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L’Invitation faite à Pang (Degong) – Ni Duan, 2

« L’Invitation faite à Pang (Degong) »

L’Invitation faite à Pang (Degong) – Ni Duan

Il faudrait toute la connaissance et le talent de François Cheng pour réussir à commenter avec quelque pertinence¹ cette scène sublime.

Juste quelques remarques sommaires.

La nature est le « personnage » premier, pas un simple décor secondaire, pas un simple « environnement », et le peintre la traite avec tous les égards dus à son premier rang. Les humains sont insérés dans cette nature à leur juste place, la deuxième, et à leur juste taille².

L’histoire se passe à l’époque troublée des Trois Royaumes. En dépit de cette « invitation » musclée – cinq hommes visibles, dont peut-être Liu Biao lui-même – le sage taoïste Pang Degong refuse l’honneur de devenir le conseiller de Liu Biao, gouverneur de la province et seigneur de la guerre, et demeure retiré dans les montagnes.

Son histoire est peut-être moins connue que celle des Sept Sages de la forêt de bambous.

Dans notre époque contemporaine également troublée, mais pas encore tout à fait en état de guerre³, nombreux sont les aspirants-conseillers des « puissants » qui gagneraient à s’inspirer de la sagesse exposée dans cette peinture. Encore faudrait-il qu’ils soient en mesure d’écouter et d’entendre la voix de la nature. Encore faudrait-il qu’ils soient de taille à comprendre le désir mimétique (4) et à choisir d’en sortir …

Tout sage taoïste qu’il est devenu, Pang Degong n’en reste pas moins prudent et soucieux d’efficacité. Il garde en main devant lui une houe maraîchère de belle dimension, à la fois pour signifier clairement qu’il préfère rester à la campagne pour cultiver ses légumes, mais aussi pour se défendre. Comme la plupart des outils aratoires, la houe constitue une arme efficace : il existe toujours des katas de kue dans les arts martiaux regroupés plus tard au Japon sous le nom de ko-budo.

Cordialement

¹ – Nombreux ouvrages : « Vide et plein : le langage pictural chinois », Éditions du Seuil, 1979 ; « L’Espace du rêve : mille ans de peinture chinoise », Phébus, 1980 ; « Quand les pierres font signe », éditions Voix d’encre, 1997 (avec Fabienne Verdier) ; « Et le souffle devient signe », Iconoclaste, 2001 ; « Cinq méditations sur la beauté », Albin Michel, 2006, etc.

Cf. aussi son « Discours sur la vertu » en séance publique de l’Académie Française.

² – Ces deux courtes phrases font hurler d’indignation une grande majorité de nos contemporains. Il suffit pourtant d’ouvrir les yeux pour constater les immenses désordres du « mégalocène », autre nom de l’anthropocène. Comme « les faits sont amicaux » (« Facts are friendly. » – Carl Rogers), l’espèce humaine n’aura aucun autre choix que de réintégrer sa juste place au sein de la nature. Cela risque d’être particulièrement difficile. La Vision du Soi selon Douglas Harding pourrait sans aucun doute constituer une aide appréciable … en montant l’évidence de la juste deuxième place du moi, du « petit », derrière et au sein du Soi, du « Grand ».

³ – En état de guerre sur quasiment tous les plans : économique, politique, culturel … la liste est longue. Et avec de nombreux conflits locaux jusqu’à présent soigneusement contenus en périphérie. Comme d’habitude, le basculement dans la guerre au sens strict du terme n’attend que l’étincelle qui mettra le feu aux poudres.

4 – René Girard nous exhorte à regarder plus soigneusement la réalité de notre monde :

« Le monde est pris dans une montée aux extrêmes dont on ne voit pas qu’elle puisse aujourd’hui être interrompue. »

« Achever Clausewitz »

« Je crois que la vérité n’est pas un vain mot, ou un simple “effet” comme on dit aujourd’hui. Je pense que tout ce qui peut nous détourner de la folie et de la mort, désormais, a partie liée avec cette vérité. »

« Des choses cachées depuis la fondation du monde ».

Là encore, la Vision du Soi selon Douglas Harding pourrait sans aucun doute constituer une aide appréciable pour sortir du mécanisme du désir mimétique et freiner la montée aux extrêmes. Mais n’en croyez pas un traître mot, vérifiez !

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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