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Le visage, 3/4 – Les nouveaux chemins de la connaissance

Nouveaux chemins … le thème du visage, suite …

Car le visage demeure quant à lui un immémorial chemin de connaissance de soi, et la méthode de la Vision du Soi selon Douglas Harding est venue récemment – enfin, début des années soixante quand même – apporter une contribution décisive à cette démarche qui, peut-être, nous définit comme êtres humains.

Une semaine de radio, soit cinq entretiens de Raphaël Enthoven avec divers invités :

  1. Claudine Haroche et Jean-Jacques Courtine
  2. Dan Arbib

Que retenir des troisième et quatrième ?

3 . Noëlle Chatelet évoque son « roman vrai » : « Le baiser d’Isabelle, l’aventure de la première greffe du visage » (Éditions du Seuil, 2007 et Collection Points, 2008 ). L’entretien donne envie de lire ce livre apparemment porteur d’une grande intensité.

R. E. : … Tout le livre tourne autour de la métamorphose de la mort en vie. … le greffon qui prend. Le visage pourtant résigné à la putréfaction d’une femme ayant mis fin à ses jours s’abandonne à la vie et rosit sur le corps d’Isabelle.

N. C. : Plus de bouche, plus de lèvres, les dents apparentes, effectivement un morceau d’os du nez, plus de menton, c’est ce que tout le monde a vu, le visage de la mort. Non seulement elle [Isabelle] était défigurée, mais elle regardait la mort quand elle se regardait. On n’imagine pas ce que peuvent représenter six mois d’une vie avec un visage qui n’en est plus un et d’une certaine manière une identité absente elle aussi.

R. E. : … Que vous inspire ce texte [« La nausée » de Sartre], à vous qui avez travaillé sur un être ayant reconquis son humanité en se donnant un visage, fût-ce le visage d’un autre, et en essayant de ne pas en faire un masque, mais de se l’approprier ?

Tout en reconnaissant bien sûr la prouesse médicale que constitue une telle opération, quelques remarques en lien avec la Vision du Soi :

  • peut-on à proprement parler de « métamorphose de la mort en vie » ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un sursis, infiniment appréciable certes pour celle qui en bénéficie ? Le visage de chair, le visage « corps et âme » selon l’anthropologie tripartite de Michel Fromaget, peut-il bénéficier d’une réelle métamorphose autrement qu’en reconnaissant sa première dimension, celle de l’Esprit ?
  • ce « visage de la mort » est certes plus évident après un accident, une défiguration, mais ne l’est-il pas tout autant sur le visage tout neuf d’un nouveau-né ? Ce dernier ne vient-il pas d’entrer dans un – plus ou moins long – couloir de la mort ?
    L’expérience du tube réalisée avec son propre visage dans un miroir permet de constater, de Voir parfaitement l’asymétrie totale entre mon « visage de mort »  là-bas à l’autre bout du tube, ma principale apparence périphérique, et mon visage d’éternité, mon visage originel, Ici au centre.
  • La question centrale n’est-elle pas : Quoi s’efforce de s’approprier Qui ? N’est-ce pas notre visage de « ténèbres », une chose somme toute assez périphérique, qui essaye d’usurper notre identité de « lumière », la non-chose centrale qu’est notre nature d’espace d’accueil inconditionnel ? Vainement, mais il importe d’en être bien conscient pour, enfin, vivre en plénitude.

Un atelier de Vision du Soi ce n’est finalement que constater que « les ténèbres ne peuvent atteindre (saisir) la Lumière » (Jean 1, 5). [καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν], rien de plus, rien de moins … Mais n’en croyez pas un mot, essayez !

4 .  Nadeije Laneyrie-Dagen, professeur d’histoire de l’art, a publié « L’invention du corps, la représentation de l’homme du Moyen-Age à nos jours », Flammarion, 1997.

Elle évoque notamment …

« … ces étonnantes vidéos de Bill Viola. L’une d’elles représente un autoportrait qui , pendant sept ou huit minutes, inspire lentement et expire. Il se réduit à ses fonctions. C’est un visage qui ne cherche pas à transmettre une âme, des émotions, mais qui se reconnaît dans l’effarante singularité de ce corps. Nous sommes une âme qui ne se sépare pas de cette machinerie charnelle qu’est le corps. »

Comme je l’ai déjà écrit à de nombreuses reprises sur ce site, au risque de lasser l’éventuel lecteur, il me semble impossible de penser sérieusement l’humain en dehors de la conception anthropologique ternaire si brillamment explorée par Michel Fromaget dans son magistral « Corps Âme Esprit ».

Est-il étrange que ce site propose déjà un lien avec Bill Viola dans un article évoquant la Visitation de Pontormo ?

Bien sur que non puisque Bill Viola s’intéresse de très près à ces questions essentielles : il a passé un an et demi au Japon ou il a pratiqué le bouddhisme zen.

« Son art explore les thèmes centraux de la conscience et de l’expérience humaines – naissance, mort, amour, émotion et une espèce de spiritualité humaniste. Tout au long de sa carrière, il a puisé sens et inspiration dans son profond intérêt pour les traditions mystiques, en particulier le bouddhisme zen, le mysticisme chrétien et le soufisme, ce qui s’avère souvent évident dans le caractère transcendantal de certaines de ses œuvres. Son esthétique a également été influencée par la question du sujet et ses représentations dans l’art  dévotionnel occidental de l’époque médiévale et de la Renaissance. » (extrait de la version anglaise de sa page wikipedia )

L’œuvre évoquée doit être « Reasons for Knocking at an Empty House », 1982. Mais ce n’est en aucune façon un « autoportrait » ! Cela reste un portrait extérieur d’une des nombreuses apparences périphériques de Bill Viola. Et il serait sans doute absolument passionnant que ce vidéaste expert réalise une vidéo de Vision du Soi, un véritable autoportrait tel celui de Ernst Mach qui a tant compté pour Douglas Harding. Frapper à la porte de la maison vide, n’est rien moins qu’une question de vie ou de mort !

Ce titre est aussi celui d’un recueil d’essais de Bill Viola sur la période 1973 – 1994.

 

Cordialement

 

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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