifférenciée. Et la majorité d’hommes qui a développé l’inquiétante fission nucléaire obéissait peut-être à une tendance sexuée profonde … Concernant les multiples effets délétères de l’excès de yang dans la société, il suffit de consulter les informations … mais ne me faites pas dire que tout ce qui va mal en ce bas monde provient des hommes ! Seulement de l’excès de yang.

4 – Est-il possible de vraiment « s’ouvrir aux autres » avant de s’être préalablement « recentré sur l’essentiel » ? Personnellement j’en doute, et c’est pourquoi je formulerai les choses dans cet ordre : se recentrer sur l’essentiel & s’ouvrir aux autres. Ce n’est pas chipoter sur les mots, ça change tout !

Toute vraie rencontre entre des individus de la zone « je suis humain » du dessin ci-dessus passe nécessairement par le « Je Suis » central. Les relations véritablement humaines sont sagittales et pas radiales (complément à venir).

Cela rejoint la question majeure posée par Marie Balmary : avons-nous encore les moyens de cette fraternité inscrite au fronton de tous nos bâtiments publics ? Grâce à la Vision du Soi selon Douglas Harding, je suis persuadé que la réponse est oui ! Mais essayez, vérifiez … n’en croyez surtout pas un traître mot !

5 – La Vision du Soi répond de manière particulièrement habile à cette invitation à la « contemplaction » (contemplation & action, l’ « enracinement & ouverture » célébré par Jean-Yves Leloup), parce qu’elle n’est pas réservée à de rares instants privilégiés de notre journée. Il est possible de vivre continuellement en mode volte-espace, en mode médit&actif dans toutes nos activités. Si jamais ça grince, ça coince, … c’est que nous sommes sortis de ce mode et qu’il convient d’y revenir. Mais essayez, vérifiez … n’en croyez surtout pas un traître mot !

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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