Un acteur méconnu (très) de Vatican II est un certain Bernard Besret, homme remarquable, que je considère comme un ami, même si je ne l’ai rencontré qu’une seule fois, et dont je souhaite dire quelques mots … en ce 50° anniversaire du concile.
C’est à son riche et courageux parcours, et plus précisément à son ouvrage : « Du bon usage de la vie », que je dois mon inspiration pour l’atelier « Actualité des valeurs monastiques ».
Bernard Besret découvre l’œuvre d’Aldous Huxley à 14 ans, vit un véritable coup de foudre deux ans plus tard à la lecture de « La philosophie éternelle », et … se « retire » aussitôt au monastère de Boquen en Bretagne.
Ce monastère héritait d’une longue tradition de réforme, de retour à la source :
- St-Benoît et sa Règle des moines, au 6° siècle
- Les Cisterciens à la fin du 11° siècle, réforme de l’Ordre Bénédictin
- Les Trappistes au 17° siècle, réforme des Cisterciens
- Dom Alexis Presse, ex-abbé de l’abbaye de Tamié, qui souhaite à son tour retrouver l’esprit de la règle de St-Benoît
Bernard Besret ne proposait-il pas à l’évidence – mais bien trop en avance sur son temps – un cinquième niveau de réforme, qui concernait, bien au-delà de Boquen, toutes les consciences en chemin, tous les individus appelés à réaliser leur unité, nous tous en somme ?
Une réforme visant à interpréter l’ascèse [l’exercice, tout simplement] en termes de croissance et de vie, de dilatation dans la joie spacieuse, à en faire un art de vivre, art de devenir « moine », unifié, éveillé.
« J’appelais de mes vœux l’émergence d’un monachisme du 21° siècle, profondément ancré dans la tradition …, mais complètement libéré des institutions et des idéologies héritées des siècles passés. J’en appelais à l’émergence d’un monachisme invisible. »
Bernard, en pleine force de l’âge et fort de ses convictions les plus profondes, veut aller très loin dans cette volonté de Jean 23 de procéder à un « aggiornamento » de l’église (une mise à jour, un peu comme lorsque vous upgradez les divers logiciels de votre ordinateur), d’ouvrir les fenêtres de l’institution, de dépoussiérer le dogme, …
Trop loin assurément, puisque les forces des « ténèbres » menacent d’attenter à sa vie et le contraignent à la démission. Il a fait le récit de ces tribulations dans « Confiteor », un ouvrage de poids.
Ses propositions restent d’une brûlante actualité, tout particulièrement à l’heure où un autre expert du concile, Hans Küng, théologien suisse aussi brillant et indocile que lui-même, dénonce la « poutinisation » de l’église sous le pontificat de Benoît 16.
Bernard fait le point de l’étape la plus récente de sa vie dans son dernier ouvrage « A hauteur des nuages – Chroniques de ma montagne taoïste ». Ouvrage peut-être moins dense que les précédents, mais plus apaisé, porteur d’une joie sereine nourrie conjointement par le Ciel et la Terre.
Je suis particulièrement heureux de m’efforcer d’honorer la vie et l’œuvre de cet homme remarquable en appliquant la méthode de la Vision du Soi au thème de l’actualité des valeurs monastiques.
Cela constitue en quelque sorte un niveau de réforme supplémentaire, un ultime retour à la source, à la Source …
Cordialement
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