Je ne suis jamais allé aux États-Unis, et je vais soigneusement m’appliquer à ne jamais y aller.
Non seulement parce que voyager s’avère excessivement nuisible à la santé de la planète¹, et donc à celles de tous ses habitants – présents et à venir – mes proches et moi-même inclus.
Non seulement parce que je suis convaincu avec Aldous Huxley que « voyager, c’est vérifier que tout le monde se trompe ».
Mais surtout parce que ma très modeste connaissance de l’histoire de ce pays me l’a depuis longtemps fait considérer comme un … repoussoir, l’image de ce que notre avenir risque de devenir. L’irruption soudaine de Donald Trump au plus haut niveau du grand cirque médiatique et politique états-unien ne fait que confirmer une assez longue … évolution.
La ruée expansionniste vers de nouveaux territoires, vers de nouveaux espaces à terroriser et piller, le génocide des amérindiens, l’esclavage, les guerres incessantes (d’indépendance, de sécession, suivies de tous les conflits – mineurs ou majeurs – impulsés par les États-Unis, …), l’obsession du « business as usual », … n’ont jamais véritablement suscité mon admiration². Une bonne part de tout cela a certes été initié par des européens, ou mis en œuvre avec leur complicité active, mais les élèves américains ont très largement dépassé leurs maîtres ….
« Les États-Unis sont le seul pays à être passé de la barbarie à la décadence sans connaître la civilisation. »³
C’est pourquoi je suis assez heureux de relayer sur volte-espace la parution de ce livre de Michel Floquet : « Triste Amérique, le vrai visage des États-Unis ». Vous en trouverez ci-dessous une critique publiée dans un Nouvel Obs … datant d’avant les primaires républicaines !
« Ne cherchez plus ! Si vous souhaitiez comprendre pourquoi le milliardaire fantasque Donald Trump est à deux doigts d’être le candidat du Parti républicain à la prochaine élection présidentielle américaine de novembre, ce livre est fait pour vous. C’est, en effet, un triste voyage auquel Michel Floquet convie son lecteur. L’ancien correspondant de TF1 à Washington, qui vient de rentrer à Paris, ne pontifie pas. Il livre par petites touches ses carnets de reportages. En racontant ce qu’il a vu ces cinq dernières années, il entraîne son lecteur dans un récit au long cours à travers une Amérique bien différente de celle qu’offrent les séries télé, dans un pays qui reste le plus puissant du monde mais dont les habitants semblent marcher sur la tête.
Ici, c’est un président d’université qui ne voit pas très bien pourquoi il devrait renoncer à sa retraite chapeau (8,5 millions de dollars, tout de même) alors que ses étudiants sont tous endettés sur deux ou trois décennies (les frais de scolarité ont augmenté de 440 % en vingt-cinq ans). Avec cette épée de Damoclès pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir des parents millionnaires : la ruine. Les encours de la dette étudiante avoisinent, en effet, 1 160 milliards de dollars (c’est la moitié de la dette publique française) et le nombre de jeunes cadres surendettés explose.
Là, c’est l’empereur des casinos de Las Vegas qui, en échange de son aide de plusieurs millions de dollars à un candidat républicain aux primaires de 2012, obtient de lui à peu près ce qu’il veut. Et notamment cette promesse surréaliste : le déménagement de l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Un peu plus loin, Floquet raconte comment une petite ville de l’Oklahoma est saisie par la folie du gaz de schiste. On y saccage le paysage en toute impunité et sans se poser de questions puisqu’après tout c’est de l’or qu’on cherche et que cela vaut bien qu’on martyrise la terre. Le journaliste raconte la vie quotidienne dans ces ghettos où l’on vit entre riches, entre Blancs, entre vieux, etc., et comment le lien social se dénoue petit à petit sur fond d’inégalités et de tensions sociales et raciales.
Cette triste Amérique, c’est aussi celle des « food stamps », qui coûtent chaque année 74 milliards de dollars (35 avant la crise financière de 2008), où un enfant sur quatre mange à la soupe populaire. Et comme on ne fait jamais les choses à moitié de l’autre côté de l’Atlantique, on y compte 3 000 morts par intoxication alimentaire chaque année et plus de prisonniers qu’en Chine ou en Corée du Nord…
Le grand mérite du livre de Floquet, c’est de raconter mille anecdotes pour décrire l’envers du décor du gendarme du monde. Et cela fait souvent froid dans le dos. Pour illustrer la façon dont les avocats ont remplacé le lien social notamment (70 % des avocats du monde entier sont installés aux États-Unis), il raconte ainsi le licenciement d’un jeune maître-nageur qui a sauvé quelqu’un de la noyade… en dehors du périmètre dans lequel l’entreprise qui employait le « héros » était censée opérer. Triste Amérique, en effet. »
Notre ami David Lang doit se sentir bien seul dans ce triste environnement. Heureusement qu’il dispose de la Vision du Soi selon Douglas Harding ! L’exceptionnelle efficacité de cette méthode ne sera pas de trop pour rétablir des États-Unis enfin dignes d’eux-mêmes.
Cordialement
¹ – Cf. notamment « Vacances écologiques … ! » et « Esotourisme : ne plus cautionner l’inconscience ».
² – Nous sommes bien d’accord, il existe aussi une longue liste d’immenses américains dignes d’admiration, à commencer par Thoreau, Muir, Emerson, Whitman, … Mais le système qui les englue, eux et leurs successeurs, est éminemment pervers.
³ – Citation d’une paternité incertaine certes, mais qui colle si bien aux États-Unis !
Que les américains qui tiennent la route, sans doute au moins 10% de la population, pour éviter à leur pays d’en sortir complètement me pardonnent !