(Extrait d’entretien publié le 30 avril 2017 par lesamisdelami)
Yvan & Douglas
« Avant (0) nous allions dans les ashrams, nous allions dans les temples pour trouver cette énergie unique, expression du processus même de la vie. Nous y allions pour qu’au contact de cette énergie soit stimulé notre propre processus de croissance. Nous quittions le bureau, l’usine, le magasin, les villes, les familles.
Le temps est venu de créer cet environnement ; et ceux qui participent à cette création génèrent un force analogue à celle de l’enseignement.
Le challenge aujourd’hui, c’est de créer ce même type d’énergie dans les endroits que nous fuyons pour aller dans les ashrams¹.
Notre challenge c’est de créer, au sein même de ces structures, ce que nous recherchions dans les ashrams. Convertir l’enseignement en action, amener cette conscience dans l’environnement qu’auparavant nous cherchions à fuir.
Tous ces domaines peuvent être l’occasion d’exprimer l’enseignement, l’enseignement de notre temps. Pas l’enseignement du siècle dernier. La réalité est la même, mais son expression demande une remise à jour. Et la seule façon de remettre à jour l’enseignement, c’est de l’inventer. Une remise à jour de l’enseignement ne saurait être une imitation².
L’expression de l’enseignement aujourd’hui n’a pas de modèle déjà existant. Nous ne pouvons le copier nulle part. Il nous faut inventer le nouveau modèle. Et cette invention ne peut pas être une fabrication du cerveau. Il doit être spontanément créé par une conscience réellement ouverte dans laquelle l’univers se reflète³.
Ceci ne peut être le résultat d’une décision mentale, ceci ne peut pas être la décision d’une vie émotionnelle de frustrations. Seul celui qui ne croit plus à ces frustrations peut coopérer à ce service. Celui là seul peut essayer d’inventer cette nouvelle vie.
C’est un changement radical, nous inventons à la fois la manière, l’action et l’outil.
Vous devez être un lieu où l’univers se reflète.Vous devez être un lieu où l’univers peut se retrouver et se reconnaître (4). Un lieu de relation vivante, un lieu de relation consciente (5) où l’action ne soit pas un mode de satisfaction personnelle égoïste mais où l’action est service pour la seule beauté du service.
Servir pour l’amour de servir.
Je n’ai pas fabriqué cet enseignement avec mon mental. Cette conscience qui s’est développée en moi, m’a façonné, a fait de moi l’outil de son expression, pour l’exprimer. D’une certaine façon cette conscience m’a “outillé”, elle ne s’est pas contentée de m’utiliser. Elle a fait de moi son outil, pour qu’elle puisse s’exprimer aussi précisément, avec autant de certitude que possible. Cet enseignement que je vous transmets est aussi proche que possible de sa source, tout en étant aussi proche que possible de vous. Il doit correspondre, il doit être adapté. Cela rend compatible cette conscience que je suis, cette conscience et vous. (6)
Cette conscience qui me structure, œuvre en moi, est en train de structurer les modèles sociaux au travers desquels elle pourra s’exprimer. A travers tous ces outils individuels, elle crée des structures sociales, des actions sociales qui a leur tour servent d’outils sociaux capables de devenir compatibles pour que cette conscience puisse s’exprimer.
La vie exprime un besoin différent, elle a besoin de structures plus vastes pour s’infiltrer, se répandre, se déployer.
Un nouveau modèle se structure pour créer des outils appropriés pour faire la démonstration de la conscience à l’œuvre au travers de la relation consciente avec les êtres.
C’est la seule solution pour la survie de la planète. (7)
L‘action est le résultat du Si, Si nous sommes un tant soit peu conscients
Et Si vous faites ce que veut la vie.
Vous ne le faites pas,
La vie le fait à travers vous.
Le cosmos tout entier est avec vous. » (8)
Extrait d’un entretien (1/10/1992)
Cordialement
0 – Malheureusement cette démarche, compréhensible mais vaine, est loin d’avoir cessé. Beaucoup de gens continuent de fuir dans un ailleurs et un avant plus ou moins fantasmé l’inanité du quotidien. La plupart d’entre eux sait pourtant pertinemment que l’essence de la spiritualité peut être résumée en cette formule bien connue : ici et maintenant.
