Le mot « claque » ayant connu un succès retentissant à l’occasion de ces deux tours des élections municipales 2014, je ne résiste pas à la tentation de le reprendre à mon compte, pour revenir, une fois de plus, vers cette indispensable Marie Balmary.
J’ai tenté d’expliquer, tant bien que mal, dans cet article – qui conserve néanmoins une certaine pertinence – le détail de son interprétation¹ de Matthieu, 5-38 qu’André Chouraqui traduit ainsi :
« Vous avez entendu qu’il a été dit : “Œil pour œil” et “Dent pour dent”. Or moi je vous dis : ne vous opposez pas au pervers. Mais à qui te gifle sur la joue droite, tourne lui l’autre aussi. »
Dans un récent atelier de Vision du Soi selon Douglas Harding, j’ai pu constater :
- qu’il m’était très difficile de faire comprendre aux participants, uniquement avec des mots, cette posture très spécifique consistant à ne pas « s’anti-poser », à « tourner à lui aussi autre » (selon le mot à mot plus significatif retenu par Marie Balmary)
- qu’il m’était très facile de leur permettre de voir, grâce à quelques expériences d’attention bien choisies et à la carte de la Première Personne², que cette posture découle naturellement de la re-connaissance de leur Vraie Nature.
Comme très souvent, c’est un détour par le Nouveau Testament qui permet à Marie Balmary de dénouer une situation problématique de l’Ancien, « capable de détruire l’âme humaine » : dans le cas présent il s’agit du « sacrifice » d’Isaac. Et cette percée de compréhension permet aussi, bien évidemment, de considérer tout autrement la passion de Jésus. D’en faire une lecture non sacrificielle, comparable à celle de René Girard dans « Des choses cachées depuis la fondation du monde ».
Est-ce que je me trouve là très loin de la Vision du Soi ? Je ne crois pas, bien au contraire. Le « mimétisme conflictuel » de René Girard³, la symétrie dans la non-relation étudiée par Marie Balmary, ce sont d’autres manières de nommer le face-à-face. Comme la société contemporaine estime que ce dernier constitue désormais l’unique forme de relation, et qu’elle verrouille soigneusement cette affirmation au moyen du langage, nous serions éternellement condamnés à la violence et au sacrifice …
Heureusement la société se trompe totalement. Le christianisme bien compris et vécu, Marie Balmary et René Girard, entre autres, nous offrent bien des outils pour sortir de ce face-à-face, implacable générateur de plaies, bosses, pleurs et grincements de dents.
Mais quel incomparable présent que la Vision du Soi de Douglas Harding pour, en quelques heures, voir simplement, concrètement, cordialement, … la posture salvatrice qui consiste à se tourner vers l’espace d’accueil, la non-chose radicalement autre, que nous sommes en vérité. Y demeurer demande bien sûr un peu d’assiduité, mais quel gigantesque progrès que d’avoir déjà vu clairement que le face-à-espace est la seule alternative au face-à-face, à la peur et à la violence.
Puis-je oser un « hors de volte-espace, point de salut » … ? !
Le président et le fringant nouveau premier ministre vont-ils « tendre l’autre joue » suite à cette mémorable paire de « baffes » ? Cela ne leur ressemblerait guère, et cela risquerait d’être mal interprété comme un retour de la fille aînée de l’Église dans le giron de sa … maman ! Vont-ils adopter la stratégie « volte & espace » ? J’en doute, mais je veux qu’ils sachent que je reste à leur disposition pour animer un atelier Transformation personnelle & transformation sociale pour le nouveau gouvernement.
Cordialement
¹ – « Le sacrifice interdit – Freud et la Bible » – Chapitre 8 « Un fils libre » – Livre de Poche, Biblio essais
2 – Carte notamment commentée ici et là.
³ – Site consacré à René Girard