Tout aussi courageusement qu’Yvan Amar, Douglas Harding s’est résolument engagé dans l’actualisation de la recherche … et de la découverte ! A la tentation de la fuite, Douglas a répondu non pas en faisant face mais en étant espace … espace d’accueil illimité et inconditionnel, contenant ultime, Témoin. La posture proposée, par lui et plus modestement par moi, consiste à faire … volte-espace.
¹ – Une fois ses motivations bien clarifiées, et même après avoir vu l’évidence de sa propre nature, son Visage Originel, rien n’empêche bien sûr quiconque de continuer à fréquenter temple ou ashram. Mais lorsque la Vision du Soi est à peu près stabilisée, aucune occasion, dans quelque lieu que ce soit, n’est on ne peut plus appropriée pour demeurer dans cette Vraie Nature. Le quotidien est désormais tout entier temple ou ashram.
Petit bémol : l’ésotourisme est tout aussi nocif pour le climat et la planète qu’un tourisme plus classique. Optez donc, si besoin, pour un temple ou un ashram de proximité et allez-y by fair means : à pieds, à cheval, en vélo, kayak, etc … et avec un usage extrêmement modéré des transports en commun, ou à défaut de la voiture. (Tous ceux qui manquent d’imagination peuvent s’inspirer du hors-série n°3 « Le voyage écologique » du magazine Carnets d’Aventures) !
² – Dans un commentaire, succinct et déjà ancien, du livre d’Yvan Amar « Les nourritures silencieuses », j’écrivais que j’avais été particulièrement heureux de découvrir, dans « L’Effort et la Grâce », le passage suivant, qui me paraît éclairer un aspect important de la parenté de ces deux « témoins et conducteurs du Réel », Yvan et Douglas :
« Un éveillé pour moi est celui qui est à la fois contagieux de ce qu’il vit, et en même temps capable de le transmettre, et par conséquent de transmettre les pratiques, les structures conductrices qui correspondent au temps, au lieu où il se trouve. C’est quelqu’un qui est traditionnellement un traître . Il va trahir les anciennes formes pour révéler les nouvelles. Il va actualiser l’éternel dans l’enseignement qu’il transmet. »
Si d’aventure vous vous sentez vraiment concerné par la recherche spirituelle, je vous conseille, humblement, de vous poser très sérieusement la question suivante : que me propose-t-on, une imitation de l’avant & ailleurs ou bien « l’actualisation de l’éternel » ici & maintenant ?
Pour avoir observé d’assez près le milieu de cette recherche depuis quelques dizaines d’années, je sais qu’il subsiste, voire se développe toujours, énormément de propositions du vain registre de « l’imitation » et de la seule « contagion ». Prenez plutôt le risque de vous orienter vers « quelqu’un qui est traditionnellement un traître » et solidement équipé pour transmettre !
Belle occasion de rappeler aussi cette superbe parole de Paul Valéry :
« Des ancêtres il faut conserver la braise et non la cendre. »
³ – « … spontanément créé par une conscience réellement ouverte dans laquelle l’univers se reflète » : comment ne pas faire le lien – direct, immédiat, évident – avec « Vision », le texte fondateur de la Vision du Soi ? Cette Vision du Soi qui se situe aux antipodes d’une « fabrication du cerveau » puisque c’est aussi une Vision Sans Tête ! Il est donc impossible de la comparer avec tout autre « modèle ». Mais il est tout à fait possible de l’essayer, de la tester, de voir si elle nous convient …
4 – Plutôt que devenir « un lieu où l’univers se reflète », ce qui maintient l’expression d’une forme de dualité, la Vision du Soi vous propose de Voir – simplement, concrètement, à volonté – que vous êtes espace d’accueil pour la totalité de cet univers, que, tout comme le sage des Upanishads, « vous avez pour corps l’univers entier ». Si vous êtes d’évidence ce « lieu où l’univers peut se retrouver et se reconnaître », c’est parce que telle est votre véritable nature, parce que vous êtes construit ainsi. Votre seul mérite consiste(rait) à cesser de prétendre le contraire, à cesser de dépenser une énergie folle pour maintenir l’illusion d’une individualité séparée d’un prétendu « environnement ».
Tel est le vrai sens de la méditation, magnifiquement résumé par Yvan Amar en cette superbe formule :
« La méditation c’est le lieu où l’univers se réjouit d’être l’univers. »
Malheureusement la méditation est devenue à la mode, et bien peu de vendeurs de méditation actuels sont capables de répondre à l’exigence de cette proposition que, pour ma part, je considère comme définitive. La Vision du Soi si … N’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !
5 -Être consciemment un « lieu de relation vivante, un lieu de relation consciente », qui y parvient véritablement avant l’expérience du tube … ? Expérience inoubliable qu’il est ensuite si facile d’établir lors de chaque rencontre en dehors du tube … Dire qu’il existe encore des doutes quant à l’exceptionnelle efficacité des outils de Douglas Harding ! Mais il est vrai que ces doutes émanent de lecteurs qui ne les pratiquent pas, ou d’experts. Ayez l’audace d’oser sortir des chemins rebattus, ayez le courage de chercher & trouver en dehors des règles établies, vous ne le regretterez … jamais.
Hors du tube … point de salut !
6 – Il y aurait énormément à dire sur ce paragraphe, mais j’ai choisi de rester à ras de terre, dans un pragmatisme tout anglo-saxon : la Conscience a pareillement fait de Douglas son « outil » & le créateur des outils exceptionnels de la Vision du Soi. Pour qu’il soit en mesure, et nous à sa suite – Catherine, Alain, Richard, David, José, Lorène, Sarah, Jean-Marc, Mary, Sam, Karin, etc … – de dévoiler « aussi précisément, avec autant de certitude que possible » l’évidence de notre commune Vraie Nature aux chercheurs d’ici & maintenant.
Toutes ces expériences, aussi efficaces que merveilleuses, ne sortent assurément pas de la tête d’un excentrique anglais (!), elles sont l’expression même de la Conscience qui veut nous éveiller à son évidence. Et « l’enseignement » qu’elles supportent est d’une congruence rare avec sa Source : aussi simple et concret que la Source, aussi Rien & Tout – vide & plein, non-chose & toutes choses, témoin & spectacle, etc … – qu’Elle. C’est parce qu’il constitue cet aboutissement – actuel – d’adaptation qu’il fonctionne aussi bien, et qu’il continuera de le faire. Mais bien entendu n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !
Disons aussi que la Conscience ne met pas tous ses œufs dans le même panier : elle a ainsi également « outillé » Marie Balmary, « Elle a fait d’elle son outil, pour qu’elle puisse s’exprimer aussi précisément, avec autant de certitude que possible ». Elle et quelques autres, heureusement …
7 -A l’heure des présidences Trump, Poutine, Orban, etc … et des presque 40% de Mme Le Pen en France, à l’heure d’un dérèglement climatique omniprésent, à l’heure de diverses folies – financière, numérique, transhumaniste, … – la question, essentielle & urgente, est effectivement celle de la survie de la planète. La Vision du Soi selon Douglas Harding propose d’ores et déjà, gratuitement ou quasiment, ces « outils appropriés … de la relation consciente » qui seuls nous permettront de dépasser la « crise », de rompre définitivement avec ce vieux monde, au ventre toujours fécond, qui a enfanté tant de monstres.
Encore une fois il suffirait d’avoir l’audace d’essayer …
8 -Alors oui, devant l’ampleur des problèmes, l’urgence de la transformation et, il faut bien le constater, l’assez faible nombre des « moissonneurs », un certain découragement surgit parfois … Il importe alors de se souvenir des mots d’Yvan qui font un bien fou :
« Vous ne le faites pas,
La vie le fait à travers vous.
Le cosmos tout entier est avec vous. »
Vous le faites au nom & en tant que la totalité du cosmos. Et c’est pour cela que ça marche et que ça marchera de mieux en mieux. Essayez … pour de bon !
NB :
« Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers.
(Τότε λέγει τοῖς μαθηταῖς αὐτοῦ, Ὁ μὲν θερισμὸς πολύς, οἱ δὲ ἐργάται ὀλίγοι:)
Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. »
(δεήθητε οὖν τοῦ κυρίου τοῦ θερισμοῦ, ὅπως ἐκβάλῃ ἐργάτας εἰς τὸν θερισμὸν αὐτοῦ.)